Medvedev a tout à apprendre des erreurs d'Obama

Crédits photo : ITAR-TASS

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Moscou s'inquiète de la revanche des républicains au Congrès et de ce qu’elle pourrait impliquer quant au « redémarrage » des relations russo-américaines. Cette inquiétude ne se cantonne pas à la politique étrangère. La réputation de la politique intérieure de Dmitri Medvedev pourrait être affectée si le redémarrage s'orientait finalement vers le sud.

L'amélioration tangible dans les relations Russie-États-Unis sous l'administration Obama s'est transformée en atout politique pour le président russe, qui, en dehors de cela, ne peut afficher que bien peu de succès politiques. Le partenariat avec son homologue américain a renforcé le désir du chef de l'État russe d'être un véritable président et d'être perçu par l'élite russe comme candidat à un second mandat.

Dmitri Medvedev risque de commettre le péché capital de tout dirigeant russe, tenter de convertir un engouement international en un instrument pour légitimer sa politique intérieure et compenser l'échec des politiques internes.

Medvedev pourrait encore apprendre des erreurs de Barack Obama, en particulier en ce qui concerne le sens des priorités. Le président américain a mal évalué la tolérance des Américains face à un gros gouvernement. Il s'est focalisé sur le long terme, engageant une réforme financière et du système de santé, alors que la population, chancelante en raison de la crise, espérait qu'il pourrait relancer rapidement l'emploi.

Avec le projet Skolkovo et son appel à la modernisation du pays auquel peu de Russes accrochent, on dirait bien que Dmitri Medvedev est en train de suivre la même voie. Il a récemment encore laissé entendre que selon lui, la modernisation politique du pays devait passer avant la modernisation économique pour influencer de façon positive la vie des citoyens ; voilà sans doute une fatale erreur de jugement.

Le style politique est encore une autre leçon. Barack Obama donne l'impression d'être un président distant et égocentrique, incapable de ressentir « la douleur des électeurs ». « M. Obama est perçu comme le leader d'une élite intellectuelle, loin du courant dominant », m'a récemment expliqué une source à Washington.

Dmitri Medvedev semble en outre avoir une certaine prédisposition pour reproduire les pires fautes de style de son homologue américain : un président cérébral, détaché, entouré de conseillers arrogants, armés d'iPads, convaincus que leurs politiques seront bonnes pour les gens, un jour. De plus en plus, Dmitri Medvedev donne l'impression d'être le chef d'une élite libérale intellectuelle, sans lien avec le reste de la société.

Medvedev a de la chance de ne pas avoir à se préoccuper des élections de mi-mandat. Les leçons de Barack Obama pourraient lui être utiles en 2012.

Vladimir Frolov préside le LEFF Group, une société de relations publiques et de relations au gouvernement

Cet article a été initialement dans The Moscow Times

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