Crédits photo : ITAR TASS
Plusieurs recommandations faites à Damas par Moscou sont appliquées avec retard, a déclaré mercredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
« Malheureusement, certains de nos conseils ont été ignorés, et certains ont été suivis avec retard », a fait savoir le chef de la diplomatie russe en répondant aux questions des députés au parlement.
Selon M. Lavrov, bien que le leader syrien ait adopté des lois « utiles » destinées à renouveler le système politique en le rendant plus pluraliste, « tout cela a été fait avec un retard important ».
« C'est également avec retard qu'on propose d'initier un dialogue, alors que la confrontation armée acquiert une dynamique propre », a ajouté le ministre.
Début février, M. Lavrov et le directeur du Service russe de renseignement extérieur Mikhaïl Fradkov ont mené des négociations avec Bachar el-Assad à Damas. Selon M. Lavrov, lors des entretiens, le président syrien s'est déclaré prêt à dialoguer avec toutes les forces politiques présentes dans le pays.
L'armée russe ne doit pas s'ingérer dans le conflit en Syrie, a déclaré Sergueï Lavrov. « Quant à la question de savoir si je considère nécessaire de faire contrepoids aux Etats-Unis en Syrie et d'y assurer une présence militaire, cette question fait allusion à une intervention militaire russe dans ce pays afin de participer aux hostilités, et j'y réponds non. Je crois que cela ira à l'encontre des intérêts fondamentaux de la Russie », a indiqué M. Lavrov.
La Russie entend protéger ses intérêts dans la région et met en garde les Etats-Unis, et leurs alliés au sein de l’OTAN, contre toute action unilatérale. Si Sergueï Lavrov entend être ferme sur le dossier syrien, il en va de même quant à la sécurité sur le continent européen, sécurité actuellement menacée par le projet de bouclier antimissile américain.
La Russie et l'Otan ont toujours la possibilité de réaliser un projet commun de sécurité euro-atlantique, mais Moscou sera obligé de prendre des mesures adéquates si ses intérêts légitimes sont ignorés, a déclaré Lavrov.
« Nous sommes persuadés qu'il est toujours possible de concevoir un projet commun susceptible de mettre en pratique le principe de l'indivisibilité de la sécurité dans l'espace euro-atlantique. Mais pour y arriver, il faudra renoncer aux illusions selon lesquelles la sécurité et la stabilité européenne et mondiale pourraient être assurées sans la Russie et au détriment de ses intérêts », a affirmé M. Lavrov. D'après ce dernier, l'aptitude des Etats-Unis à prendre en compte les préoccupations russes concernant le bouclier antimissile en Europe montrerait dans quelle mesure Washington est prêt à poursuivre la politique de « redémarrage » avec Moscou. « Notre condition principale est simple: si les Etats-Unis ne veulent rien changer à leurs projets, ils doivent au moins nous donner des garanties sûres attestant que les systèmes de défense antimissile en cours d'implantation en Europe ne seront pas dirigés contre nos forces nucléaires stratégiques », a indiqué le chef de la diplomatie russe. Selon lui, de telles garanties doivent s'appuyer sur des critères militaires et techniques objectifs, montrant que ces systèmes sont réellement destinés à contrer les menaces balistiques émanant de régions situées à l'extérieur de l'Europe. « Nous ne renonçons pas au dialogue, mais si nos partenaires continuent d'ignorer nos intérêts légitimes, la Russie sera obligée de répondre par des mesures adéquates aux actions des Etats-Unis et de l'Otan », a conclu le ministre.
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