Mikhaïl Khodorkovski. Crédits photo : Ria-Novosti
Le verdict du second procès de Mikhaïl Khodorkovski, l’ex-patron de Ioukos, et de son associé Platon Lebedev, est attendu pour le 15 décembre. La presse russe s’interroge désormais sur l’attitude du pouvoir, dont l’insistance à cloîtrer les deux hommes paraît de plus en plus absurde
L’homme d’une idée
Tatiana Lysova, Vedomosti
En sept ans derrière les barreaux, Khodorkovski s’est mû d’oligarque classique en homme d’une idée ( la défense du droit) . En tant que tel, il ne se conduit pas de manière rationnelle. Ceux qui ont réussi à s’arracher à la poigne de nos forces de l’ordre donnent deux conseils : évite de te la ramener et n’accuse aucun individu concret d’actions illégales. Depuis sept ans, Khodorkovski enfreint obstinément ces deux commandements, irritant le pouvoir et ceux qu’il a nommés. Bien qu’il soit menacé d’écoper d’une lourde peine, il n’a pas dévié de cette idée.
Absurdité rassurante
Stanislav Minine, Nezavissimaïa gazeta
Khodorkovski et Lebedev ont les témoignages pour eux, la logique et l’opinion publique. Mais ils ont contre eux une distribution définitive des rôles. Notre système est plus confortable avec un Khodorkovski prisonnier qu’en liberté. Leur acquittement brouillerait les cartes. Le pouvoir a-t-il faibli ? Ou la raison est-elle autre ? Tout deviendrait moins clair. Et notre conscience préfère accepter l’absurde plutôt que d’être bousculée. Khodorkovski est devenu un mythe. À l’instant où le juge prononcera « innocent ! », le mythe s’écroulera.
Une punition pour tous
La rédaction gazeta.ru
Khodorkovski et Lebedev ont deux possibilités : mourir en prison ou en sortir, mais dans un pays qui aura changé. Au début de la présidence de Medvedev, l’acquittement de Khodorkovski et de Lebedev aurait signifié que le nouveau maître du Kremlin voulait réellement changer le pays. Aujourd’hui, c’est un autre tableau : tant que le pays n’a pas changé, ils ne seront pas remis en liberté. Le jour du verdict, nous saurons combien de temps le pouvoir s’est octroyé pour espérer un changement qui permettrait à ces personnes d’être libérées.
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