L’avion régional SuperJet 100 en construction. Crèdits photo : RG
Le patriotisme italien n’a pas joué, l’amitié russo italienne non plus. Vendredi, le patron d’Alitalia Rocco Sabelli a déclaré à la surprise générale que sa compagnie optait pour le leasing de 20 avions régionaux Embraer au détriment du SuperJet. Sabelli a expliqué ce choix par le retard accumulé par le projet russe. Le SuperJet n’a encore reçu sa certification européenne après plus de deux ans de tests. « Nous aurions préféré prendre le SuperJet car de nombreuses entreprises italiennes participent à sa création, mais cela ne colle pas pour nous en terme de calendrier », a expliqué le patron d’Alitalia.
C’est donc un contrat estimé à 500 millions de dollars qui passe sous le nez de Soukhoï, mais aussi de son comparse l’italien Finmeccanica, qui a pris une part de 25% dans le projet SuperJet. A Moscou, on avait mis la charrue avant les bœufs. Après avoir fait admirer une maquette du SuperJet à Silvio Berlusconi à Sotchi début décembre, le premier ministre russe Vladimir Poutine avait déclaré à la presse que « l’Italie est prête à acheter une grande quantité de SuperJet. » Non seulement Alitalia a résisté à la pression politique, mais il a aussi snobé le rabais qui lui était accordé. A l’achat, le SuperJet est en effet environ 30% moins cher que son concurrent brésilien.
« La porte du marché européen n’est pas fermée » rassure Elena Sakhnova, analyste chez VTB Capital. « Il reste des acheteurs potentiels en France, étant donné la participation importante de Thalès et surtout de Safran, qui produit le moteur du SuperJet dans une co entreprise avec le russe NPO Saturn ». Air France a en effet manifesté un intérêt pour le SuperJet. Intérêt qui ne s’est toutefois pas encore traduit par des commandes. Les compagnies aériennes sont très souvent confrontées à d’importants délais causés par les constructeurs, et certaines comme Alitalia préfèrent payer plus cher mais être assurées de se faire livrer les appareils dans les temps.
Le SuperJet a pour l’instant engrangé 150 commandes fermes, dont celles d’Aeroflot, qui recevra le premier appareil, et de l’arménien Armavia. C’est le premier avion civil russe entièrement conçu après la fin de l’URSS. Le Kremlin attache une importance stratégique au projet, qui sert de locomotive pour le redémarrage de industrie aéronautique russe. Un deuxième projet, de moyen courrier (le MS-21) voit sa réalisation en grande partie dépendre du sujet de son aîné le SuperJet.
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