Crédits photo : Legion Media
Je suis montée dans le train pour Perm à peine 10 secondes avant son départ, et ce à cause de brûlures chimiques et d’un manque complet de nourriture.
Mon amie Juliette et moi avions décidé de faire une partie du Transsibérien durant mes deux semaines de congé. Elle est malheureusement partie une sorte de plâtre car elle souffrait de brûlures au pied. Dire qu’elle boitait serait un euphémisme.
Nous sommes arrivées à la gare de Moscou avec de l’avance, et nous nous sommes directement mises à la recherche du quai n°1 et du train pour notre première escale : Perm. Après avoir accompagné Juliette jusqu’au quai, elle a insisté pour que je j’achète en vitesse des provisions pour notre trajet de 28 heures pendant qu’elle montait en clopinant avec nos bagages.
Voyager de Moscou à Irkoutsk nous a pris neuf jours, en comptant les escales à Perm, Ekaterinbourg, Krasnoïarsk et Oulan-Oude. Nous avons passé une semaine de plus sur l’île d’Olkhon, située sur le lac Baïkal. Nous avons voyagé en troisième classe au mois d’août et nos billets pour Irkoutsk nous ont coûté environ 7 000 roubles (175 euros). Les réservations sur le site officiel des chemins de fer russes reviennent généralement moins cher que si vous vous les procurez via une agence de voyage.
Quelques astuces pour voyager en Russie |
Voyager en train en Russie, c’est un peu comme se rendre sur une île déserte ou au sommet d’une montagne : vous êtes complètement coupés du monde. Les trains ne disposent pas de connexion Internet et les appels téléphoniques, même à partir des portables russes, sont très chers. Il est donc plus sage de simplement s’asseoir et de profiter du trajet.
Le trajet entre Ekaterinbourg et Krasnoïarsk, partie la plus longue de notre voyage en Transsibérien, a duré 36 heures. Rien que l’idée que nous allions passer tant de temps dans un train effrayait nos amis et notre famille. Mais en Russie, c’est tout à fait ordinaire. Durant le trajet, nous avons rencontré plusieurs personnes qui allaient jusqu’à Vladivostok ou Blagovechtchensk à la frontière avec la Chine, à cinq jours de Moscou. Je me souviens avoir réalisé à quel point ce pays était vaste quelques années auparavant, lorsque j’étais à Saint-Pétersbourg et que j’ai demandé à quelqu’un où il vivait, et qu’il m’a répondu : « à deux jours en train de Vladivostok ».
Pour traverser la Russie, vous avez seulement besoin de temps et d’un peu d’argent. Juliette et moi avons effectué tout le trajet en troisième classe et notre billet le plus cher n’a coûté que 3 000 roubles (75 euros), et ce, pour traverser une distance de 2 389 km entre Ekaterinbourg et Krasnoïarsk.
}
Les voyages en train sont très relaxants : dans les trois premières classes, vous avez droit à votre propre siège que vous pouvez abaisser, et votre seule préoccupation est de manger et de dormir : Juliette et moi nous sommes d’ailleurs largement adonnées à ses deux activités. Pour vous sentir chez vous, il suffit de quelques aménagements et d’un peu de préparation. Si vous y arrivez, vous ne voudrez plus jamais partir.
Afin de profiter du voyage, il est également important de comprendre que les Russes sont étonnamment assez frileux. À presque toutes les périodes de l’année, les wagons de train s’apparenteront donc souvent à de véritables fours. Mais heureusement pour nous, la fenêtre de notre wagon est tombée deux heures après notre départ de Perm vers Ekaterinbourg. Cet évènement a horrifié la plupart des passagers effrayés à l’idée de prendre froid, et ce même si la température extérieure était de 20°C.
Pour se préparer à un tel voyage, il est plus sage a) de choisir un train ayant un numéro plus petit car ils sont de meilleure qualité, et b) plus intelligent de prendre des vêtements légers, ainsi que des lingettes humides qui vous permettront à la fois de vous rafraîchir et de nettoyer la crasse. Pour bien dormir la nuit, prenez des boules Quiès et un masque pour les yeux, ainsi qu’un pull chaud et des tongs : le pull pourra être utilisé comme coussin supplémentaire et les tongs seront plus pratiques que les chaussures de marche.
Avant le voyage, Juliette et moi pensions avoir tenu compte de tous les pièges qui auraient pu survenir durant le trajet et avoir emporté le matériel nécessaire. Mais même si nous avions pris des livres, des lecteurs de musique et un paquet de cartes pour briser la glace avec nos compagnons de route, nous nous sommes vite rendus compte que nous n’avions pas pensé au matériel de cuisine.
Après observation, il s’est avéré que les Russes dans notre wagon étaient venus équipés de leurs services de table (complets avec tasses et sous-tasses), alors que de notre côté, nous n’avions qu’un couteau peu tranchant, une fourchette, un tupperware et deux grandes tasses. Même si demander à emprunter des ustensiles de cuisine constitue une bonne excuse pour apprendre à mieux connaître les autres passagers, il est préférable de mieux se préparer pour ne pas ressembler à Dracula lorsque que vous dégustez du poisson fumé !
Le poisson fait partie intégrante de tout trajet en train : son odeur envahit les wagons et se mélange à celle de l’aneth, des pommes de terre bouillies, des nouilles et de la transpiration. Ces émanations ne sont pas désagréables, et d’autant plus fortes en remontant dans le train après un arrêt de 20 minutes pour prendre l’air au beau milieu de la Sibérie.
Ce qui est formidable quand on voyage en train, ce sont les différents endroits que l’on peut admirer sans avoir à aller nulle part : le train roule bruyamment à travers des petits villages et datchas, avant de s’arrêter dans la cacophonie, les passagers se précipitant hors des wagons pour acheter des jouets, de la bière, du poisson séché, des pâtés de viande et de la crème glacée. Au coup de sifflet, tout le monde emballe ses affaires et saute dans le train jusqu’au prochain arrêt, où l’on observe la même situation.
De retour dans le train, les gens sortent tous leurs nouveaux achats et les partagent dans les petits compartiments du wagon. Les pommes de terre à l’aneth sont échangées contre des petites tartes ou des saucisses, par exemple. Les Russes sont incroyablement accueillants. Il est donc préférable d’avoir assez de nourriture à distribuer et à offrir en retour. Le partage de la nourriture avec vos compagnons de route constitue également une bonne façon de les encourager à vous surveiller vous et vos affaires, en particulier si vous voyagez seul.
Les repas dans le train sont fréquemment accompagnés de bière ou de thé noir chaud acheté aux « provodnitsas ». Ces accompagnatrices sont généralement des femmes et passent leurs journées de travail à voyager à travers la Russie. Durant notre trajet vers Perm, la brune Nadejda et la blonde Tatiana nous ont expliqué qu’elles travaillaient dans le train neuf jours d’affilée avant de profiter de neuf jours de congé. Ce boulot est fatiguant, difficile et les emmène à des milliers de kilomètres de leur famille. N’hésitez donc pas à être souriant avec la providnitsa, qui peut également vous vendre des casse-croûte pas chers et vous donner des conseils sur les lieux à visiter durant le voyage.
Les autres voyageurs seront aussi contents de vous aider en répondant à vos questions : la route vers le lac Baïkal et la Mongolie est pleine d’étrangers de nationalités très diverses. Donc même si vous ne parlez pas russe, vous ne devriez pas vous sentir trop perdus : après quelques jours de trajet, vous formerez déjà une grande et heureuse famille.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.