Sur sa carte de visite verte on peut lire le nom « Roman Vert » surmontant l’inscription « Parti Animal ». Roman Sablin est l’un des militants écologistes les plus en vue de la capitale.
Photos : Igor Podgorny
Vert, tout était vert. Trousse à outils, téléphone portable, même la
mobylette. Ce fut ma première impression de Roman Sablin. Il
m’accueillit dans l’entrée de l’appartement de la résidence témoin que
nous étions sur le point de louer ensemble, me lança un grand sourire,
et m’étouffa presque en m’étreignant. Son amour pour la couleur verte
commença après son divorce. Peut-être parce que le vert est la couleur
de l’espoir, et que Roman avait besoin d’espoir à ce moment-là.
Originaire de Sibérie, il y travaillait dans une entreprise de
construction, ce qui ne l’enthousiasmait guère. Voulant changer sa vie,
Roman se lança dans un projet artistique. Il fit de son logement un
« appartement d’art », y réunissant ses amis autour de verres de vodka
et de cigarettes.
Au bout de plusieurs mois, les bouteilles vides
(vertes, pour la plupart) s’étaient accumulées en telle quantité que
Roman commença à les empiler entre les vitres de la double fenêtre.
Rendu furieux par l’absence de conteneurs de recyclage en Russie, il se
mit à envisager un mode de vie écologique. Et c’est ainsi que tout a
vraiment commencé.
Roman déménagea à Moscou et trouva un ÉcoLoft dans
un ancien bâtiment de la rue Piatnitskaïa, non loin du Kremlin. Avec
quatre de ses amis, il emménagea dans le spacieux local de cinq chambres
l’été 2010. Des couleurs « écologiques » recouvrent désormais des
dizaines de couches de papier peint. Sur le mur à côté du poêle, le site
Internet Ekoloft est inscrit en gros caractères, et des documents
d’information reposent sur la table pour les nombreux visiteurs désirant
savoir comment vivre d’une manière écologique dans une ville qui l’est
si peu.
Avant l’ouverture du loft, les occupants se rasèrent la tête : fini le shampoing et autant d’eau économisée. Des sacs en tissu sont
accrochés dans l’entrée : déclaration de guerre au plastique. Un endroit
a été repéré où pouvaient être déposés les objets en plastique ou en
métal ainsi que les verres.
Roman a trouvé sa vocation. Épanoui, il
est maintenant mince, porte le bouc et d’élégantes lunettes
rectangulaires. Vertes, naturellement. Pas d’alcool, pas de viande, pas
de consommation d’énergie inutile. À la place, un engagement prodigieux
et la volonté de changer la manière dont les Moscovites pensent.
Lorsqu’il
évoque son loft, Roman parle de projet éducatif. Il sensibilise les
jeunes à la protection de l’environnement. Chaque jeudi soir, des
experts, des scientifiques et des militants sont invités à l’école
écologique. Roman ne se lasse pas de faire visiter son appartement, ses
sacs en tissu et sa poubelle à canettes. Les ballots de foin dans le
salon font sensation, de même que la douche dans l’entrée et les murs
décorés. Que pense son fils de quatre ans du mode de vie de son père ?
« Il explique à mon ex-femme comment les déchets doivent être triés »
, rigole Roman.
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