Dominique Fernandez : « La Russie : un mélange de fascination, d'émerveillement et d'horreur »

Pour l'écrivain Dominique Fernandez (ici à Minoussinsk), le souvenir le plus fort de l'expédition reste le Mémorial du goulag. Source : Service de presse

Pour l'écrivain Dominique Fernandez (ici à Minoussinsk), le souvenir le plus fort de l'expédition reste le Mémorial du goulag. Source : Service de presse

Embarqué pour une croisière sur le fleuve Ienisseï avec dix autres écrivains, le prix Goncourt Dominique Fernandez nous confie ses impressions de la Sibérie du nord au retour de son voyage.

 « Découvrir la Russie sans déguisement », c'est ce qu'avaient dans l'idée les organisateurs russes en conviant le mois dernier une douzaine d'écrivains français à une expédition au long du fleuve Ienisseï au cœur de la Sibérie la plus méconnue. Le but n'étant pas de présenter aux voyageurs une Russie de carte postale, bien au contraire. Onze jours durant, Danielle Sallenave, Dominique Fernandez, Olivier Bleys ou encore Elisabeth Barillé se sont ainsi aventurés dans des villes telles que Norilsk, au nord du cercle polaire arctique, une ville-usine quasi interdite aux étrangers. Embarqués sur un ferry ordinaire, les écrivains ont fait étape dans différentes localités pour des rencontres littéraires avec l'intelligentsia locale.

Dominique Fernandez avait déjà embarqué à bord du transsibérien quelques années plus tôt. Rien à voir avec ce voyage-ci, dit-il. Et sa conception de la Russie en reste profondément modifiée. « La grande différence pour moi avec le transsibérien, confie-t-il, c'est que lors de mon premier voyage, nous n'avons vu que la frontière de la Sibérie, la frontière sud. Tandis que là, j'ai l'impression que nous avons pénétré à l'intérieur de la Sibérie, en remontant vers le nord. Et puis sur un bateau, on est beaucoup plus libre, dans le train on est serré et on ne descend que dans les grandes villes alors que là, on était tout le temps proches du paysage et de ces magnifiques fleuves que nous avons vus », raconte le Goncourt.

 

« Je n'oublierai jamais… »

Comme pour les autres écrivains, le souvenir le plus marquant de Dominique Fernandez reste la ville de Norilsk, « un des endroits les plus extraordinaires » qu'il ait vu de sa vie. Et qui « résume toute la Russie », estime-t-il. Car « il y a là la beauté extérieure, le faste de la conception de la ville et puis la misère de l'autre côté : il suffisait de se détourner de la façade pour découvrir une ville en ruines. Et puis la cité minière qui rappelait l'Angleterre du 19e siècle. Et enfin, la chose la plus forte pour nous tous je crois, le Mémorial du goulag au pied de ce qu'ils appellent le Golgotha. Quand on pense à cette tragédie et ce qu'a été la vie de ces gens qui ont construit cette ville dans des conditions effroyables, c'est quelque chose d'absolument bouleversant que je n'oublierai jamais… »

La Russie ? résume depuis ce jour Dominique Fernandez : c'est « un mélange de fascination, d'émerveillement et d'horreur. » Un voyage au bout de la Russie qui doit donner lieu à la publication de nouveaux livres.

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