Moscou reprend pied en Ukraine

Le président ukrainien Viktor Ianoukovytchet son homologue russe Dmitri Medvedev. Crédits photo : Reuters/Vostock-photo

Le président ukrainien Viktor Ianoukovytchet son homologue russe Dmitri Medvedev. Crédits photo : Reuters/Vostock-photo

L’Ukraine du nouveau président Viktor Ianoukovytch insiste sur sa volonté de s’intégrer davantage dans l’Europe, mais dans les faits, c’est surtout la réintégration de l’économie ukrainienne dans l’espace post-soviétique qu’on observe. Après cinq années de relations diplomatiques glaciales entre Kiev et Moscou, le Kremlin a décidé de réactiver plusieurs projets clés dans des segments stratégiques comme l’aéronautique (collaboration entre l’ukrainien Antonov et la holding russe UAC), le nucléaire et le complexe militaro-industriel. Les banques russes Sberbank, VTB, VEB et Alfa prêtent de nouveau aux sociétés ukrainiennes et développent leur réseau de succursales dans le pays. Le secteur pétrolier attend une entrée fracassante de Gazprom Neft, qui négocierait le rachat des stations-service et de parts dans la raffinerie de Krementchoug, appartenant au groupe ukrainien Privat.

Les rencontres au plus haut niveau s’enchaînent et s’accélèrent. Le 4 octobre, Dmitri Medvedev et Viktor Ianoukovytch se sont retrouvés dans le sud de la Russie pour évoquer la construction d’un pont (pour 1,2 milliards d’euros) enjambant le détroit de Kertch entre la Crimée ukrainienne et le Kouban russe. La veille, le président ukrainien participait au forum Yalta European Strategy, l’une des principales instances politico-économiques d’Ukraine, qui n’avait jamais vu autant de hautes personnalités russes : le ministre des Finances Alexeï Koudrine, le très influent Alexandre Volochine, actuellement chargé de faire de Moscou un centre financier international, et le milliardaire Viktor Vekselberg.

Alexeï Koudrine y a observé « un réchauffement général, y compris dans le monde des affaires » et estimé que l’Ukraine n’est « en rien obligée de faire un choix entre la Russie et l’Europe. Elle doit choisir ses partenaires sur des critères économiques. Nous sommes toujours favorables à l’établissement de lien préférentiels avec l’Ukraine ». Viktor Vekselberg, qui possède de nombreux intérêts en Ukraine, a fait la réclame de Skolkovo, la future technopole moscovite dont il supervise le développement. Alexandre Volochine a eu, lui, plus de mal à intéresser les hommes d’affaires ukrainiens à son projet de « Centre financier international » : « nos clients préfèrent placer leurs actions sur les marchés de Londres et de Varsovie, et il me semble peu probable qu’ils se tournent vers Moscou dans un proche avenir », estime Tomas Fiala, patron de la banque d’investissement kiévienne Dragon Capital. Moscou a déjà reconquis les cœurs ukrainiens, mais la conquête des bourses exigera des efforts supplémentaires…

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