Les États-Unis interrompent le travail de l’ONG USAID en Russie

Depuis 2006, USAID et le département d’état ont dépensé en projets dans la Fédération de Russie 861,8 milliards de dollars. Crédit : AP

Depuis 2006, USAID et le département d’état ont dépensé en projets dans la Fédération de Russie 861,8 milliards de dollars. Crédit : AP

Mardi 18 septembre, les États-Unis ont annoncé l’arrêt des activités en Russie de leur agence d’aide au développement (USAID), le plus gros sponsor étranger d’ONG en Russie, ayant dépensé pour leur soutien plus de 100$ million chaque année. La raison de ce départ invoqué par Washington serait lié à la position du pouvoir russe face aux ONG. Cependant, comme l’a déclaré l’attaché de presse du président de la Fédération de Russie, Dmitri Peskov, aucune décision quelconque d’exclusion spéciale d’USAID n’avait été prise par le Kremlin.

Le fait que l’agence américaine de développement international (USAID) remette en cause sa présence en Russie, a été annoncé par le représentant du département d’État des États-Unis, Victoria Nuland. « Les États-Unis ont appris il y a peu du gouvernement russe la décision de mettre fin aux activités d’USAID en Russie. Nous sommes fières de ce qu’a accompli USAID en Russie pendant les deux dernières décennies, et nous continuerons à travailler avec nos partenaires et collègues pour continuer à réaliser nos programmes USAID de manière responsable et transférer les responsabilités », a-t-elle déclaré.

Selon les mots de Mme Nuland, « il semble que la décision d’arrêter le travail d’USAID en Russie a été prise par les pouvoirs russes ». Ce que réfute le Kremlin.

« Comme toutes les agences étrangères qui apportent un soutien financier aux ONG, l’USAID doit se conformer aux lois de la Fédération de Russie. Si les Américains se conforment à ces normes, nous ne pouvons prendre, bien entendu, aucune décision quant à l’arrêt des activités de l’agence sur notre territoire », a déclaré l’attaché de presse du président de la Fédération de Russie Dmitri Peskov.

Le départ précipité d’USAID représente le plus gros conflit de ces cinq dernières années entre Moscou et l’Ouest quant aux questions de démocratie et d’observation des droits de l’homme en Russie. La dernière fois qu’une organisation gouvernementale d’un tel niveau a quitté la Russie c’était en 2007, la représentation avait alors été fermée par le conseil britannique, la Russie l’accusait de ne pas avoir payé les taxes et d’avoir enfreint la législation russe.

L’activité d’USAID en Russie a subi à plusieurs reprises les critiques des députés du parti au pouvoir Russie Unie et les activistes pro-kremlin des mouvements de jeunesse. Les attaques sur l’agence se sont particulièrement renforcées après les élections d’octobre à la Douma et les meetings d’opposition qui ont suivis. Il a été établi que les subsides d’USAID étaient reçues par de nombreux défenseurs des droits de l’homme, dont l’organisation de contrôle des processus électoraux « Golos ».

Depuis 2006, selon les données du site du gouvernement américain foreignassistance.gov, USAID et le département d’état ont dépensé en projets dans la Fédération de Russie 861,8 milliards de dollars. En 2011, l’agence a injecté en Russie 127,6 millions de dollars, dont 70 millions pour le « développement de la démocratie et des droits de l’homme ». En tout, la Russie apparaît pour USAID comme l’une des orientations périphériques. Par exemple, cette année le pays sera à la 40è place quant à la distribution des moyens.

En juillet, le Douma (chambre basse) a adopté une nouvelle loi concernant les organisations non commerciales, recevant le statut d’« agent étranger » restreignant pour beaucoup l’action des organisations qui existent grâce aux subsides d’USAID. Selon la loi, les organisations non commerciales recevant des moyens financiers et immobiliers de gouvernements étrangers, d’organisations internationales et étrangères, de citoyens étrangers et de personnes sans citoyenneté » et s’occupant d’« activité politique », reçoivent le statut d’agent de l’étranger.

La loi oblige les « agents étrangers » à s’adresser au ministère de la justice avec la requête de les inscrire dans le registre des ONG, mais également de montrer leur statut sous chaque publication matérielle dans les médias et internet. Pour chaque refus de présenter cette information les ONG sont menacées d’une amende pouvant aller jusqu’à 1 million de roubles et leurs dirigeants d’une peine de trois ans de prisons. Les interlocuteurs proches du gouvernement américain indiquent qu’il existe un lien direct entre les différentes lois sur les ONG prises par le gouvernement russe et l’arrêt de l’activité d’USAID en Russie.

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