L'État russe se fait une place sur le marché du divertissement

Moscovites sont particulièrement sensibles à la musique classique, au théâtre et à la danse, qui représentent un quart de leur budget consacré aux divertissements. Crédit photo : RIANovosti / Alexandre Makarov

Moscovites sont particulièrement sensibles à la musique classique, au théâtre et à la danse, qui représentent un quart de leur budget consacré aux divertissements. Crédit photo : RIANovosti / Alexandre Makarov

Les Russes consacrent en moyenne près de 300 euros par an aux activités culturelles et de divertissement. C'est huit fois moins qu'un Américain. Mais les analystes en sont persuadés : le marché russe du divertissement a de beaux jours devant lui. Reste à savoir quel secteur sera le véritable vecteur de croissance. Des études montrent, par exemple, que les Moscovites sont particulièrement sensibles à la musique classique, au théâtre et à la danse, qui représentent un quart de leur budget consacré aux divertissements. Dans ce contexte, l'État cherche lui aussi à s'implanter sur ce marché.

Plus de 3 500 salles, quelque 2 700 artistes et 530 millions d'euros issus de la vente de billets, rapporte le bilan réalisé par la société Intermédia sur le monde de la scène en Russie. Selon Intermédia, les Russes consacrent en moyenne près de 300 euros par mois à la culture et au divertissement. Multiplié par le nombre d'habitants en Russie (141,9 millions), le montant s'élève à 42,5 milliards d'euros. Une part de gâteau appétissante, autour de laquelle gravitent les personnalités du monde de la culture.

La majorité des Russes vont au cinéma. Mais le chiffre d'affaires réalisé sur la vente des billets de concerts est tout aussi impressionnant : plus de 500 millions d'euros contre un peu plus de 800 millions d'euros pour le grand écran. Bien sûr, le plus gros du chiffre d'affaires provient des ventes de places de concerts qui ont lieu à Moscou et à Saint-Pétersbourg, étant donné le grand nombre d'événements qui s’y tiennent. La capitale enregistre entre 30 et 35% des ventes totales, et Saint-Pétersbourg, 15%.

Savoir-vivre et divertissement

La classification par genre vient remplacer les stéréotypes. Moscou, par exemple, est connue pour vivre sous l'influence de la musique pop et de la chanson. Mais il ne s'agit là que d'un mythe : entre 2009 et 2011, les concerts de musique classique et le théâtre ont représenté près d'un quart des événements culturels de la capitale. L'idée selon laquelle il faut se rendre au moins une fois dans l'année au théâtre pour entretenir l’image d’une personne cultivée est encore très présente chez l’ancienne génération. Cela permet même de remplir les salles de théâtre médiocres. Pourtant, les experts observent ces derniers temps une tendance qui vise à détruire ce système contraignant forgé durant l'URSS et qui vise à encadrer la musique classique. Ainsile pays compte aujourd’hui 129 orchestres symphoniques professionnels, soit presque deux fois plus qu'aux États-Unis. Mais la majorité d'entre eux ne sont pas des musiciens achevés et ne sont pas toujours à la hauteur de n'importe quel répertoire.

Le ministère de la Culture s'est vite rendu compte, sous le précédent gouvernement, qu'à ce rythme effréné, il pourrait perdre ce qu'il reste d'héritage culturel national. Il a donc commandé plusieurs études sur l'état du marché dans le secteur orchestral. Dans l'une d'entre elles figure à plusieurs reprises l'idée d'une « réforme de l'industrie du concert », sans pour autant préciser les détails de cette « réforme ». 

Un milieu à part

Au total, la Russie compte 2 700 artistes et collectifs, un chiffre plutôt modeste au regard des 300 millions de russophones. Selon Intermédia, les artistes étrangers comblent cependant ce vide. Depuis ces dix dernières années, leurs représentations en Russie grimpent lentement, mais sûrement. Aujourd'hui, les artistes étrangers représentent près de 10% du marché. 

En dehors des artistes eux-mêmes, les principaux acteurs de ce marché sont les organisateurs et les billetteries. Les organisateurs sont sous-représentés en Russie : à peine un peu plus de 1 500 personnes, car la profession ne dispose pas vraiment de statut officiel. N'importe qui peut, en Russie, organiser un concert. Ce système rencontre dès lors de nombreux obstacles. En effet, les billetteries fonctionnent selon un modèle similaire aux supermarchés : il s’agit d’offrir une gamme de produits variée avec un minimum de commissions. Les petits et moyens business adoptent un comportement spéculatif, ne traitant qu'avec les organisateurs de gros événements pour offrir au final des services uniques à leurs clients. D'autant que leur marge peut atteindre 500%. 

Les lieux de la capitale

Les spécialistes du secteur signalent également le manque de qualité et de salles capables d’accueillir un grand nombre de spectateurs. La venue de grands talents étrangers en Russie a contribué à mettre en évidence ce problème. Même dans la capitale russe, les lieux de concerts géants se comptent sur les doigts de la main. Déplacée vers la périphérie de Moscou, la légendaire salle de concert Russie a ainsi perdu tout son attrait et son titre de scène principale de la capitale.

L'illustre Palais des Glaces, dont le coût atteint presque 70 milliards d'euros, pourrait prendre la relève, mais l'acoustique y est bien trop mauvaise. Quant à la salle Olympique de Moscou, reflet du modernisme dans les années 80, elle est aujourd'hui démodée. Reste le Crocus City Hall, certes moderne, mais bien trop éloigné du centre-ville pour être populaire.  Le marché russe du divertissement a certes de l’avenir, mais il lui reste un long chemin semé d’embûches à parcourir. 

Trouvez le texte original sur le site RBC Daily.

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