Le caractère russe a la cote

Bertrand de Saint Vincent (à gauche) et Jaques Gantié. Crédits photo : Maria Afonina

Bertrand de Saint Vincent (à gauche) et Jaques Gantié. Crédits photo : Maria Afonina

Le critique gastronomique Jacques Gantié et le chroniqueur mondain du Figaro Bertrand de Saint Vincent étaient de passage à Moscou dans le cadre des saisons franco-russes. Le 1er mars, nous les avons rencontrés à Krasnyï Oktiabr (Octobre rouge), la mecque de l’art contemporain de la capitale.

En guise de présentation devant le public moscovite, Bertrand de Saint Vincent fait de l’humour : « Mon travail est de déshabiller les gens pour comprendre pourquoi les riches et ceux qui ont tout pour être heureux ne le sont pas ».


Le résultat de ses réflexions sur la vie parisienne et sa collection de « déshabillages » pour l’année 2011 sont dévoilés dans le recueil Tout Paris (éd. Grasset). Dans ce tome de près de 500 pages, un chapitre entier, intitulé Salade russe, est consacré aux mondanités slaves. Il y est question du gala de bienfaisance de l’Association européenne de Saint-Vladimir qui s’est tenu à l’Ambassade de Russie à Paris. Cette soirée avait réuni les Russes de Paris pour rendre hommage à Marius Petipa, ce « père oublié des ballets russes ».

Bertrand de Saint Vincent n’a pas lésiné sur les épithètes sardoniques pour immortaliser les invités de renom. Le tsar du caviar, M. Petrossian, n’y a pas échappé : « L’arménien Pétrossian a le visage du caviar et une moustache en guidon de vélo ». On comprend mieux, alors, pourquoi le monde est tout sourire : « Les uns car ils sont déjà dans son livre, les autres car ils voudraient y être ou ne pas être ».

Salade russe, certes, on se régale mais ces Russes ont- ils vraiment une chance de devenir les véritables héros de ses chroniques parisiennes, ou de son prochain livre ?

« Il y a trois sortes de Russes à Paris : les anciens, aristocrates un peu désargentés qui portent de vieilles robes et des bijoux de familles. Cela évoque les années 30. Ensuite, les “Eat girls” qui sont grandes, blondes et décolletées. Natasha ou Natalia. Elles tournent autour des podiums. La plus connue, c’est Natalia Vodianova. Et puis, les troisièmes, les Russes qui ont des valises de dollars et d’euros, avec des manières un peu brutales, entourés de belles filles. Maintenant, on attend la quatrième vague qui devrait être un mélange d’éducation et de fortune. Paris a une vraie nostalgie du caractère russe ».

Après avoir brossé le portrait du beau monde russe de Paris, Bertrand de Saint Vincent a cédé la parole à son compatriote, Jacques Gantié, plus apte à « discerner la comédie humaine à travers la gastronomie ».


L’auteur des fameux Guides Gantié qui, chaque année, classent les meilleurs restaurants de la région PACA, arrivait à peine à répondre aux sollicitations du public. C’est d’ailleurs avec une élégance toute française que Jacques a su éviter de se prononcer sur la qualité des restaurants moscovites. Durant ces deux jours, il n’eut pas l’occasion d’en apprécier toutes les qualités, étant contraint, dans le cadre de sa participation aux saisons franco-russes, de ne visiter que les restaurants desservis par des chefs français.

Son projet commun de livre sur les restaurants asiatiques avec Alain Ducasse a provoqué une déferlante de questions sur la raison qui a poussé le célèbre chef, malgré les négociations menées avec le restaurateur moscovite Arcadi Novikov, à ouvrir son restaurant à Saint-Pétersbourg. Grantié, sans vouloir répondre pour son collègue, a évoqué la raison du coût, ainsi que le prestige. Sans doute, à ce niveau, la Venise du Nord a une longueur d’avance sur Moscou. Pourtant, c’est bien cette dernière qui a été choisie pour accueillir et inaugurer les premières saisons franco-russes.

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