La bataille de Loubino ressuscitée

Crédit photo : Olga Lissinova / RG

Crédit photo : Olga Lissinova / RG

Dans la région de Smolensk, le champ de bataille de Loubino a accueilli samedi le principal événement de l'été : une reconstitution militaire et historique de grande envergure de la bataille du 7 août 1812, que les historiens russes appellent la bataille de Loubino, et les Français la bataille du Mont Valoutino.

Les célébrations du 200e anniversaire de la victoire de l'armée russe lors de la guerre Patriotique ont commencé dans la région en mars, mais la reconstitution devait constituer le point culminant de l'Année de l'histoire russe. Et il en a bien été ainsi.

Difficile de dire si la reconstitution de Smolensk est parvenue à battre les records d'événements similaires tenus à Borodino (les organisateurs le souhaitaient ardemment), mais la région n'avait jamais rien vu de tel ! Et tout ne se résume pas au fait que pour la reconstruction de l'une des plus importantes batailles de la Guerre patriotique, la région de Smolensk ait rassemblé plus de 1.000 personnes de toute la Russie et de l'étranger (on ne comptait pas moins de 150 Polonais !) passionnés par l'histoire de la guerre de 1812 et s'efforçant de recréer avec soin les détails de cette époque. Il faut noter que la « bataille » a attiré un nombre sans précédent de spectateurs, adultes et enfants ! Les gens n'ont pas été effrayés par la pluie : la route menant au lieu de la fête était surchargée, et les autobus censés acheminer le public de Smolensk n'ont pas été en mesure d'accueillir toutes les personnes désireuses d'y participer.

Le principal protagoniste de la fête était le président du mouvement russe historico-militaire et initiateur de la reconstitution en Russie, Oleg Sokolov. Comme à son habitude, il incarnait à Loubino le maréchal Ney. Selon lui, la reconstitution de samedi surpasse bien sûr tous les événements similaires réalisés dans la région jusqu'à présent, mais le niveau actuel, malheureusement, peut être amélioré, et la fête aurait pu être encore plus impressionnante.

« Il me semble que le 200e anniversaire de la guerre Patriotique est assez mitigé », a-t-il indiqué. Nous avons proposé un certain nombre d'événements majeurs, par exemple d'accorder de l'attention à plusieurs temps forts de la guerre sur le territoire biélorusse. Et la reconstitution de Loubino aurait pu avoir lieu à une échelle beaucoup plus importante, c'était tout à fait faisable. Certes, pour tout cela il faut plus d'argent, il faut des organisateurs expérimentés, bien informés dans ce domaine. Et il aurait fallu commencer ce travail avant. Notez que nous avons en fait appris hier qui allait organiser la reconstitution sur le champ de Borodino (bataille de la Moskova, ndlr). Et il reste moins d'un mois !

Le spectacle s'est avéré au-delà de tout éloge. Bien sûr, en une heure et demie, on n'a montré au public qu'une petite partie des escarmouches qui ont eu lieu il y a deux siècles, mais les mousquets et les canons tonnaient de façon assourdissante, et au-dessus du champ de bataille on pouvait voir une véritable fumée de pistolets. La cavalerie a attaqué les redoutes fortifiées et engagé des manœuvres rusées sur le flanc. L'infanterie, alignée en carré et hérissée de baïonnettes, a tenu jusqu'à la mort. De violents combats éclataient régulièrement. Le général Gudin a été mortellement blessé et des miliciens russes chargeaient avec leurs lances et leurs fourches. Les Français ont capturé le général Toutchkov, les cantiniers prenaient soin des blessés ...

La bataille ne s'est pas tout à fait terminée comme il y a 200 ans. Peu après la confrontation, les participants de la reconstitution, le clergé, les chefs des organes du pouvoir d'État (étaient présents le chef de la Commission électorale centrale Vladimir Tchourov, le gouverneur Alexeï Ostrovski, et d'autres officiels) et des représentants de l'Ambassade de France se sont rassemblés autour d'une tombe fraîchement creusée et ont rendu hommage aux 28 soldats russes, français et portugais dont les restes ont récemment été retrouvés sur le champ de bataille. Après la lecture de prières catholiques et orthodoxes, les restes des soldats non identifiés de la Guerre patriotique ont été inhumés solennellement dans plusieurs cercueils. Pour marquer cet événement unique, une plaque commémorative a été inaugurée sur le champ de Loubino.

« Dans chaque histoire, les gens, pour diverses raisons, concentrent leur attention sur certains aspects, en oubliant d'autres événements parfois très importants », a déclaré Oleg Sokolov. Dans l'histoire russe, presque toute la guerre de 1812 est réduite à la bataille de Borodino. Comme si les Français y étaient tombés du ciel ... Il y a eu la bataille de Borodino, l'incendie de Moscou, et on dirait que tout se réduit à ca ! En réalité, la guerre est une longue chaîne d'événements, et la bataille de Smolensk y a joué un rôle énorme.

Article original sur le site de Rossiyskaya Gazeta.

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