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La devise olympique « plus vite, plus haut, plus fort » s'applique aux athlètes, mais en aucun cas aux États qui forment les sportifs. Pour eux, il existe une devise beaucoup plus fiable : « taille, richesse, et communisme ». Les économistes Andrew Bernard et Daniel Johnson ont décidé de chercher à savoir pourquoi certains pays réussissaient dans les compétitions sportives internationales, et d'autres pas. Au final, la réussite globale au classement des Jeux olympiques dépend de multiples facteurs politiques et économiques. Les conclusions des scientifiques sont dignes de confiance : les deux hommes ont cherché une réponse à la même question de façon indépendante, et sont arrivés à peu près aux mêmes conclusions.
Les facteurs clés de la réussite sportive des États sont leur taille et leur richesse. Grosso modo, le pays doit comporter le plus grand nombre possible d'habitants (pour optimiser ses chances d'avoir des athlètes de renom) et posséder autant d'argent que possible (pour financer l'infrastructure sportive, les salaires des entraîneurs, des athlètes, le matériel, etc). Dans le domaine du sport, ce sont les pays ayant la plus grande population et le PIB le plus élevé qui dominent. Ceci permet facilement d'expliquer pourquoi les États-Unis sont leaders mondiaux depuis des décennies.
Si le pays n'est ni très grand ni très riche, il peut tout de même garder l’espoir d'améliorer ses performances sportives. À cette fin, on peut par exemple remplacer ses dirigeants par un gouvernement communiste, ou choisir une autre forme de gouvernement autoritaire. Il est prouvé que si le pays vit sous une dictature, ses athlètes affichent des performances bien meilleures lors des événements sportifs. Le fait est que les gouvernements qui jouissent d'un pouvoir illimité sont en mesure de réaffecter rapidement et facilement les ressources dans la direction qui leur semble bonne. Par exemple, un dictateur peut, sans aucun problème pour son avenir politique, commencer à distribuer des appartements aux athlètes de talent, qui seront donc plus motivés. Il peut mettre l'accent sur un sport en particulier et le développer au détriment des autres disciplines. Un exemple typique est la Biélorussie, qui mise uniquement sur le hockey et le tennis.
Qu'on le veuille ou non, tous les régimes dictatoriaux ont obtenu des succès significativement plus élevés que leurs rivaux démocratiques de taille comparable lors de compétitions sportives. Ainsi, les sportifs chinois occupent inlassablement la deuxième place pour le nombre de médailles lors des compétitions. Tout le monde se souvient des sommets atteints dans le domaine sportif par les athlètes de l'Union soviétique. Et voici un exemple moins évident : Cuba. Ce pays a obtenu deux fois plus de récompenses sportives que... le Brésil ! La population de Cuba est pourtant plusieurs fois inférieure à celle du Brésil, et les capacités financières des deux pays sont tout simplement incomparables.
Une autre bonne façon d'améliorer le résultat d'un pays lors des compétitions est de lui accorder le droit d'accueillir le tournoi. En règle générale, le pays hôte d'un championnat sportif y affiche des résultats nettement meilleurs que lorsque le tournoi se déroule à l’étranger.
Bernard et Johnson n'ont pas hésité à faire des prévisions pour les prochains Jeux olympiques de Londres. La première place, selon Johnson, reviendra aux États-Unis avec 99 médailles. En seconde position viendra la Russie (82 médailles), et en troisième la Chine (67 médailles). En quatrième place figurera le Royaume-Uni, avec 45 médailles. Bernard estime que les États-Unis seront plus brillants et gagneront 103 récompenses. Mais, selon lui, c'est la Chine qui arrivera deuxième avec 94 médailles. La Russie sera troisième avec 67 médailles.
Il convient de noter qu'en général, les dictatures sont meilleures que leurs homologues démocratiques dans l'organisation de tournois sportifs internationaux de premier plan. Illustration de ce phénomène : une grève massive des transports aura lieu à la veille des Jeux olympiques de Londres. La grève impliquera les travailleurs des aéroports, les préposés au contrôle des passeports, et les conducteurs de métro. Difficile d'imaginer une situation semblable en Chine, en Arabie saoudite ou au Qatar.
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