« Plus jamais ça ! »: affiche reflétant le rejet de la figure de Staline durant la perestroïka.
Il y a exactement vingt ans, l’Union soviétique cessait d’exister après une dernière tentative de réforme (la perestroïka) censée relancer un système économique à l’agonie. L’Hôtel national des Invalides présente actuellement une exposition retraçant, à travers six années d’archives, cette période décisive de l’histoire de la Russie, de l’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev en 1985 à l’implosion de l’URSS en 1991.
« Plus jamais ça ! »: affiche reflétant le rejet de la figure de Staline durant la perestroïka. |
Comme un grand dérapage, la perestroïka fut le dernier virage de la machine soviétique, avant son arrêt définitif. Pour les Russes, elle se traduisit par une série de réformes qui changèrent progressivement leur quotidien, surtout après l’inertie des années Brejnev. L’ambition de l’exposition des Invalides est justement, selon l’historien Jean-Robert Raviot, « de présenter, à travers les plus de deux cents pièces d’archives réunies, non pas la perception de l’Occident mais celle des Soviétiques, qui ont vécu la perestroïka comme un grand bouleversement ». Parallèlement à la perestroïka, dont la vocation première était de refaire tourner les usines à plein régime, une politique de liberté d’expression (la « glasnost ») devait « démocratiser » la dictature du prolétariat, avec plus de transparence – en particulier au moment de la catastrophe de Tchernobyl – et l’ouverture à la culture occidentale.
« L’exposition est l’occasion de commémorer l’anniversaire du démantèlement de
l’URSS qui, curieusement, fait l’objet de beaucoup moins de manifestations que
celui de la chute du mur de Berlin » , explique Valérie Tesnière, directrice de
la bibliothèque de documentation internationale dont sont issues les archives
présentées.
Sous-estimé en Europe, l’effondrement de l’empire soviétique fut pourtant un
événement certainement plus traumatisant, pour les Russes, que ne le fut la
réunification pour les Allemands. Citoyens d’une superpuissance, ils durent
soudainement accepter une réalité que plus aucune propagande ne pouvait masquer : celle d’un pays en ruine appelant l’Occident au secours.
Un micro-ordinateur se substitue au marteau, symbole de l’industrie soviétique. |
Organisée autour des trois temps de la perestroïka (réformes, révélations, révolutions), l’exposition des Invalides invite à un voyage au cœur des années 80 russes, à travers photos officielles, affiches de propagande, unes de journaux et vidéos.
Ces documents reflètent une volonté aussi bien de modernisation – avec les débuts de la micro-informatique et les premiers concours de beauté – que d’introspection. Sur les affiches de Memorial, organisation russe des droits de l’homme créée pendant la perestroïka, Staline prend les traits d’un tyran sanguinaire, et la glasnost entraîne une prise de conscience collective : l’URSS n’est pas un paradis, et en dépit de la propagande des décennies précédentes, les maux attribués au monde capitaliste (pauvreté, criminalité, individualisme, épidémies…) n’épargnent pas moins la société soviétique.
L'exposition « URSS : Fin de Parti(e) » se déroulera jusqu'au 26 février 2012 au Musée d’Histoire contemporaine de l’Hôtel national des Invalides, Paris 7e.
Ouvert tous les jours (sauf premier lundi du mois et jours fériés) de 10h00 à 17h00.
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