Un président ordinaire mais responsable des problèmes du pays

Image par Alexeï Iorch

Image par Alexeï Iorch

Ces derniers temps, on entend de plus en plus souvent dire que la cote de popularité du président russe Vladimir Poutine est en baisse. C’est vrai, en août dernier elle a chuté de 4 points par rapport au mois de juillet. Toutefois, il faut noter qu’elle n’a régressé que d’un seul point en comparaison avec juin 2012. 63% des personnes interrogées se sont montrées favorables à l’activité de M.Poutine, et en douze ans de sa gouvernance, ce résultat a été observé à plusieurs reprises. Il serait pertinent de préciser que cet indice appelé « cote de popularité de Vladimir Poutine », ne reflète pas la réputation du dirigeant russe, mais plutôt l’état de la société à un moment donné.

Bouleversée dans les années 1990 par une variété politique, la société russe avait besoin d’une figure unificatrice, et c’est Vladimir Poutine qui, dès l’année 2000 et jusqu’à nos jours remplit cette fonction. C’est pour cette raison que sa cote de popularité n’a jamais ressemblé à celle de la plupart des dirigeants du monde entier et c’est ce facteur qui procure sa stabilité inédite. D’habitude cet indice reflète les succès et les échecs de la politique menée par les dirigeants, ce qui n’est pas le cas de Vladimir Poutine, dont la cote de popularité est dite « en téflon ».

Si l’on laisse de côté tous les éléments mystiques contenus dans les propos des personnalités publiques selon lesquels Poutine serait pour la Russie un cadeau du ciel, le sens de ces affirmations se résume en l’idée que pour la plupart des Russes, la fonction remplie par cette figure politique dépasse le cadre de l’activité des simples mortels. La vocation d’un tel leader est d’apporter la gloire à son pays et non de s’occuper de la politique et de l’économie comme tout autre dirigeant.

Viennent confirmer cette idée les deux questions que nous avons posées au public depuis l’année 2001: « qui serait le principal auteur des succès connus par la Russie ? » et « qui serait responsable des problèmes du pays ? », chacune suivie de cinq réponses possibles. En répondant à la première question, une majorité écrasante des Russes a toujours opté pour Vladimir Poutine. Quant à la seconde question, le public préférait donner tort au « gouvernement » ou à Dmitri Medvedev (quand il était encore président), mais jamais à M. Poutine.

Comme nous l’avons dit, d’après la cote de popularité, l’attitude vis-à-vis de Poutine n’a pas changé. C’est la même impression que l’on ressent en étudiant les réponses à la première des deux questions citées. Presque 60% de la population russe considère que M. Poutine est le principal responsable des « réussites de la Russie dans les domaines de la politique internationale, de l’économie et de l’augmentation du bien-être du peuple ». Au fil des ans, nous avons enregistré ce résultat à plusieurs reprises, mais, selon nos experts, c’était la première fois qu’une majorité de 51% des Russes ont estimé que Poutine était responsable « des problèmes existant dans le pays et de la hausse du cout de la vie ».

Lors des sondages précédents, ce taux ne dépassait pas 31%, et l’année dernière, il se chiffrait à 29%, tandis que 40% des personnes interrogées accusaient le gouvernement (mais non pas son chef), et encore 41% considéraient M. Medvedev, président de l’époque, comme le responsable. En août 2012, le nombre des Russes rejetant la responsabilité des difficultés sur le premier ministre était trois fois inférieur à celui des personnes donnant tort au président. Cette évolution pourrait signifier queles temps ont changé et qu’aujourd’hui près de la moitié des Russes perçoivent Vladimir Poutine comme un président ordinaire qui mérite leur gratitude pour ses succès, mais qui doit également assumer la responsabilité des problèmes non résolus du pays.

Alexeï Levinson, sociologue, chef du département de recherche socioculturelle du centre d'étude de l'opinion publique du centre Levada.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies