Crédit photo : Elena Potchetova
Dans la petite école n°20, l’ambiance est à la fête. Réveillés de leur sieste réparatrice, une vingtaine d’enfants s’installent calmement dans le réfectoire. Certains portent des caches sur les yeux, d’autres d’épaisses paires de lunettes. Un spectacle, orchestré par leurs camarades, leur est alors présenté. Leur mauvaise vue ou leur jeune âge influent sur leur concentration. À l’appel de la musique et des rires, tous finissent par se retrouver rapidement sur scène. C’est maintenant le temps pour Raissa Bissenek, une responsable du fond de charité « Livres illustrés pour les enfants aveugles », de remettre aux bambins des livres conçus à leur attention. De grandes illustrations sur Moscou, la Bataille de Borodino, des abécédaires. Autant d’ouvrages spécialisés pour ces enfants déficients visuels : les décors y sont en relief, les couleurs très vives. Il n’y a ici, à Tchekhov, pas besoin de livres en braille. « Aucun enfant aveugle n’étudie dans cette école car, malheureusement, nous ne disposons pas des structures adéquates et de l’encadrement qui leur est nécessaire », souligne Mme Bissenek. « L’établissement est en relation avec un centre hospitalier qui permet de garantir à nos enfants malades, dans de très nombreux cas, une guérison totale de leurs déficiences visuelles », explique à l’auditoire la directrice de l’école.
Apporter la lecture à tous
Aujourd’hui, en Russie, on compte plus de 35 000 enfants souffrants de déficiences visuelles plus ou moins lourdes, comme le strabisme, la myopie, l’astigmatisme. Peu d’entre eux étudient dans des structures qui tiennent compte de leur handicap. « Notre fond essaye de recenser tous les enfants atteints de maladies oculaires, mais ce n’est pas évident en dehors de Moscou et de son oblast, déplore Olga Sorokina, membre du fond de charité. La plupart du temps, nous devons attendre que des parents ou des proches de ces enfants nous contactent afin de pouvoir leur envoyer nos ouvrages ». La maison d’édition, rattachée au fond, publie environ 10 000 livres par an, ce qui n’est pas suffisant. « Notre demande est trois fois supérieure à l’offre », déplore Raissa Bissenek. Et pourtant l’organisme a fait du chemin depuis sa création en 1994.
À la recherche de nouveaux mécènes
Le fond de charité est très dépendant des dons de particuliers et de grandes entreprises pour se développer et publier davantage d’ouvrages illustrés spécialisés. Aussi, lorsque le Salon du Livre de Paris qui s’est déroulé en mars dernier les a contactés pour y participer et présenter quelques exemplaires de leur collection, la réponse ne s’est pas fait attendre. « Peu d’entreprises françaises présentent en Russie nous soutiennent dans nos actions de bienfaisance, ce salon était une bonne occasion pour mieux nous faire connaître », explique Olga. Le fond de charité est aujourd’hui soutenu par plusieurs milliers de sponsors et de mécènes, l’État russe ne pouvant se permettre de financer que la publication de livres spécialisés pour les enfants vivant à Moscou.
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