Nikolaï Zlobine. Crédits photo : Ria Novosti
Les criminels ont bien remarqué que l’agression d’un journaliste faisait du bruit. Cela ne les a pas empêchés de commettre leurs méfaits : quelque puissante que soit l’émotion du peuple et même du monde entier après l’assassinat d’un journaliste quelque nombreuses que se révèlent les lettres ouvertes aux dirigeants, les pétitions, les manifestations autorisées et non-autorisées, ils ont peu de risques de finir en prison. C’est un constat, malgré toutes les protestations, la plupart des affaires restent non élucidées. C’est pourquoi la réaction immédiate de Dmitri Medvedev à l’agression de Kachine est positive : le président a chargé le procureur général et le ministère de l’Intérieur d’accorder une attention toute particulière à l’enquête.
Sur son compte Twitter, le président a écrit : « Les criminels doivent être retrouvés et punis ». Lors d'une rencontre avec des journalistes de Rossiïskaïa Gazeta, Dmitri Medvedev a réaffirmé sa volonté de tout faire pour arrêter les coupables. « Ils seront retrouvés », a-t-il déclaré. « Je n'ai aucun doute là-dessus. Quelles que soient les forces cachées derrière [cette agression]: de droite, de gauche, centristes. Les complices de cette affaire doivent être reconnus coupables et condamnés ». Il me semble que ces paroles du président sont empreintes d’un certain courage politique. Si les criminels sont effectivement arrêtés, l’opinion publique aura le sentiment d’avoir vu la justice triompher. Elle sera reconnaissante à Medvedev d’avoir tenu ses promesses – on sait à quel point la performance est rare. Qu’est-il advenu des promesses de Boris Eltsine après la mort de Vladislav Listiev ? Incontestablement la prise de position de Medvedev lui confère un image positive à l’intérieur du pays, et améliore la position de la Russie sur la scène internationale.
Les relations d’une société avec ses journalistes reflètent l’état de développement d’un pays. L’affaire Kachine et la réaction qu’elle a engendrée dans la société russe et jusqu’au sommet de l’Etat établissent un diagnostic réaliste de sa situation actuelle. Cette tragédie ne saurait être réduite à une histoire de vengeance individuelle, qui aurait frappé un journaliste en particulier. C’est un véritable événement public : le journaliste est une partie du miroir dans lequel la société russe se regarde. Il faut protéger ce miroir ; sans quoi, nous ne pourrons bientôt plus nous regarder nulle part.
Nikolaï Zlobine est le directeur des programmes russes et asiatiques de l'institut de la sécurité mondiale
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