La création du véhicule spatial habité Orion. Crédit photo : Nasa photo
Dans un rapport de la Corporation russe pour la création de véhicules spatiaux et de fusées, RKK Energia, publié à la fin de la semaine dernière, on peut lire que « de nombreux travaux ont été effectués en 2011 pour déterminer les possibilités d'une participation de RKK Energia à la création des véhicules spatiaux habités américains, CST 100 et Orion ».
Le président de RKK Energia, Vitali Lopota, a affirmé le souhait de l'entreprise de prendre part aux projets américains de construction de vaisseaux spatiaux.
« Nous sommes en pourparlers, Boeing et Lockheed se sont adressés à nous afin que nos travaux et les leurs disposent des mêmes interfaces. En principe, ils sont disposés à envisager différentes possibilités, notamment nous attribuer certains composants, que nous pourrions produire », explique-t-il.
Les discussions n'ont pour l'instant abouti à aucun accord concret, selon M. Lopota. La constitution de nœuds d'arrimage et le calorifugeage des capsules de lancement pourraient être des exemples de collaboration, a-t-il poursuivi.
C'est la compagnie Boeing qui construit le véhicule spatial CST 100, de sept places, pour des vols de courte durée dans l'orbite terrestre basse, vers la Station spatiale internationale et vers Bigelow Aerospace, le complexe touristique en orbite actuellement en projet. Boeing prévoit son premier départ en 2015.
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La tâche s'annonce plus ardue concernant le vaisseau Orion, qui devra effectuer des missions plus longues et plus complexes, comme des vols vers la Lune, des astéroïdes ou, dans le futur, vers Mars. Lockheed Martin fait part périodiquement de difficultés de financement (le budget global du projet est de 6,4 mlrd d'euros), si bien que la date de lancement d'Orion n'a pas encore été déterminée. On parle aujourd'hui d'un vol d'essai dans l'espace en 2018.
Lockheed Martin et Boeing n'ont pas fait de commentaires sur une éventuelle coopération avec RKK Energia.
Les experts russes constatent que la Russie dispose de technologies susceptibles d'intéresser les créateurs américains de vaisseaux spatiaux. « Nos nœuds d'arrimage sont très compétitifs », estime le directeur du développement du cluster des télécommunications et de l'espace de la fondation Skolkovo, Dmitri Payson.
« Mais il y a une nuance technique. L'idéologie est différente dans l'arrimage au segment russe de la Station spatiale internationale et dans celui au segment américain. Dans le segment russe, les appareils s'arriment seuls : le nœud d'arrimage du segment russe est disposé sur l'appareil qui approche indépendamment, à l'aide de moteurs de faible tirage, il se connecte et se fixe. Sur le segment américain, ces nœuds d'arrimage n'existent pas, toute leur technologie repose sur le fait que l'appareil approche de la station, et est saisi par des bras-manipulateurs sur le côté et délicatement arrimé. C'est pourquoi, si Boeing, par exemple, décide de créer des nœuds d'arrimage sur son vaisseau selon le modèle russe, basé sur une manipulation active du vaisseau lui-même, il serait logique d'avoir recours à l'expérience russe ».
M. Payson note que les Américains n'ont pas utilisé le calorifugeage sur les capsules coniques à usage unique dernièrement, et là encore, les Russes pourraient apporter leur expertise.
« De ce point de vue, cela semble logique. Mais il n'est pas évident que les Américains en décideront ainsi, ils n’ont pas seulement pour mission de construire le vaisseau, mais ils doivent également développer des compétences sur ces questions », note l'expert.
Trouvez version complète de l'article en russe sur le site Izvestia.
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