Un air de Moscou à Paris

Crédits photo : Maria Tchobanov

Crédits photo : Maria Tchobanov

 

La présence de Moscou au Salon du Livre, en tant que ville invitée, pourrait relancer la coopération littéraire franco-russe.

La participation de Moscou en tant que ville invitée au 32ème Salon du Livre de Paris a été une véritable fête pour les connaisseurs et amoureux de la littérature russe. « Le succès de cet événement a dépassé nos espérances », remarque Marina Smirnova, directrice de l’association internationale pour la culture contemporaine « Jivaia klassika » (Classique vivant), principal contributeur à l’organisation du programme de la rencontre.

« Nous n’avions pas prévu un tel succès pour notre événement que nous avons organisé avec notre partenaire, l’Institut français », nous raconte cette experte en littérature.

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Dans le rayon du stand moscovite ont été exposés des livres qui sont le fruit d’un projet gouvernemental, des livres d’enfants, des livres de mode et d’architecture, et des livres d’histoire sur la ville de Moscou et ses habitants. « Nous souhaitions montrer la ville dans sa mutation, son dynamisme, sa contemporanéité, et s’éloigner des idées sclérosées sur les ours et les poupées russes. »

Un exemplaire d’un joli guide présenté lors du festival, décrivant et illustrant les rues et ruelles de Moscou, où furent filmées les plus grandes scènes du cinéma soviétique, a été offert au ministre de la culture Frédéric Mitterrand, en visite au salon. « Je me souviens très bien de ma première visite à Moscou en 1964. Le film Romance à Moscou avec le jeune Nikita Mikhalkov venait de sortir » a raconté le ministre.

Bien sûr, la principale attraction du stand de la ville de Moscou a été l’arrivée de nombreux grands auteurs contemporains. Les conférences de Boris Akounine, Zakhar Prilepine, Olga Sedakova et Lev Rubinstein ont réuni énormément de lecteurs, et le public, loin de poser des questions uniquement sur la situation politique en Russie, s’est aussi concentré sur le travail des écrivains.

Les écrivains ont pu parler avec confiance et sincérité, racontant des anecdotes pleines d’humour et d’amertume, de sublime et de sarcasme, mélange qui incarne la sensibilité russe. Ils ont apporté à Paris le vent de Moscou, la poussière des trottoirs des villes provinciales, l'insouciance, et la tristesse sans fond russe. Ces conférences furent une rencontre heureuse avec un public avide de devenir plus proches et de connaitre plus clairement ces écrivains.

Moscou, subtilement décrite dans les œuvres présentées, possède ce pouvoir de frapper le regard du lecteur comme une pluie glaciale, de grincer aux oreilles avec son langage grossier non-censuré, de brûler l’estomac, comme une vodka de mauvaise qualité. Elle captive et envoûte. Tour à tour, les écrivains conduisent le lecteur sur ​​ses immenses avenues, dans ses sombres passages souterrains, à travers différentes ères et dimensions.

En marge du Salon du livre, ont eu lieu des discussions sur l’éventualité de projets d’édition communs. Ces négociations ont été évoquées dimanche par l'ambassadeur de Russie en France, en visite sur le stand moscovite, accompagné de ses enfants. « Nous avons commencé à travailler sur une idée de coopération russo-française dans le domaine de l’édition, qui permettrait le développement des échanges. Nous souhaiterions créer un fond, qui pourrait inclure la participation de sponsors, afin d’aider les traducteurs d’œuvres littéraires » a déclaré Alexandre Orlov.

Selon le diplomate, beaucoup d’œuvres sont d’un grand intérêt pour les éditeurs, mais manquent de moyens pour le financement de la traduction. « L'année dernière, des écrivains français sont venus en Russie et ont découvert que leur lectorat y est très faible. Ce problème peut évoluer, il nous faut pour cela de l'esprit, du cœur, et comme souvent, une certaine somme d'argent. Le travail de traduction est très exigeant. Je serais heureux de voir cette rencontre littéraire aboutir à la création d’un tel fond. »

L'arrivée de la délégation officielle du gouvernement de Moscou et des représentants de l’agence fédérale pour les communications de presse et de masse à Paris a contribué à la promotion d'autres projets culturels, auxquels la Russie attache une grande importance, notamment la mise en place de plaques commémoratives en l’honneur de grands écrivains émigrés russes qui vécurent Paris. À l'heure actuelle, seuls deux grands écrivains russes ont une plaque à leur nom dans la capitale : Ivan Bounine et Marina Tsvetaïeva. Le ministère des Affaires étrangères français a déjà confirmé que de nouvelles plaques commémoratives seront bientôt inaugurées pour Ievgueni Zamiatine et Alexeï Remizov. Le gouvernement russe espère que, d'ici la fin de l'année, 15 nouvelles plaques seront affichées sur les maisons parisiennes, qui seront alors marquées du sceau de la littérature russe.

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