Si l’on démontre la culpabilité de Gazprom, l’entreprise devrait subir une amende s’élevant à 4,5 milliards d'euros. Sur la photo : Alexeï Miller, PDG de Gazprom. Crédit : AP
Le représentant du Parlement européen Béla Kovacs a indiqué le 10 septembre dernier que l’UE ne voulait pas procéder à des sanctions contre le groupe russe, soupçonné par Bruxelles d’entrave à la concurrence et de manipulation des prix, et préférait résoudre le conflit par le biais du dialogue.
« Le risque d’une amende existe, mais je ne pense pas qu’elle sera infligée », a-t-il précisé, en ajoutant qu’il prônait le dialogue. Le vice-président de la société russe, Alexandre Medvedev, a pour sa part fait savoir que le groupe était prêt à discuter de la controverse avec l’UE. « J’envisage de rencontrer prochainement le sous-commissaire européen à la concurrence pour discuter avec lui en personne », a déclaré M. Medvedev.
La Commission européenne a annoncé le 4 septembre avoir ouvert une enquête contre le géant gazier russe soupçonné d’avoir commis trois violations éventuelles de la législation européenne antitrust. Selon un communiqué de la Commission, Gazprom est notamment accusé d’avoir « divisé les marchés du gaz en entravant la libre circulation de gaz entre les États membres », d’avoir « empêché la diversification de l’approvisionnement en gaz » et d’avoir « imposé des prix déloyaux sur ses clients en liant le prix du gaz aux prix pétroliers ».
Un représentant de la Commission, Antoine Colombani, a cependant tenu à préciser que l’enquête ne visait pas la Russie, mais concernait exclusivement le groupe Gazprom. « Comme toute compagnie opérant sur le marché européen, Gazprom, doit respecter les règles européennes de concurrence », a-t-il annoncé lundi aux journalistes.
Ces propos du responsable européen font écho à une récente déclaration du président russe Vladimir Poutine, qui a exprimé sa déception face au lancement de l’enquête. « L’Europe unie veut préserver son influence politique et nous faire payer le prix. Ce n’est pas une approche constructive », a indiqué le chef de l’État russe.
Pour sa part, Gazprom continue de clamer son innocence. Son vice-président Alexandre Medvedev indique que le groupe était parmi les pionniers de la libéralisation du marché gazier européen « à l’époque où personne n’offrait encore des parts de marché en cadeau ». Selon le responsable, la société souffre encore du blocage de ses capacités sur le marché européen, mais respecte toujours la législation des pays dans lesquels elle est présente.
« En ce qui concerne l’accusation d’abus de la position dominante, nous n’agissons que dans le cadre de nos contrats et toutes les révisions tarifaires doivent être justifiées », a souligné le chef adjoint de la compagnie russe, en ajoutant qu’à ce jour il ne restait à s'entendre sur les prix qu’avec le tchèque RWZ, le polonais PGNiG ainsi qu’avec la Lituanie.
En outre, d’après Vladimir Markov, membre du conseil d’administration de Gazprom, la société qui n’occupe qu’un tiers du marché gazier européen ne peut être considérée comme un monopole.
« Cependant, tout changement de formule tarifaire éventuellement imposé au géant russe par l’UE, pourrait en effet augmenter la compétitivité du gaz russe sur le marché européen et garantir la croissance des exportations à long terme », estime le président de la société de conseil East European Gas Analysis, Mikhaïl Kortchemkine dans son blog. Selon l’expert, il est peu probable que la Commission européenne condamne le groupe russe à une amende. Gazprom sera plutôt forcé de créer un climat propice à la libre concurrence, en autorisant par exemple les opérations de swap ou l’inversion virtuelle des flux de gaz, ce qui pourrait même être bénéfique pour Gazprom. La société cherchant à établir un équilibre entre les recettes intérieures et extérieures, les prix du gaz pour les consommateurs russes baisseront aussi.
Dmiri Alexandrov, directeur de la recherche de la société d’investissement Univers Capital, estime pour sa part que l’enquête lancée par la Commission européenne vise à forcer Gazprom à faire des concessions dans les négociations sur la formule tarifaire. Cependant, l’expert n’exclut pas que le géant russe se voie infliger une amende, l’Union européenne ayant auparavant réussi à sanctionner d’autres compagnies.
Article basé sur
les informations fournies par RIA Novosti, l’agence Prime et RBK Daily.
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