« La cavalcade permet de préserver cette race ancestrale qui fut la monture de nos ancêtres ».
Crédits photos : Clémence Laroque
En 1812, les Cosaques ont joué un rôle clé dans la retraite de la Grande Armée. En cette année qui en marque le bicentenaire, une vingtaine de cavaliers cosaques et leurs montures du Don s’apprêtent à reconstituer la cavalcade de leurs ancêtres, des plaines russes à la Place de l’Étoile à Paris.
Les chevaux piétinent et tournent en rond depuis plusieurs minutes dans leur box. À l’intérieur des écuries du haras, l’atmosphère est lourde. Les étalons, débourrés depuis peu, veulent en découdre. Les Cosaques le ressentent. Cela ne semble pas les impressionner outre mesure. Chapka sur la tête, ils enfourchent bon gré mal gré leurs montures, particulièrement vives et agitées - « à cause des basses températures » , explique Sacha, l’ataman (chef cosaque). Au bout de quelques minutes de « détente » dans un parc alentour, l’équipée s’élance au pas pour sa sortie quotidienne.
Voilà plusieurs semaines que l’entraînement a débuté dans un haras proche de
Serguiev Possad, tenu par un riche entrepreneur cosaque, Pavel Moschalkov, à
l’origine du projet. Au total, ils sont une vingtaine de Cosaques, originaires
du Don, de Bouriatie, de Kalmoukie et du Tatarstan. Tout a commencé par les
chevaux qu’il a fallu capturer à l’état sauvage puis débourrer, c’est-à-dire
dresser à partir de zéro. La race compte aujourd’hui très peu de représentants
en Russie. C’est pourquoi l’ataman tient à souligner que « la cavalcade
est aussi un moyen de préserver cette race ancestrale qui fut la monture de nos
ancêtres » . D’ici au mois de juillet, date du départ, les chevaux doivent
apprendre les marches militaires cosaques, s’habituer aux jeux d’armes des
cavaliers intrépides et être capables de parcourir 30 à 40 kilomètres par jour
pendant plusieurs mois.
Financée en grande partie par l’État russe et son fonds public de bienfaisance
« Apanage de la Russie », la randonnée hippique veut être fidèle à
l’itinéraire historique. Durant trois mois, les cavaliers cosaques, entourés de
plusieurs équipes, médicale et vétérinaire notamment, vont traverser la Russie,
la Biélorussie, la Lituanie, la Pologne, l’Allemagne et enfin la France. Des
pays qui ont tous accueilli avec engouement cette initiative, ou presque. La
Pologne fait figure d’exception, refusant toujours d’ouvrir ses frontières. Le
chef reconnaît bien volontiers que les exactions commises par ses ancêtres sur
les terres polonaises durant la campagne de Russie y sont pour quelque chose.
En revanche, en ce qui concerne la France, « les Cosaques se sont bien
comportés en 1813. Nous y avons une bonne réputation. Les seuls torts qu’ont
commis les Cosaques à leur arrivée à Paris, c’est de s’être baignés nus dans la
Seine et d’avoir abattu des bouleaux pour cuire leurs chachliks [brochettes de
mouton mariné, ndlr] », s’amuse l’ataman.
Quoi qu’il arrive, leur réputation les suivra à travers l’Europe cet été, les
Cosaques en sont conscients. Bien qu’elle s’inscrive dans un cadre historique
et militaire, la randonnée hippique a également pour but de faire découvrir la
culture cosaque, loin de l’image d’Épinal que l’on s’en fait. « Nous
voulons montrer que nous ne sommes pas seulement des guerriers »,
s’exclame le Cosaque Dmitri. En effet, des manifestations culturelles et
sportives seront organisées à chaque arrêt dans les villes européennes.
Concerts de groupes folkloriques russes, démonstrations de voltige cosaque et
expositions de costumes militaires de l’époque des Guerres napoléoniennes se
succéderont.
Mais alors, ces hommes, se sont-ils lancés dans cette aventure pour marcher sur
les pas de leurs ancêtres et entretenir le souvenir ou pour vivre une aventure
équestre semblable à celles des héros cosaques ? « Les deux, sourit Sacha.
Comme dit un proverbe cosaque : ton cheval, ton arme et ta femme, ne les confie
à personne ! » Nul doute que le goût de l’aventure coule encore dans
leurs veines.
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