Iran : le tonnerre gronde

Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak (à gauche) et le Premier ministre Benyamin Netanyahou. Crédit photo : Reuters/Vostock-Photo

Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak (à gauche) et le Premier ministre Benyamin Netanyahou. Crédit photo : Reuters/Vostock-Photo

La guerre contre l'Iran est inévitable, et il est très probable qu'elle commence entre janvier et juin 2013, entre les élections présidentielles aux États-Unis et en Iran, assure le directeur de l'Institut du Moyen-Orient Evgueni Satanovski. Le début du conflit armé fournira d'importantes opportunités à la Russie, y compris celle de gagner de l'argent sur une hausse inévitable des prix du pétrole

La semaine dernière, plusieurs membres du gouvernement israélien ont émis des déclarations d'une dureté sans précédent contre l'Iran, et les ministères de force ont réitéré leur disposition à se lancer dans une guerre, décrivant pour la première fois l'évolution possible des combats.

Selon le quotidien russe Kommersant, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décrété le dossier iranien prioritaire et a réalisé un rapport sur le travail réalisé au cours du mois dernier sur « l'organisation de la défense de la patrie ». Le ministre de la Sécurité intérieure Yitzhak Aaronovitch a fait état de l'entière préparation de la police et des services anti-incendie. L'ancien ministre de la Défense civile, Matan Vilnai, a prédit que la guerre se limiterait à un conflit de 30 jours sur plusieurs fronts (Iran, Gaza et Sud Liban). Il a assuré ses compatriotes que les systèmes de défense antimissile Iron Dome et Arrow les protègeraient de façon fiable. 

« La probabilité d'une guerre avec l'Iran est aujourd'hui de 100 %. Dans quelle mesure cette guerre sera irano-israélienne, c'est difficile à dire, parce que les principaux ennemis géopolitiques de l'Iran sont les monarchies arabes (Bahreïn, Koweït, Qatar, Émirats arabes unis, Oman et Arabie saoudite, ndlr) », a déclaré M. Satanovski à La Russie d'Aujourd'hui. Selon lui, le tonnerre résonne, annonçant que l'orage est sur le point d'éclater. « Le tonnerre gronde », a assuré l'expert.

M. Satanovski n'a pas exclu plusieurs scénarios de conflit militaire. « La guerre pourrait commencer en septembre-octobre, comme beaucoup le disent, avec une frappe israélienne contre le complexe nucléaire de l'Iran, ou avec une tentative de frappe préventive de l'Iran contre Israël, avec les possibilités de Téhéran, ou de janvier à juillet, entre l'élection présidentielle aux États-Unis et en Iran. Difficile à dire pour le moment », a indiqué M. Satanovski.

Les élections présidentielles américaines auront lieu en novembre 2012, mais l'investiture du président nouvellement élu et la formation de son administration n'aura lieu qu'en janvier 2013. La présidentielle iranienne est prévue pour juin 2013. Interrogé sur le délai qu'il juge le plus probable pour le début des hostilités, M. Satanovski a déclaré : « Je donnerais 15 % pour une guerre à l'automne, 70 % pour la période entre les élections présidentielles, et un maximum de 5 % pour que rien ne se produise. C'est également possible. Les 10% restant pour d'autres périodes temporelles ».

« Sans guerre, la question de savoir qui est le chef dans le monde islamique, en général, et dans les eaux du golfe Persique, en particulier, ne peut être résolue. La situation qui se développe dans le monde arabe et au-delà, compte tenu des intérêts de l'Iran au Pakistan, en Afghanistan, en Afrique du Nord et dans sa périphérie lointaine, conduisent à une guerre inévitable. La composante idéologique de la révolution islamique (en Iran), qui est l'épine dorsale de l'idéologie iranienne et repose sur le fait que tout le mal du monde est causé par Israël, que si Israël n'existait pas ce serait très bien et que cet État doit être rayé de la surface de la terre, a conduit l'Iran dans un piège. Comme tout État, Israël ne veut pas être détruit », a poursuivi M. Satanovski.

En outre, l'expert a attiré l'attention sur les tirs permanents de roquettes et les provocations de terroristes, soutenus par l'Iran, et le fait que les deux dernières guerres israéliennes étaient précisément des guerres contre l'Iran. « Tout cela, affirme-t-il, force les Israéliens à supposer que quand l'Iran détiendra des armes de destruction massive —  et si on ne freine pas le programme nucléaire iranien, Téhéran pourrait fort bien en détenir au printemps prochain — elles seront sans aucun doute utilisées contre Israël ».

« C'est un pays agressif de vrais croyants, leurs dirigeants seront heureux d'utiliser n'importe quelle arme qu'ils auraient entre les mains », assure M. Satanovski.

La question de la probabilité avec laquelle Israël frappera l'Iran en « cavalier seul » est qualifiée par l'expert d' « assez élevée ». « Il est inévitable que les États-Unis seront impliqués dans cette guerre », estime cependant Satanovski.

« Les Israéliens ont une certaine expérience génétique juive. De plus, côté israélien, il y a l'expérience de la Seconde Guerre mondiale. Ils savent parfaitement que la soi-disant communauté internationale, l'ONU et autres, abandonnera qui que ce soit. Possédant cette connaissance et cette expérience, ils vont s'orienter uniquement sur leur propre sécurité et rien d'autre. En fait, c'est pour ce type de cas de figure que le programme nucléaire israélien a été développé. En conséquence, le jour J est presque arrivé », augure l'expert.

Dans une situation de conflit armé, la Russie va jouer le rôle d'observateur et de conseiller, « parce que ce conflit ne nous concerne pas directement », a déclaré M. Satanovski. « La seule chose que la Russie doit faire est de se préparer à filtrer les réfugiés iraniens qui, soit directement à travers la région d'Astrakhan et du Daghestan, soit à travers l'Azerbaïdjan et l'Arménie, par avion ou en voiture, se rendront sur le territoire russe. Il faudra les filtrer pour déterminer le nombre de personnes qui peuvent nous créer des problèmes », a-t-il indiqué.

Selon Satanovski, « si certains dans le Corps des gardiens de la révolution islamique ont l'idée de transformer le Caucase du Nord en Sud-Liban, l'Iran peut le faire en deux ou trois mois. C'est ce à quoi ont, à plusieurs reprises, fait allusion nos « amis » et « alliés» iraniens.

« En outre, cela sera profitable à la Russie, parce que le prix du pétrole va inévitablement monter en flèche. On souhaite espérer que le Qatar aura de gros problèmes de transport vers les marchés mondiaux de ses cargos de GNL, domaine dans lequel ce pays nous a déjà volé un quart du marché européen et se prépare à mordre encore plus », a ajouté Satanovski.

L'expert a ajouté qu'un conflit militaire « ralentirait la participation de l'Iran dans le gazoduc Nabucco contournant le territoire russe », ce qui est également bénéfique pour la Russie, qui promeut le gazoduc alternatif South Stream.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies