Splendeur et tragédie de la garde impériale russe au Musée de l’Armée à Paris (+Diaporama)

Crédits photo : Collection Musée de lʼErmitage

Crédits photo : Collection Musée de lʼErmitage

Fruit d’une coproduction inédite entre le musée de l’Ermitage et le musée de l’Armée, l’exposition «Au service des Tsars» raconte deux siècles de l’histoire de l’Empire russe à travers 150 objets exceptionnels et somptueux.

Au Musée de l’Armée de l'Hôtel des Invalides à Paris, on peut visiter jusqu’au 23 janvier 2011 une exposition baptisée « Au service des tsars », consacrée à la garde impériale russe. L’exposition embrasse 200 ans d’histoire, de la fondation de la garde par Pierre Ier à la chute de la monarchie russe lors de la Révolution de 1917. Les pièces exposées sont proposées par le Musée de l’Ermitage, le Musée de l’Armée de l'Hôtel des Invalides, le Musée du régiment cosaque de la garde impériale situé à Courbevoie, et le Musée de l’armée de Bruxelles.

Crédits photo : Maria Tchobanov


A en juger par le nom de l’exposition, son contenu peut sembler peu attirant pour les personnes étrangères aux affaires militaires, mais cette impression est trompeuse. Malgré le nombre éloquent de scènes de bataille, d’armes, d’uniformes et d’étendards présentés dans les vitrines, cette exposition raconte beaucoup plus que l’histoire de la garde impériale. Elle raconte le destin du peuple russe à travers  l’histoire militaire et la culture européenne, et dépeint des personnalités hors du commun et des monarques russes. On trouvera ici des pièces qui permettent de percevoir le caractère de ces personnalités sous un jour inattendu. C’est une exposition sur l’aristocratie russe, qui a longtemps constitué la base et la cime de la garde impériale. Elle raconte bien sûr la succession des campagnes, victoires, et défaites, et la vie quotidienne des hommes de la garde.

On ressent la présence derrière chacune des pièces présentées de toute une strate d’histoire, glorieuse et tragique. Voici le caftan du régiment Preobrajenski, avec lequel l’empereur russe Pierre Ier s’aventura dans la fournaise de la bataille de Poltava (contre les Suédois en 1709, ndlr), et le tricorne de feutre de ce dernier, meurtri par les balles suédoises. A côté se trouve la robe militaire de Catherine la Grande, une sorte d’uniforme pour femme. Dans la partie racontant le soulèvement des décembristes (en 1825, ndlr), on peut voir l’uniforme du prince Mikhaïl Pavlovitch, dans lequel il commanda l’artillerie sur la Place du sénat. Plus loin, la capote d’Alexandre II, transpercée par les cartouches du terroriste Soloviev, qui perpétra une énième tentative d’attentat contre l’empereur au cours de l’une de ses promenades dans la capitale. La petite galerie des portraits d’officiers russes du début du XIXe siècle donne une idée des types d’officier de la garde russe de cette époque.

Dans la dernière partie de l’exposition, on peut notamment voir une boîte à boules de billard, dans laquelle sont conservés des fragments de la bannière du régiment des grenadiers de la garde. Cette bannière a été emportée par les officiers du régiment lors de l’évacuation de la Crimée à la fin de la Guerre civile (1917-1920, ndlr). La hampe a dû être abandonnée en raison du manque de place sur le bateau. La bannière, véritable relique du régiment, a longtemps voyagé en Europe avec les officiers bannis. Elle finit par être conservée par l’Assemblée des officiers du régiment des grenadiers de la garde royale britannique. Selon le testament établi par le  groupe d’officiers, elle devait être restituée à la Russie après la chute du régime communiste. En 2000, une cérémonie solennelle de remise de la bannière à la partie russe se tint à Londres. Désormais, le précieux objet est conservé à Saint-Pétersbourg, à l’Ermitage. Elle est restée pliée dans sa boîte, car c’est précisément sous cette forme qu’elle constitue une relique.

Cette histoire appartient non seulement à la Russie, mais à toute l’Europe, et en premier lieu à la France. A une époque douloureuse, celle-ci offrit l'asile à des milliers d’émigrants venus de Russie, à des représentants de l’aristocratie militaire, de la bourgeoisie, de l’intelligentsia, et bien sûr, aux officiers de la garde impériale et à leurs descendants.

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