Les stagiaires russes de la promotion 2011 (et quelques uns des promotions précédentes) sont revenus sur leur expérience française le 8 décembre dernier dans les locaux de l'ambassade de France à Moscou. Crédits photo : service de presse
Intégrer le service RH d'une société lyonnaise, évoluer au sein d'une agence publicitaire parisienne ou encore accompagner la fabrication et la commercialisation de cognac dans la ville du même nom : c'est ce qu'ont expérimenté Ekaterina, Pavel et Tatiana en octobre dernier. Ces trois managers ont été sélectionnés pour faire partie de la trentaine de cadres russes qui participent chaque année au Programme présidentiel de formation des cadres d'entreprises, créé par le président Eltsine il y a quatorze ans pour accoutumer la Fédération aux nouvelles techniques de management.
« Aujourd'hui, les choses ont changé, les cadres russes sont bien formés : la Russie compte de bonnes écoles et les séjours à l'étranger sont fréquents », commente Alexis Nercessian, chargé du programme à l'ambassade de France à Moscou, qui est néanmoins convaincu que le programme garde toute sa raison d'être. « Il s'agit de renforcer l'expérience acquise », explique-t-il. Ainsi, les candidats retenus ont la possibilité de suivre une formation de six à neuf mois en Russie, qui se clôt par le fameux stage d'un mois à l'étranger, dans une entreprise française pour la promotion rencontrée le 8 décembre dernier dans les locaux de l'ambassade à son retour de voyage. Des partenariats identiques existent avec l'Allemagne, le Japon, les Etats-Unis, la Finlande ou encore les Pays-Bas. Un programme qui n'est pas à sens unique : « des visites d'études de quinze jours ont été mises en place en Russie pour les managers étrangers », continue Alexis Nercessian. Pour les cadres russes qui veulent se perfectionner, voilà une alternative pratique au très onéreux MBA, estime-t-on à l'ambassade.
Et un moyen commode de développer des partenariats avec la Fédération pour les entreprises étrangères. En accueillant des stagiaires russes au sein de leur structure, les sociétés françaises désireuses de trouver un distributeur en Russie, voire de s'y implanter durablement, ont ici l'opportunité de se familiariser ou de consolider leurs liens avec le marché russe. À l'instar de la société lyonnaise ERAI, ce cabinet de ressources humaines déjà présent en Russie depuis quelques années, qui a accueilli il y a peu une stagiaire, Ekaterina Karpenko, directrice d'une société de RH russe basée à Tchéliabinsk. « J'ai suivi la formation de neuf mois en 2002, raconte-t-elle, et j'ai décidé d'effectuer mon stage cette année. » Une initiative qui revêt un intérêt double à ses yeux : tout en bénéficiant de l'expérience française dans sa spécialité, la gestion dans laquelles « les Français sont très forts ». Ekaterina a contribué à élargir le réseau russe d’ERAI, forte de son carnet d'adresses bien fourni. La société de cette manager russe essaie par ailleurs de « faire venir des PME étrangères en Fédération pour lesquelles elle se charge d'analyser les risques. De plus, ajoute-t-elle, la France est la bienvenue en Russie. L'inverse est un peu moins vrai à cause de clichés persistants. J'ai néanmoins essayé d'expliquer à mes collaborateurs français qu'il existe bel et bien deux catégories d'entrepreneurs russes : ceux qui ne croient qu'en la consommation pure et simple et ceux qui partagent comme moi des valeurs tel que l'investissement dans notre pays qui suppose de créer quelque chose de vivant, de construire des projets à long terme et d'améliorer la vie des Russes dans les années à venir. »
Un échange qui dément les clichés français sur la Russie
Tatiana Zvolinskaya fait elle aussi partie de la promotion 2011 des stagiaires russes. Basée à Vladivostok et salariée d'un des principaux fabricants d'alcool russes, la jeune femme a suivi l'exemple de certains de ses collègues qui ont participé au programme de formation en 2006. C'est ainsi que Tatiana a passé un mois à Cognac, chez un fabricant de spiritueux (cognac et brandy). « Les mentalités changent en Russie, avance la manager, les jeunes gens préfèrent maintenant boire du whisky et du cognac, deux alcools de plus en plus populaires en Russie, même si évidemment, leurs volumes de production ne sont en aucun cas comparables avec ceux de la vodka. » Un stage fructueux pour les deux parties, selon Jean-Dominique Andreu, directeur de la production de cognac en question. Lequel n'a pas hésité à accepter la proposition de l'ambassade d'accueillir une stagiaire russe. « Voilà un programme très concret et très positif, estime-t-il. Une initiative simple, qui ne bénéficie pas d'un budget gigantesque, mais efficace (le financement du séjour est pris en charge par l'ambassade de France en Russie et par l'entreprise d'accueil par la suite si le stage excède un mois). » Jean-Dominique Andreu a d'ailleurs assisté au débriefing des résultats des stages en France, dans les locaux de la chambre de commerce et d'industrie de Paris, organisatrice du programme depuis les années 2000. « Plusieurs stagiaires ont affirmé que cette expérience française avait changé leur vie, rapporte-t-il. Qu'ils avaient découvert un autre monde. » De son côté, le producteur de cognac connaît bien la Russie vers laquelle il exporte depuis plusieurs années, mais « ce n'est pas le cas de beaucoup d'entre nous qui ont beaucoup d'a priori. » Des clichés que le programme de formation des cadres contribue à démentir.
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