Image par Niyaz Karim
La guerre civile en Syrie et la pression de la communauté internationale qui pèse sur Bachar el-Assad nous renvoient à l’histoire des États-Unis et de leur président Abraham Lincoln. Aujourd’hui considéré comme un président martyr, chantre de la démocratie, il a pourtant mené une lutte acharnée contre les États sécessionnistes, dans une guerre civile meurtrière qui a fait 600 000 morts. Il n’est pas exclu que plus tard, le président el-Assad, à l’instar de Lincoln, puisse être porté aux nues dans le monde arabe. L’histoire ne cesse de nous montrer que tout est possible.
Le plan de paix de l’envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, visant à régulariser la situation en Syrie (avec l’aval des États-Unis et de la Russie), n’est pas mauvais en soi. Il n’a qu’un défaut : il est irréalisable, comme la plupart des solutions pacifistes incompatibles avec les lois internes des guerres civiles.
Les forces armées du Président Assad ont repris le dessus et fait reculer les troupes de l’Armée de libération syrienne (ALS). Détenant dorénavant l’initiative, Assad veillera à ce que l’opposition n’ait plus la possibilité de se regrouper et de se réarmer. L’exemple de Kadhafi est encore trop présent à la mémoire pour qu’Assad s’en remette à la « communauté internationale ». Par ailleurs, il a le soutien de l’Iran. Or, une division voit le jour au sein de la Ligue des pays arabes : l’Algérie, l’Irak et le Liban ne veulent plus suivre l’Arabie saoudite et le Qatar. Lors de leur dernière conférence qui s’est tenue à Istanbul, les Amis de la Syrie ont reconnu le CNS comme « seul représentant légitime du peuple syrien ».
C’est une initiative de l’Union européenne et des États-Unis, tandis que la Turquie et les monarchies du Golfe soutenaient l’ALS. Cette conférence a freiné les plans du Qatar qui devait financer et fournir l’ALS en armes, même s’il continue à essayer de renflouer les rangs des troupes de l’opposition en soldats libyens à travers la Turquie et la Jordanie. La décision de l’intervention n’a pas été adoptée, malgré une forte pression de la part du Qatar. Doha et Riyad ont dû se soumettre faute de pouvoir régler seuls la situation syrienne. Dès lors, les États-Unis et l’Union européenne sont devenus les acteurs principaux dans le règlement de la crise, au dépend de la Ligue des pays arabes. La priorité de l’OTAN, forte de l’expérience libyenne, est de placer au pouvoir en Syrie l’opposition laïque. L’ALS doit devenir le bras armé du CNS, qui devra financer les troupes et les organiser. Mais alors, une montée des tensions est à prévoir entre le chef de l’ALS, Riyad el-Assaad, et le chef du bureau militaire du CNS, le Général Moustapha Al Cheikh.
Quant au plan d’Annan, une libération des prisonniers politiques et la création de nouveaux partis en vue des élections, ne peut être envisageable que si un dialogue s’instaure entre le président et les forces d’opposition. Ce qui ne pourra se faire que si ces dernières reviennent sur leur condition première : le départ inconditionnel d’el-Assad. L’ALS ne semble pas prête à cette concession, surtout au vu du financement promis à la conférence d’Istanbul : 500 millions de dollars par les monarchies du Golfe, 100 millions par Tripoli et les 150 millions « humanitaires » promis par l’Union européenne.
Le plan d’Annan est en contradiction totale avec cet important projet de financement qui permettra à chacun de trouver son compte en s’octroyant sa part du gâteau. Le plan de paix est voué à l’échec car ni Assad, ni l’opposition n’y voient aucun intérêt et le sabotent à coups d’accusations réciproques, ce qui rend impossible l’instauration d’un dialogue pacifique.
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