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Voronej et son marché vous réservent des sensations d’un autre âge : curieux voyage dans le temps offert par une ville en partie rasée pendant la Seconde Guerre mondiale.
C’est un « village » de près d’un million d’habitants, situé à 490 kilomètres au sud-est de Moscou, au cœur des fameuses terres noires (« Tchernoziem »), le grenier à blé de la Russie. Ces dernières années, elle s’est développée rapidement et donne aujourd’hui l’impression d’une petite cité débordante de monde et d’activité. Ni tramway ni métro ne circulent ici. Dans les autobus bondés, on fait passer ses roubles de l’arrière à l’avant et on attend que la monnaie fasse le trajet inverse. Faire du tourisme à Voronej signifie sortir des sentiers battus.
Les habitants baptisent affectueusement « mer de Voronej » le lac de barrage qui divise la ville. C’est parce qu’ils se souviennent que Pierre le Grand fonda ici un chantier naval relié à la mer d’Azov par le Don. Le tsar vécut longtemps à Voronej et y développa sa flotte.
Sur la rive droite du lac de retenue se trouve le centre historique de cette ville fortifiée âgée de 425 ans. Là, à quelques rues seulement du McDonald’s et de l’urbanisation, les rues escarpées qui dévalent la pente ne sont pas bitumées, les petites maisons colorées ne sont pas raccordées au tout-à-l’égout et les gens saluent aimablement les promeneurs qui passent devant leurs habitations. Sur la rive gauche du lac, que traversent quatre grands ponts, de nombreux quartiers mènent leur propre vie, véritables microcosmes organisés autour des marchés, des cinémas et des cafés.
Toute l’année, les habitants de Voronej bravent la chaleur, le froid – selon la saison – et le chaos de la circulation routière : les rues et les trottoirs sont animés, et sur le marché central, on peine à se frayer un passage aux heures de pointe, même quand il fait –20°C. On imagine une brochure touristique évoquant une expérience de shopping inédite : les poissons sautent littéralement de leurs bacs dans les sacs des chalandes et les vieilles chansons à succès russes grésillant des postes radio ajoutent encore de l’authenticité à ce décor.
Où se restaurer
Le restaurant Pouchkine, dans le bâtiment en forme de « fer à repasser » situé au n° 1 de la rue Pouchkine, propose une cuisine russe de qualité. Le café-bar BARack O’Mama, comme l’indique le jeu de mots, n’a rien de très russe : tortillas et musique « live » au menu. Au n° 35 Prospect Revolutsii.
Où se loger
Un hôtel de standing élevé est à recommander dans le centre-ville : l’Art Hôtel, qui propose une chambre double à environ 150 euros. Pour les routards, on peut conseiller l’Hostel Aschur (www.star-hostel.ru/gostinica_ajur.html). 12 euros la nuit et c’est à un quart d’heure à pied du centre.
Pénétrons dans la halle du marché : au sous-sol sont alignés de petits stands de vente de salades où Vera, Julia et Lena tentent d’attirer la clientèle. Chez elles, les clients peuvent déguster des assortiments de salades russes. Sur les stands de fromage aussi, on peut goûter les produits : fromage blanc à la vanille et aux raisins, fromage de chèvre fait maison ou cornichons malossol.
Tout autour de la halle, des babouchki sont assises sur des chaises pliantes devant leurs marchandises. Ce sont de petites grand-mères dont on s’imagine qu’elles plantent et récoltent dans leur propre jardin les poireaux ou les carottes terreuses qu’elles vendent. Ici, on achète les marchandises à des personnes, pas à des marques. Dans un autre coin du marché, on trouve du pain complet et des petits pains frais.
Les amateurs de culture trouveront à Voronej les repères russes habituels : des monuments à la gloire de Lénine ou du poète Sergueï Essenine, une flamme éternelle et autres monuments aux morts. Le musée Kramskoï et la galerie Visages de Voronej invitent à la contemplation. Il y a presque tous les jours des représentations au Théâtre d’Opéra et de Ballet, où les œuvres du répertoire classique comme Le Lac des Cygnes alternent avec des opérettes russes pleines de cris stridents et des interprétations avant-gardistes de Macbeth . Un autre spectacle qui vaut le coup d’œil : une représentation de Cendrillon au théâtre de marionnettes Chout (« Le Bouffon »). On y a célébré récemment la journée mondiale des marionnettistes.
Crédits photo : Lori/Legion Media
En hiver, par une température moyenne de –20°C, les pêcheurs à la ligne pullulent sur le lac ; fin mars, ils affirment qu’une voiture peut encore rouler sur la glace sans passer au travers. Ils sont heureux de voir des visiteurs intéressés et racontent de bon cœur que la veille, un de leurs collègues est tombé dans l’eau, que « vite, vite » ils l’ont sorti des flots glacés et qu’il s’est ensuite remis à pêcher. L’été, le climat continental se manifeste de nouveau : le thermomètre monte jusqu’à 40°C ; en septembre et en octobre, le soleil chauffe encore longtemps.
C’est vrai, à Voronej, les odeurs sont parfois désagréables. Mais qui n’a pas de temps en temps une bouffée de nostalgie en humant les gaz d’échappement d’un vieux tacot diesel ? À l’oreille aussi, les Lada, Volga et Gazelle russes créent une ambiance sonore disparue en Europe. Les gens d’ici sont discrets sur leur attachement à leur ville. Ils ne l’aiment pas outre mesure, n’en sont pas fiers, ils en profitent simplement. Voronej manque peut-être de trottoirs bien balayés et de véhicules équipés de filtres à particules, mais pas de cette vitalité et de cette effervescence qui donnent à une ville son caractère si particulier.
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