Le droit de se défendre

Sommet de l'Organisation du Traité de sécurité collective. Moscou, 2010. Photo : RG

Sommet de l'Organisation du Traité de sécurité collective. Moscou, 2010. Photo : RG

Les pays de l'ODKB tombent d'accord sur les conditions d'usage des forces armées collectives

Les sept anciennes républiques soviétiques membres de l'Organisation du Traité de sécurité collective (ODKB) ont trouvé un accord  sur les normes d'utilisation des forces collectives de réaction rapide (KSOR). Lors du sommet de Moscou, où étaient réunis les dirigeants arménien, biélorusse, kazakh, russe, tadjik et ouzbèke, 34 documents fixant les conditions et la procédure d'utilisation de la KSOR sur le territoire des pays-membres de l'ODKB ont été signés.

Comme l'a déclaré à la veille du sommet le porte-parole de l'ODKB, Vladimir Zaïnetdinov, les normes entérinées par les documents permettront de régler les questions relatives au franchissement de la frontière et au déploiement de la KSOR dans « d'autres Etats, et [elles] organise[ro]nt la présentation des services et de l'approvisionnement éventuellement octroyés à ces forces par la partie où la KSOR sera expédiée afin de mener des opérations sur décision du Conseil de sécurité collective de l'ODKB ».

La nécessité de cette démarche est aparrue l'été dernier, quand le gouvernement provisoire du Kirghizstan a demandé à l'ODKB d'intervenir sur son territoire menacé par la sécession. Dénuée de leviers politiques, l'Organisation n'avait pu répondre à la demande de l'un de ses membres. Cette impuissance avait soulevé une question mettant en doute la solidité institutionnelle de l'ODKB: cette organisation est-elle en mesure de satisfaire sa charte, contenant notamment un point relatif à la défense collective, si l’un de ses membres est victime d'une agression ? 

«A nos yeux, il est évident que les événements kirghizes ont constitué un test de solidité pour l'organisation. Les efforts conjoints ont permis de prendre une série de mesures qui ont contribué à stabiliser la situation. Cela a une nouvelle fois confirmé la nécessité de l'ODKB en tant qu'élément clé de la sécurité collective sur l'espace postsoviétique », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans une interview à RIA Novosti.

Les provinces kirghizes méridionales d'Och et de Djalal-abad ont été en juin le théâtre d'affrontements interethniques sanglants entre les ethnies ouzbèkes et kirghizes ; des violences qualifiées de pogroms y ont fait de nombreuses victimes. Selon les dernières données, les heurts du mois de juin ont fait 2.500 blessés et 400 morts. Des milliers de personnes sont restées sans abri.

Parmi les documents adoptés début décembre figurent des accords définissant le statut de la formation et l'utilisation de la KSOR à l’occasion de différentes opérations. « La formation et les moyens du système de sécurité collective sont définis, ainsi que leur mode de déploiement sur le territoire de la partie hôte, conformément à la demande officielle de cette dernière afin d'assurer le droit à la défense collective en cas de menace et/ou d'attaque armée contre une ou plusieurs parties », stipule le communiqué de presse.

En outre, les forces de l'ODKB s'engagent à contrer d'autres défis et menaces à la sécurité collective, à se prêter main forte dans la liquidation des catastrophes, et à mener des exercices militaires conjoints. Les documents adoptés permettent de tabler sur une efficacité « incomparablement accrue de l'alliance sur le territoire des pays membres de l'ODKB ». Le premier adjoint au chef d'état-major général des Forces armées russes Anatoli Nogovitsyne a indiqué dans un commentaire à RIA Novosti : « L'idéologie du plan de création des forces de maintien de la paix de l'ODKB a obtenu un vecteur de réalisation politique et pratique ». Selon M. Nogovitsyne, au cours de la réunion conjointe, les ministres des Affaires étrangères, les ministres de la Défense et les secrétaires des Conseils de sécurité des Etats-membres de l'ODKB se sont entendus avec le ministre kirghize de la Défense pour que les prochains volets du programme de maintien de la paix se déroulent sur le territoire du Kirghizstan.

Bien que le chemin choisi par l'ODKB répète par bien des aspects celui adopté par l'OTAN, la plupart des experts russes s’accordent pour affirmer que toute comparaison entre les deux organisations serait pour le moins prématurée. Vladimir Zakharov, expert en chef de l'Institut russe des études stratégiques (RISI) et docteur en science militaires, a déclaré dans une interview que les doctrines militaires nationales des pays membres de l'ODKB « non seulement se contredisaient entre elles, mais étaient souvent mises au point avec la participation de spécialistes d'Etats appartement à d'autres blocs militaires et politiques ». L'expert souligne en outre que les dépenses de l'OTAN dans le maintien de l'infrastructure commune du bloc (appareil centrale, secrétariat…) sont estimées à 1,5 milliards de dollars par an, contre environ 5 millions de dollars pour l'ODKB.

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