La Renault Latitude se dévoile au salon de Moscou.Crédits photo : Serguei Kouksin, RG
Une fois n’est pas coutume, la marque au losange a réservé sa principale surprise pour le salon automobile de Moscou et non pour la porte de Versailles. La capitale russe a été préférée pour la première mondiale de la berline Latitude, destinée à remplacer la Laguna et Vel Satis.
La raison est simple, comme les autres constructeurs, le français place de grands espoirs dans le rétablissement rapide du marché russe, que beaucoup voient devenir le principal marché européen d’ici une poignée d’années.
L’autre raison, c’est la volonté de Renault de convaincre les russes qu’il produit des berlines respectables et une moyenne gamme qui n’a rien à envier à Ford, Volkswagen, ou General Motors. Renault souffre en effet d’une
image liée à son modèle le plus vendu : la Logan. Ce modèle bas de gamme représente à lui seul 70% des ventes du constructeur et c’est aussi la 2ème voiture étrangère la plus vendue en Russie (29 692 exemplaires vendus sur le 1er semestre 2010), juste derrière la Ford Focus.
La stratégie de Renault pour s’affirmer dans la moyenne gamme ? Assembler dans son usine moscovite d’Avtoframos deux modèles supplémentaires (Megane et Fluence) l’année prochaine, en plus des Logan et de la Sandero, respectivement assemblées localement depuis 2005 et 2010. Il s’agit à la fois de s’exposer le plus largement possible à la demande russe et de se conformer aux vœux du gouvernement. Ce dernier fait en effet pression sur les constructeurs étrangers pour qu’ils localisent à 80% la production automobile d’ici 2015, et de fortes taxes d’importations sont mises en place à cet effet. Sauf que les constructeurs, dont Renault, se plaignent haut et fort de la grande difficulté qu’il y a à trouver des fournisseurs de qualité en Russie. Tous sans exception peinent à augmenter leur taux de localisation une fois qu’ils ont ouvert des usines d’assemblage localement.
Pour Renault, l’élargissement de la gamme implique un gros effort de production et de recrutement. Christian Estève, vice-président de Renault et directeur pour la Russie a expliqué lors du salon de Moscou que la forte reprise de la demande au printemps a conduit à la formation d’une longue file d’attente pour les modèles Logan et Sandero. Bien qu’Avtoframos ait déjà doublé la capacité de son usine jusqu’à 160 000 véhicules par an en début d’année, il a été nécessaire de procéder à des ajustements. Le rythme de production va revenir au niveau d’avant la crise, puisque Christian Estève a annoncé qu’à partir de septembre, deux équipes travailleront en roulement pour satisfaire la demande sur les quatre modèles.
Le constructeur français est persuadé que la reprise constatée depuis le printemps sur le marché russe est solide. Christian Estève a promis que Renault battra dès cette année son propre record de ventes en Russie. Il n’a pas avancé de chiffre précis, mais le record date de 2008, année où le constructeur a écoulé 108 070.
En parallèle, le constructeur russe
Avtovaz (marque Lada) dans lequel Renault détient 25%, a présenté lors du salon son premier modèle né de l’alliance avec Renault et Nissan. Il s’agit d’un véhicule familial de 7 places conçu sur la plateforme V0 (comme la Logan) et baptisé pour l’instant R-90.
Renault n’est pas le seul constructeur à fonder de grands espoirs sur le pays. Chez Audi comme chez Mitsubishi, on prévoit que trois millions de voitures neuves se vendront sur le marché russe en 2015, contre 1,47 millions en 2009. Le vrai défi pour Renault sera d’éveiller l’attention des russes, qui dans la moyenne gamme n’ont d’yeux que pour
les japonaises et les allemandes.
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