Crédits photo : www.alrosa.ru
Le géant Alrosa (97% de la production nationale de diamant) a besoin de plusieurs milliards d’euros pour financer sa dette et les investissements nécessaires à sa production.
Le vieillissement des installations minières, une politique opaque et un programme social de grande envergure ont plongé Alrosa dans un goulot financier alors que s’imposent de gros investissements.
Le 7 octobre dernier, les législateurs de la république de Sakha (Iakoutie) en Sibérie orientale, détenteurs d’environ 40% du monopole diamantaire, ont autorisé le géant public russe à s’ouvrir aux investisseurs privés. La société a déjà changé de statut juridique, et prévoit de vendre entre 20-25% de ses actions l’année prochaine, en vue de recueillir les fonds qui lui font défaut.
Globalement, la compagnie minière a du mal à faire face à la demande croissante issue des pays émergents. Or Alrosa a besoin d’investissements urgents pour devancer l’épuisement.
L’extraction et la vente de diamants sont une activité des plus rentables, mais depuis juin, le groupe a accumulé des dettes s’élevant à plus de 2,6 milliards d’euros, et nécessite des financements supplémentaires à hauteur de 1,3 milliards d’euros d’ici à 2012, assurent les spécialistes.
Et le coût des investissements continue de grimper. Alrosa exploite la mine de Mirny, énorme fosse à ciel ouvert située dans les vastes étendues gelées de la République de Sakha. Avec pas moins de 525 mètres de profondeur et 1,25 km de diamètre, la plus grande mine du monde continue de se creuser, risquant de provoquer, à terme, un effondrement des parois. Compte tenu de cette situation, l’industrie minière devra se tourner vers une extraction souterraine pour atteindre le reste des ressources diamantifères.
Selon Andreï Lobazov, de la banque d’investissement Metropol, le coût de l’opération pourrait bien faire exploser le plafond de la dette.
Garant de la ville minière perchée aux abords de la carrière, Alrosa est déjà fortement affaiblie par le poids des coûts sociaux.
En 2008, la crise financière mondiale sévissant jusque dans la Toundra russe, la compagnie a vu sa production réduite de manière drastique. En outre, elle a dû augmenter considérablement sa dette pour maintenir son niveau de main d’œuvre. Ainsi, même lorsque les ventes de diamants étaient proches de zéro, aucun employé n’a été licencié.
« De décembre 2008 à juin 2009, la dette d’Alrosa a augmenté de plus de 1 milliard d’euros » , a déclaré son directeur des relations publiques, Andreï Poliakov. En mai 2009, le gouvernement est venu à la rescousse, en achetant environ 800 millions d’euros de diamants à la compagnie et en les ajoutant aux réserves de l’État. Il n’empêche que c’est désormais d’un financement extérieur qu'a besoin l’entreprise. Or, ouvrir la mine aux investisseurs étrangers est une mesure pouvant s’avérer politiquement impopulaire en Sibérie.
Alrosa n’aura sans doute pas le choix. Sergei Goryianov, expert chez Rough & Polished, estime que la firme sera contrainte de céder ses actifs : « Sa dette est déjà trop élevée, et la société nécessite de plus en plus de crédits. Par exemple, le groupe a besoin d’argent pour explorer et développer de nouveaux gisements de diamants. Si Alrosa ne trouve pas les fonds suffisants, cela aura un impact sur sa production, car les réserves disponibles sont proches de l’épuisement » .
Cette année, Alrosa compte vendre 2,5 milliards d’euros de diamants contre 1,6 milliards en 2009.
De grandes ambitions boursières
Alrosa envisage de recueillir jusqu’à 2,5 milliards de dollars lors d’une première levée de fonds en bourse. Le monopole russe du diamant a confirmé ses intentions dans un entretien accordé par son PDG Fiodor Andreïev au quotidien Kommersant . La part placée pourrait atteindre 20% et le diamantaire n’exclut pas de réaliser l’opération en partie sur le marché londonien. En principe, Moscou doit rester la place financière directrice pour la compagnie russe.
Andreïev se déclare opposé à l’entrée d’un investisseur stratégique au capital du groupe, ce qui signifie que l’État, qui gardera le contrôle, ne veut pas voir émerger un actionnaire capable d’influer sur les décisions stratégiques. Pour cette raison, le PDG caresse l’idée d’un placement ouvert aux petits porteurs russes. Très partagés, les experts évaluent la valeur du groupe entre 5 et 10 milliards de dollars. L’opération devrait se dérouler en 2011 ou 2012.
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