« Si l’État pouvait exiler tous les handicapés, il le ferait ». Crédit photo : Rustem Adagamov/Drugoi
Pour quitter son appartement, Liliana Fiodorova doit descendre six marches étroites et raides. À reculons. En fauteuil roulant. Puis il y a le bord du trottoir pour traverser la rue, et le même de l’autre côté. Elle est tombée trois fois, se cognant si fort la tête contre le carrelage qu’elle a dû être hospitalisée.
Les
handicapés sont confrontés à un vaste éventail de problèmes, dans les
domaines de l’emploi, du logement et des soins médicaux. Ils font face
à une discrimination ouverte et à l’indifférence générale. Mais
l’obstacle majeur, ce sont les problèmes d’accessibilité. Le désir de
la Russie de se faire accepter dans l’arène mondiale a suscité des
mesures qui, en théorie, apportent des solutions. Les grands centres
commerciaux offrent désormais des facilités d’accès pour les
handicapés, et Internet leur a permis de sortir de l’isolement.
Mais les progrès sont aussi lents que le trajet de Fiodorova pour sortir dans la rue.
« En Russie, une personne handicapée est exclue de la vie sauf quelques rares exceptions »
, dit-elle.
« Si l’État pouvait créer un ghetto et exiler tous les handicap
é
s, comme au temps de Staline, il le ferait. Mais comme nous voulons être considérés comme un pays civilisé, nous nous retenons »
. Elle a perdu l'usage de ses jambes à la suite d'un accident chirurgical.
« Je suis arrivée à l’hôpital en talons aiguille, je suis repartie en chaise roulante »
, raconte-t-elle. Un an plus tard, son mari la quitte. Le désespoir à laissé la place à la colère.
« Je me suis dit : je vais vivre ! »
Fiodorova fait partie des 13 millions de Russes atteints de handicaps.
Selon le gouvernement, 40%, soit 5 millions de personnes, sont aptes au
travail. Mais moins d’un million sont employées, en dépit d’une loi
imposant aux sociétés de plus de 100 personnes de réserver un quota de
5% aux handicapés.
Aujourd'hui, Fiodorova compte consacrer sa vie à la législation en faveur des handicapés :
« Il y a tellement de gens comme moi en Russie ! »
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.