Je n'ai qu'une seule patrie : le cinéma

Crédits photo : Itar-Tass

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Acteur, scénariste et réalisateur, Zviaguintsev se fait connaître avec Le Retour (2003) - Lion d'or du meilleur premier film à Mostra. Depuis l'acteur principal du Banissement est nommé meilleur rôle masculin au Festival de C­annes 2007. Enfin, son troisième long-métrage Elena (2011) obtient le prix Un certain regard à Cannes.

Les interprétations de vos films vous surprennent-elles ?


Quelqu’un m’a dit un jour que mon film Le retour, montrait que la Russie avait besoin d’une main ferme, que c’était un film sur Vladimir Poutine. Je n’aurais jamais pensé que l’on pouvait voir ça dans cette histoire.


Vous sentez-vous appartenir à une nouvelle vague du cinéma russe ?


S’il est question de la conver­gence des différents points de vue sur un même sujet qui est la Russie, alors oui, mon film Elenapeut également être considéré comme l’un de ces points de vue. Il est évident que c’est un regard sur une Moscou moderne, sur un problème qui nous concerne tous : la totale victoire de l’argent sur l’homme. Mais je ne voudrais pas réduire le sujet à Moscou ou même à la Russie.


On m’a fait remarquer récemment que je me met en retrait de la culture russe. J’ai entendu des bêtises du genre, qu’en fait, je n’étais pas un réalisateur russe, que j’étais ingrat envers la patrie qui m’a choyé. Enfin j’ai formulé une réponse que je trouve appropriée ici : pour moi, je n’ai qu’une patrie : le cinéma.


Cette patrie est ce que je vois sur les écrans : il y a des personnes que je préfère éviter, d’autres qui deviennent de fidèles amis. Je ne considère pas le cinéma sous un angle géographique.


Quels projets portez vous aujourd'hui ?


Depuis plusieurs années, j’ai un scénario tout prêt sur la Seconde Guerre mondiale, avec un budget de 6 millions d'euros. Mais aucun producteur ne s’y est intéressé pour l’instant.


Pourtant ce thème est indiscuta­blement porteur en Russie au regard du nombre de films sur le sujet. Qu'est-ce qui cloche ?


Ce sont les films sur la gué­guerre qui trouvent les financements. À renfort d’explosifs, de sang, de cadavres, de fusillades. De l’action et une bonne dose d’héro­ïsme chauvin au front et à l’arrière : pour la Patrie, pour Staline !


Quelle est votre approche ?


C’est un tout autre regard sur la guerre. Sans ces récits de vic­toire, sans aura patriotique, sans toute cette mythologie héroïque. Je ne veux pas insinuer des doutes, mais simplement regarder la situation sous un autre angle. De l’intérieur. Observer un personnage survivant dans cette horreur et comprendre pourquoi il fait tel ou tel choix.

Article paru dans le journal online Gazeta.ru

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