L’« Alligator » jaillit hors de la taïga d’extrême-orient

Le hangar de montage final du Ka-52, sur le site de l’usine Progress, à Arséniev. Photo : Ria-Novosti.

Le hangar de montage final du Ka-52, sur le site de l’usine Progress, à Arséniev. Photo : Ria-Novosti.

Le monopole d’État Hélicoptères Russes vient d’ouvrir pour la première fois aux journalistes étrangers les portes de l’usine Progress fabriquant l’hélicoptère d’attaque Ka-52.

« Je suis très impressionné. Les Russes investissent lourdement. On ne voit plus cela en Europe » , explique Claude Planchamp, un expert en métallurgie français qui aide depuis un an l’usine Progress à se moderniser. Helicoptères Russes a investi 72 millions d’euros dans l’usine et en investira en­core le double dans les toutes prochaines années, sou­ligne son patron Dmitri Petrov. Claude Planchamp note, admiratif : « Ils ont clairement choisi le meilleur équipement du marché », faisant référence aux robots de l’italien IMF dans l’atelier fonderie. « Ce sera l’une des cinq meilleures fonderies au monde. Ils peuvent sortir des ­pièces de magnésium de 100 kg » , un exploit dans l’ aéronautique. Des outillages automatisés de l’allemand DMG et du japonais Mazak complètent l’arsenal flambant neuf de Progress. 
Et tout cela au beau milieu de la taïga, dans l’extrême-orient russe, à 250 km au nord de Vladivostok.

Ce sont naturellement les pétrodollars du budget et les com­mandes de l’armée russe qui ­tirent Hélicoptères Russes, et particulièrement l’usine Progress, hors du marasme après 20 ans de grosse déprime. L’ Alligator devrait en principe équiper le ­porte-hélicoptères Mistral vendu par la France. « Entre 8 et 16 Ka-52 par navire », précise Dmitri Petrov, le patron d’Hélicoptères Russes. L’armée russe vient de passer la semaine dernière une commande de près de trois milliards d’euros pour sa société. Dmitri Petrov ajoute que « des négociations ont déjà eu lieu » pour l’exportation du Ka-52, seul au monde dans sa catégorie à être doté de rotors contrarotatifs et de sièges éjectables. Il a en outre l’avantage d’être deux à trois fois moins cher que son concurrent Tigre d’Eurocopter.

Progress démarre également la production d’hélicoptères civils. Cinq Mi-34C1 étaient assemblés dans le même hangar. Cet appareil léger (un pilote et trois passagers) doit concurrencer le Robinson américain pour un prix sensiblement inférieur. « Nous comptons en produire au moins 200 exemplaires par an » , lance Dmitri Rodin, qui dirige le programme Mi-34C1. « Nous ­sommes par contre septiques sur la motorisation à turbine proposée par Turboméca, trop lourde et coûteuse pour ce type d’appareil. D’ailleurs les ventes médiocres du 120 d’Eurocopter ne nous encouragent pas dans cette direction », conclut Rodin. À partir de 2014, l’usine produira aussi l’hélicoptère de gabarit moyen Ka-62, celui-ci avec une motorisation Turboméca.

Hélicoptères Russes va dépenser cette année 250 millions de dollars (soit 183 millions d’euros) en recherche et développement sur de nouveaux modèles d’hélicoptères. « Environ la moitié proviendra de nos fonds propres, l’autre viendra du budget fédéral et de crédits ban­caires » , explique Dmitri Petrov.


En début d’année, la société avait annoncé une introduction en bourse à Londres et à Moscou pour 2011 afin de lever 500 millions de dollars (366 miliions d’euros) destinés à rembourser la dette et racheter les parts minoritaires des filiales du groupe. Le groupe a changé d’avis face au manque d’intérêt des investisseurs et à l’instabilité des ­marchés.

Andreï Reus, directeur d’OboronProm, la holding d’État détenant 100% des actions d’Hélicoptères Russes, affirme que le groupe est financièrement à l’aise. « La dette n’est pas un problème car nous avons un vaste carnet de commandes. Les banques d’État russes et même privées comme Alfa nous proposent des crédits bon marché. D’ailleurs, la valeur de Hélicoptères Russes a considérablement augmenté depuis le moment où nous avons annoncé notre intention d’aller en bourse. L’offre publique d’achat aura lieu en 2012 » , ­glisse-t-il avec un sourire confiant.

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