Situation d’urgence autour de Moscou

Les atouts de Choïgou sont sa popularité et le soutien du Kremlin. Crédit photo : Serguei Gouneev/RIA Novosti

Les atouts de Choïgou sont sa popularité et le soutien du Kremlin. Crédit photo : Serguei Gouneev/RIA Novosti

Un poids lourd de la politique russe lâche son ministère pour un poste de gouverneur.

Nouveau gouverneur de la région de Moscou, l’ancien ministre des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, se lance dans une mission qui va elle aussi requérir des nerfs d’acier.

La nomination du ministre des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, 56 ans, au poste de gouverneur de la région de Moscou, a nourri les rumeurs durant plusieurs semaines. L’affaire a fait grand bruit parce que durant 21 ans, Choïgou était auréolé du titre de sauveteur national numéro un.

Ses apparitions télévisées sur les lieux des catastrophes lui ont valu une popularité sans pareille parmi les ministres. Son manque d’expérience dans l’administration régionale n’a pas rebuté les députés, qui ont immédiatement entériné sa nomination par le président Medvedev le 5 avril. Choïgou prendra ses fonctions le 11 mai.


La presse russe n’a pu s’empêcher de relever le côté symbolique, voire ironique, de ce choix. « Le Podmoskovié, c’est en soi une vaste zone de catastrophe. Il va falloir tout remettre à neuf : le système administratif, rongé par l’incompétence et la corruption, les finances au bord de la faillite, l’infrastructure à moitié détruite... » , voilà où en est la région selon le journal Ogonek, pourtant proche du pouvoir. Le politologue Alexeï Moukhine voit pour sa part Choïgou entamer « la mise en place de la verticale du pouvoir, un nettoyage administratif et probablement, des poursuites pénales ».


Selon les experts, Choïgou a deux atouts majeurs en sa faveur : sa popularité et le soutien du Kremlin. « Pour un gouverneur, il est essentiel de savoir résister à la pression fédérale. Sergueï Choïgou est un homme politique de niveau fédéral, qui a un accès direct à Poutine, Medvedev et consorts », explique le politicien libéral Boris Nadejdine. Le Kremlin voit en lui non seulement quelqu’un de compétent, mais surtout de loyal. Il n’est pas exclu que l’objectif aille au-delà du « sauvetage » de la région.


Il s’agit aussi du projet Medvedev de doubler la superficie de Moscou, un énorme chantier visant à accueillir les locaux administratifs gouvernementaux et fédéraux. Or Choïgou, à peine nommé à son poste, a provoqué une polémique en suggérant que la capitale russe soit carrément transférée en Sibérie... Et de s’interroger à voix haute : « Pourquoi impérativement accroître l’étendue de la capitale ? » Au risque d’attiser les spéculations sur un conflit imminent avec le maire de Moscou, Sergueï Sobianine.


Or, il reste peu de temps pour établir un partenariat solide entre Moscou et sa région. La réalisation du projet d’expansion de la capitale est officiellement prévue entre le 1er juillet et la fin de l’année. La planification définitive du déménagement des fonctionnaires dans leurs nouveaux bureaux est en cours.


Reste la question des habitants de la région et de leur avis sur ce « chantier » majeur. Selon la société de sondage AMR, la population locale est partagée à parts égales entre partisans et opposants. Choïgou saura-t-il faire pencher la balance du bon côté ?

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