Le milliardaire Mikhaïl Prokhorov vient de prendre la direction du parti libéral Juste cause, avec pour objectif d’en faire le second parti au pouvoir et de briguer éventuellement le poste de Premier ministre.
Le richissime homme d’affaires de 46 ans veut faire de Juste cause la
seconde base de soutien du Kremlin, derrière Russie unie, le parti au
pouvoir.
« Oublions le mot « opposition ». C’est un terme lié aux partis marginaux
qui ont perdu tout contact avec la réalité depuis longtemps »,
a dit Mikha
ï
l Prokhorov aux 114 délégués du parti.
« Il doit y avoir deux partis au pouvoir, au lieu d’un seul comme maintenant »
, a-t-il précisé. Si l’objectif est de
« rassembler nos forces »,
Russie unie
« nous a lancé un défi, et nous devons le relever »
. L’oligarque a présenté une plateforme suffisamment pondérée pour satisfaire à la fois le Kremlin et les électeurs libéraux.
Prokhorov est le troisième homme le plus riche de Russie, avec une fortune personnelle de 12 milliards d’euros, selon
Forbes Magazine
, et des actifs dans l’électricité, le métal, la haute technologie ;
c’est aussi le propriétaire de l’équipe de basket New Jersey Jets. Il
assure l'investissement essentiel de Juste cause, avec près de cent
millions de dollars versés au parti.
« C’est Dieu, le tsar et le commandant militaire, le tout en une seule personne »
, affirme Boris Nadejdine, un des hauts responsables de Juste cause.
Prokhorov a d’ailleurs indiqué qu’il n’excluait pas la possibilité de
devenir Premier ministre si son parti était représenté au Parlement. Il
appelle à un accroissement des pouvoirs des régions et des districts
fédéraux ; à l’élection directe des maires, grands juges, procureurs et
chefs de police ; à la restauration des mandats uniques à la Douma. Et
d’expliquer que
« notre pays s’appelle la Fédération de Russie, mais à en juger par le
leadership, c’est un empire où seul l’exécutif fonctionne.
L’objectif est d’attirer les entreprises étrangères victimes de la crise
chez elles à venir chercher des occasions d’investissement en Russie ».
Il serait prématuré de voir dans Juste cause la future base politique
de Medvedev, estime l’analyste politique Andrei Mnoukhin.
« La base électorale d’un tel parti ne dépasse pas les 3% ».
Prokhorov, lui, s'est fixé pour objectif de recueillir 7 à 15% des suffrages.