Les volontaires sous contrat

L’opposition voit dans ce projet de loi une motivation foncièrement politique. Crédit photo : RIA Novosti / Valery Melnikov

L’opposition voit dans ce projet de loi une motivation foncièrement politique. Crédit photo : RIA Novosti / Valery Melnikov

La Chambre publique russe veut que le travail des volontaires soit régi par un contrat.

La Chambre publique russe veut que le travail des volontaires soit régi par un contrat afin, soi disant, de conforter le cadre juridique du volontariat et simplifier la comptabilité. Pourtant, selon Grigori Kouksine, responsable du département de lutte contre les incendies de Greenpeace Russie, les représentants des ONG sont loin d’être enchantés de cette initiative.

« Notre expérience en matière de mesures légales visant à améliorer les conditions du volontariat, comme par exemple la loi sur les pompiers volontaires, est très négative. Et la crainte subsiste que cette loi ne fasse qu’accentuer les difficultés bureaucratiques », explique Kouksine.

Daria Miloslavskaïa, présidente du Conseil de Russie pour le développement de la société civile et les droits de l'homme (organisme qui a mis au point le projet de loi) et membre de la Chambre publique explique au quotidien Kommersant que le texte du projet de loi était dejà prêt en avril 2012, dicté par la nécessité d’« optimiser les dépenses des volontaires ». Selon elle, certaines associations à but non lucratif sont prêtes à organiser et payer le déplacement des bénévoles, toutefois « ce n’est pas normal quand une personne  se déplace pour aider les autres, que le montant du billet soit considéré comme un revenu sur lequel il doit payer 13% d’impôt. »

Miloslavskaïa a ajouté que la notion de responsabilité est  de toute manière indispensable, car pour le moment « personne n’est responsable des actions du volontaire, ni l’organisation, ni le volontaire lui-même ». « Si on met en place des centres agréés de volontariat, ils seront responsables de l’activité de leurs volontaires. Bien sûr, ils ne seront soumis à aucune sanction, mais un cadre juridique doit exister pour ces organismes», a-t-elle déclaré.

Russie unie soutient cette initiative. Le vice porte-parole de la Douma, représentant de Russie unie Sergueï Jelezniak précise : « Nous invitons toutes les organisations de volontaires à se réunir et à travailler en commun sur les propositions. Bien sûr, la plupart ont une activité spécifique qui doit être définie dans le texte. L’assemblée ne se tiendra qu’en septembre et toutes les propositions seront examinées et prises en compte », assure Segueï Jelezniak.

Toutefois, l’opposition voit dans ce projet de loi une motivation foncièrement politique. Ilia Ponomarev, député et représentant du parti Russie juste, considère que les autorités se sont mises en campagne contre les volontaires après les inondations de Kouban.

« Les autoritées se sont activées et c’est évidemment lié à la catastrophe de Krymsk. Les autorités se sentent observées de près par la société civile et celà ne leur plaît pas. C’est la meilleure répartie possible, comme avec la loi sur les ONG ou sur les manifestations », considère Ponomarev.

Les représentants des associations humanitaires interrogés par Kommersant se disent contre ce projet de loi. « Dans le texte, on peut lire que les volontaires sont des personnes physiques agissant pour le compte de personnes morales. C’est-à-dire qu’ils sont considérés comme des « éléments ajoutés » de ces centres agréés de volontariat, chargés d’envoyer on ne sait qui en mission on ne sait où. C’est une conception totalement fausse de la notion de volontariat», s’indigne Evguéni Grekov, fondateur de l’organisation civile non agréée « Volontaires à roues ». Pour lui, cette conception témoigne d’une volonté « d’asservir tout le monde » et « de réduire la possibilité d’interaction directe entre les citoyens».

« Ce projet de loi, c’est vraiment n’importe quoi. Il n’y a rien de pire pour le volontariat. Ils n’ont qu’à améliorer le travail de leurs services d’abord, du ministère des Situations d’urgence ou leurs systèmes d’alarme et de sécurité, avant de s’en prendre à l’organisation autogérée des citoyens. La bureaucratie c’est bon pour les bureaucrates, ceux qui veulent aider s’en passent très bien. », a déclaré le photographe Mitia Alechkovski, coordinateur d’une grande partie des projets humanitaires. « Dans le projet de loi, il est question d’un contrat entre l’organisation et le volontaire. Ce n’est tout simplement pas possible : certains viennent pour une journée seulement, d’autres n’ont pas de passeport. C’est à nous que font confiance les gens, pas au gouvernement. C’est nous qu’appellent les entreprises et les sponsors pour proposer leur aide, pas le gouvernement. Il suffit que le gouvernement intervienne pour que n’importe quelle bonne initiative se noie dans les méandres bureaucratiques et les magouilles», dénonce Alechkovski.

Vous pouvez aidez les victime des inondations de Kouban.

Bénéficiaire: ALL RUSSIAN PUBLIC ORGANIZATION

“RUSSIAN RED CROSS”

Banque du bénéficiaire : SBERBANK/OPERATION DEPARTMENT/MOSCOW

Compte courant  40703840100020008563 USD

Compte courant  40703978700020008563 EUR

SWIFT CODE: SABRRUMM 011

Destination de paiement: Don aux victimes des inondations de 2012 de la région de Krasnodar.

L'article est basé sur les matériaux du journal Kommersant et de la radio Kommersant FM.

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