Iouri Krestinski. Crédits photo : Itar-Tass
L’initiateur du projet, Iouri Krestinski, n'est pas un inconnu dans le milieu médical. En 1996, il crée le Centre de recherches en marketing Pharmexpert, une institution qui a depuis acquis une solide notoriété. Puis ces dernières années, en tant que directeur de l'Institut des problèmes de santé publique, Iouri Krestinski oriente son activité sociale afin d’améliorer le système de santé en Russie.
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Ces dernières années, la question du développement médical a été qualifiée à plusieurs reprises de prioritaire par le chef de l'État et le chef du gouvernement. Mais, comme le souligne Iouri Krestinski, l’accent était mis sur l'achat et la livraison d'équipements neufs aux établissements médicaux, sans pour autant résoudre les problèmes structurels. « Nous possédons l’équipement mais pas les professionnels capables de le faire fonctionner correctement. Le système d’enseignement actuel n’a pas les moyens de former nos professionnels. Il est venu le temps d’envisager la création d'un établissement d'enseignement supérieur soumis aux autorités municipales », a déclaré Iouri Krestinski en début d’année.
Le projet, qui porte le nom d'Université médicale russo-allemande, vise à résoudre les problèmes actuels dans les domaines de l'enseignement et de la santé. Il s’agit surtout d’améliorer la formation du personnel médical par son intégration dans un espace international d'enseignement et de rapprocher le secteur de santé russe des normes internationales.
Projet inspiré des universités allemandes
Le projet d'un centre médical a démarré il y a cinq ans, mais sa réalisation a été rendue possible grâce à l'implication de l’ASI. « Nous sommes devenus les organisateurs du projet et pour cela nous avons reçu l'approbation du gouvernement moscovite ainsi que du Ministère de la Santé. Nous nous occupons aussi d'attirer les investisseurs », a récemment annoncé un représentant de l’ASI.
Mais pour parvenir à implanter une université médicale, la section des projets sociaux de l’ASI a également pointé du doigt les incohérences du cadre réglementaire. Celles-ci doivent être éliminées afin d’autoriser les experts étrangers à enseigner et à travailler dans les universités et les institutions médicales russes. Concrètement, il faudra d’abord créer l’université, puis des centres de diagnostic et des laboratoires d'étude seront ouverts.
Comme le fait remarquer Iouri Krestinski, la structure de l'université médicale se fonde sur l'expérience des universités médicales allemandes de Bonn, Hambourg (Eppendorf), Berlin (Humboldt-Charité) et les universités de médecine russes soumises aux accords de Bologne. « Le projet impliquera des professeurs d'Allemagne, pays qui a prouvé son expertise dans l'organisation des soins de santé. De plus, dès la troisième année, les cours les plus importants seront donnés en anglais. Les étudiants recevront des diplômes aux normes russes et européennes. Grâce à l'utilisation de ces nouvelles approches de formation de spécialistes, qui ont démontré leur efficacité à travers le monde, une ribambelle de professionnels de classe mondiale verront le jour en Russie », se réjouit Iouri Krestinski. « Le centre présentera une gamme complète de services dans le domaine de la médecine, pour toutes les spécialités et maladies », ajoute encore l’ASI.
13 milliards de dollars investis
Le projet devrait être exclusivement réalisé grâce à des fonds privés évalués à 13 milliards de dollars. L’université sera opérationnelle dès 2017. Les premiers diplômés se verront offrir des emplois performants au sein du centre. L’université sera construite dans le « Nouveau Moscou », sans que l’on connaisse encore l’endroit précis. « Les investisseurs sont très nombreux et proposent des emplacements différents », précise l’ASI.
« L’État est non seulement intéressé par la préservation mais aussi par la véritable amélioration du niveau de santé du pays, ce qui est impossible sans de tels projets. Tous les jours, le besoin en personnel hautement qualifié augmente dans les organisations de santé et les centres médicaux. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) dicte également ses propres règles. Plus vite nous nous y adapterons, plus la médecine russe sera compétitive », indique Vladimir Iablonski, directeur de la section des projets sociaux de l’ASI.
Confiance des experts
Les experts croient en la réussite du projet. « Aujourd'hui, le pays n'a pas résolu le problème de la formation de troisième cycle des médecins. C’est pour cette raison que nous continuons à envoyer nos spécialistes se perfectionner dans des cliniques médicales en Allemagne, aux Etats-Unis ou au Japon. L'enseignement médical basé sur les technologies d’Europe de l’Ouest est très prisé. De plus, c'est commercialement rentable », estime Alexeï Douchkine, président du comité de l'association Delovaya Rossia chargé de la santé publique.
« En Allemagne, les cours de perfectionnement d'un médecin peuvent coûter près de 50 000 euros aux cliniques privées russes. C’est énorme. Mais je suis certain que l'État sera le premier client des nouveaux services d'enseignement de l'institution et le principal fournisseur de candidats. Les équipements médicaux, qui sont coûteux, nécessitent du personnel médical, et celui-ci fait défaut, surtout en province », conclut le spécialiste.
Cet article est composé d’extraits d’un article en russe disponible sur le site du journal Expert.
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