Traducteurs de tous les pays, unissez-vous !

Crédits photo : DR

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« Les traducteurs sont les chevaux de poste de l’instruction ». C’est sous cette citation de Pouchkine que les plus grands traducteurs de la littérature russe et mondiale ont défilé pendant deux jours pour répondre à des questions aussi éternelles qu’urgentes : peut-on et doit-on tout traduire en littérature ? Y a-t-il de la poésie intraduisible ? Comment prendre acte de l’évolution d’une langue en échappant aux anachronismes ? Comment traduire des termes dont le concept n’existe pas dans d’autres langues ? Comment 
enseigner l’art subtil de la traduction?

Heureux de se retrouver tous ensemble pour parler du plus difficile et du plus beau des métiers, les traducteurs ont partagé avec humour et tendresse leurs aventures linguistiques. Dawei Tian, qui a traduit Les âmes mortes de Gogol et L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne en chinois, recommande de chercher les solutions aux problèmes aporétiques dans la vie et non dans les dictionnaires. Son collègue Mitsuyoshi Numano confirme, en avouant qu’il s’est cassé la tête pendant vingt ans pour traduire en japonais « Douchetchka », de la pièce éponyme de Tchékhov, et qui signifie en russe « la petite chérie, la douce, la mignonne ». Mais il ne trouvait aucun équivalent dans la langue japonaise jusqu’à ce que le jargon des adolescentes des années 2000 lui fournisse une solution satisfaisante.

À l’issue du congrès, tous les participants ont adopté une résolution proposant la création d’un Institut de la traduction, au service des traducteurs de la littérature étrangère en Russie et de la littérature russe vers les autres langues, en collaboration avec toutes les parties intéressées : auteurs, traducteurs, éditeurs, instituions publiques et fondations privées. C’est un projet qui tient à cœur à Ekaterina Genieva, la directrice de la Bibliothèque de littérature étrangère qui organise le congrès. « Parmi les spécialistes du russe de par le monde, certains ne sont jamais venus en Russie. Cet Institut serait leur asile ici », commente-t-elle. Sophie Benech, qui traduit l’une des grandes dames de la littérature russe contemporaine, Loudmila Oulitskaïa (également présente, venue à la rencontre de ses nombreux interprètes), se réjouit : « C’est ce qui nous manque, à nous les traducteurs du russe : une résidence. Nous avons besoin de dialoguer pour avancer ».



Ekaterina Genieva, directrice de la Bibliothèque de littérature étrangère :


« Une réunion de cent cinquante personnes venues de vingt-cinq pays différents prouve bien que la littérature est traduisible. Même si nous vivons dans un village global, que la communication est instantanée, nos traducteurs sont ravis à l’idée de pouvoir se retrouver tous dans la même pièce. »







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