Les 26 et 27 novembre prochains doivent se réunir à Strasbourg les représentants de près de 70 collectivités territoriales russes et françaises pour voir ensemble les voies possibles d'innovation via une coopération directe entre elles. C'est aussi bien du culturel, du scientifique que de l'économique. On parle de coopération décentralisée, même si les États apportent un appui logistique à l'affaire. La rencontre de Strasbourg est la troisième depuis 2008 (novembre 2008 à Moscou sur le tourisme, novembre 2009 à Saint-Pétersbourg sur les services urbains avec plus de 250 participants).
Au moment où les états chargent la barque des collectivités, peut-être une chance
A l'heure où les États se déchargent de plus en plus sur les collectivités territoriales pour assumer les charges de fonctionnement et d'investissement et que ces dernières éprouvent de ce fait les pires difficultés budgétaires, la coopération décentralisée entre régions et/ou villes de différents pays, est peut-être une possibilité d'alimenter la machine économique locale. Condition sine qua non toutefois, que les programmes soient concrets, répondent à des besoins et des capacités des deux collectivités concernées et apportent une satisfaction aux habitants des deux parties.
Dans le cas de la Russie, les expériences de relations décentralisées sont anciennes mais limitées alors que les complémentarités sont évidentes : “nous avons des choses à nous dire”, souligne M. Pierre Pougnaud, conseiller technique de délégation pour l'action extérieure des collectivités territoriales, auprès du ministère des Affaires étrangères français.
Vidéo par Dimitri de Kochko
Sans même compter les coopérations entre laboratoires et instituts de recherches, il y a près de 250 partenariats inter-universitaires franco-russes qui s'ajoutent aux 70 collectivités de toutes tailles ayant des liens avec la Russie. Certains liens remontent aux jumelages à motivation politique de l'époque soviétique avec des villes françaises à municipalités communistes. D'autres sont au contraire des accords post-soviétiques et l'on assiste à un frémissement de nouvelles coopérations qui se mettent en place, relève-t-il. On peut y voir une conséquence de l'année France-Russie, qui a donné lieu à des multitudes d'initiatives locales, auxquelles personne ne s'attendait. Peut-être aussi est-ce une conséquence de la crise et des difficultés financières des collectivités territoriales, notamment des villes et des régions. Enfin, du coté russe, la volonté affirmée de modernisation du président Dmitri Medvedev incite à la recherche de partenariats plus rapides et plus légers, susceptibles de transférer des expériences et des technologies tout en ouvrant de nouveaux débouchés à leurs PME-PMI. Ces dernières sont une des cibles des programmes de coopération décentralisée, reconnait M. Pougnaud, en soulignant que les PME françaises, mal capitalisées et peu enclines au risque, ne se lancent que rarement dans l'aventure de l'exportation et à plus forte raison en Russie, où l'environnement juridique est rendu incertain par la corruption et dont l'image de marque est loin d'être excellente.
De ce point de vue, un accord entre pouvoirs locaux avec une identification des partenaires et un début de coopération plus soft, par exemple dans des domaines culturels, linguistiques ou sportifs via des ONG parfois, peuvent ouvrir la voie à des échanges économiques. Certaines participent à Strasbourg.
C'est comme ça que fonctionne le partenariat exemplaire entre la région Champagne-Ardenne et l'oblast' d'Oral depuis dix ans, et qu'espèrent fonctionner de nouveaux partenariats comme les régions Lorraine et l'oblast' de Tomsk (Sibérie), ou les villes du Kremlin-Bicêtre (près de Paris) et Dmitrov (région de Moscou). Plus thématique et événementiel, les Houches (Hte Savoie) ont une coopération technique avec la station de ski de Krasnaya Poliana, au dessus de Sotchi, en vue des Jeux Olympiques d'hiver. Ces nouveaux dynamismes ne peuvent faire oublier les jumelages en sommeil, hérités du passé mais qui pourraient offrir de réelles opportunités. Strasbourg permettra peut-être de les mettre en évidence.
Les coopérations décentralisées et autres actions extérieures entre la France et la Russie. Cliquez sur l'image pour l’agrandir
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