Le président russe Dmitri Medvedev lors du Foruméconomique de Saint-Pétersbourg.Crédits photo : Oleg Prasolov
M. Medvedev a reconnu qu’« Il faut du temps pour changer (l’économie du pays NDLR), mais nous le ferons », a-t-il dit en ne craignant pas d’affirmer que « La Russie doit devenir un pays qui attire des gens du monde entier désireux de réaliser leurs rêves », ce qui pour lui est « réaliste et possible à atteindre ».
Pour réussir cette modernisation, le président a reconnu qu'il fallait résoudre le problème de l’investissement direct et productif, traditionnellement trop faible en Russie, et attirer davantage de capitaux de l'étranger : « il est évident que les investissements directs sont un des principaux facteurs de développement, d'innovation et de modernisation réussie. »
« La Russie a besoin d'un véritable boom des investissements », a-t-il dit presque en exergue de son discours. « Pour cela il faut créer des conditions telles que les investisseurs se sentent bien. On a déjà essayé ça dans le passé, ça n’a sans doute pas toujours été un succès mais aujourd’hui, nous plaçons cet objectif au centre de notre action », a-t-il affirmé avec force.
Et d’annoncer une série de mesures concrètes pour que l’investisseur russe et étranger se sente « en confort » pour reprendre la formule présidentielle.
Le président a d’abord rappelé les mesures juridiques récentes qu’il a fait introduire et les limitations qu’il a imposées aux organes de contrôle et de répression en matière d’enquêtes et de possibilités d’arrestations de personnes pour des délits liés à l’activité économique. Pour tout investisseur russe et étranger initié, c’est là un engagement proclamé contre certains arbitraires bureaucratiques et la corruption des administrations qui sont un véritable obstacle à l’investissement.
Certains y verront aussi une allusion à l’affaire Khodorkovsky, ancien dirigeant de la compagnie pétrolière Yukos, actuellement emprisonné après avoir été condamné pour des détournements d’argent et de la fraude fiscale. Pour enfoncer le clou, le président a reconnu que « ça ne résoudrait pas tous les problèmes » mais il s’est engagé à « proposer » les mesures supplémentaires nécessaires en matière de droit pénal et civil.
Il a aussi dévoilé toute une partie fiscale incitative, notamment pour les hommes d'affaires étrangers :
- La suppression à partir de 2011 des taxes sur les investissements directs réalisés à long terme dans le cadre d’augmentations ou d’ouverture de capital.
- Les possibilités plus larges depuis le 1er janvier dernier d’être dispensé des impôts sur les dividendes.
- La création d’un centre des Innovations à Skolkovo visant à une meilleure coopération entre les agents économiques, notamment le business, l’Etat et les scientifiques.
- Le programme de simplification du régime des visas de travail pour les étrangers hautement qualifiés et les investisseurs. Lors du récent sommet Russie-UE à Rostov sur le Don, la Russie a proposé à l’Union européenne d’étudier la possibilité de supprimer les visas.
- L’affirmation d’une politique de libre concurrence « honnête » dans le pays et dans les échanges internationaux tout en créant des Fonds d’Etat qui pourraient participer comme minoritaires aux investissements stratégiques.
- Le rappel de la disponibilité russe à adhérer à l’OCDE et à l’OMC.
Le président a tenu a souligner que son appel aux investisseurs et les mesures concrètes qu’il annonçait se placent dans un climat macro-économique favorable. Réaffirmant que la Russie est en train de sortir de la crise, qu’elle a subi particulièrement fort en raison précisément de sa dépendance des matières premières et surtout des hydrocarbures. « Notre économie se rétablit », a-t-il dit, annonçant que le pays avait connu sur les cinq premiers mois de 2010 une croissance d'environ 4% du PIB, ce qui sans impressionner les Chinois ne peut manquer de faire pâlir d’envie les habitants et entrepreneurs de l’Union européenne et de la zone euro. M. Medvedev a rappelé à ce propos que l'économie russe ne connaissait pas la crise de la dette qui a touché la zone euro. « Nous n'avons pas de problème avec notre dette souveraine, elle est minimale », a-t-il lancé à l’attention des agences de notations internationales, soulignant que le déficit budgétaire du pays parvenait à se maintenir dans des limites raisonnables.
Cet appel que la hasard du calendrier a placé au 18 juin a résonné comme un credo présidentiel en l’avenir d’une Russie à la pointe des innovations, moderne et productive et non simplement rentière des matières premières de son sous-sol, où il ferait bon vivre dans un climat de prospérité et de sécurité juridique et citoyenne.
La France invitée d’honneur du Forum
La France a été le premier pays à être « invité d'honneur » du Forum
économique de Saint-Pétersbourg (FESP). C’est la première fois depuis
les 14 années qu’existe ce forum. L'une des journées du Forum, qui s’est
tenu du 17 au 19 juin a été plus spécialement consacré aux entreprises
françaises et aux potentialités de la France dans le cadre de la
coopération avec la Russie. En plus du contexte de l’Année croisée
France-Russie, Russie France, cet honneur est accordé aux entrepreneurs
français du fait que « La France accède aux aspirations stratégiques de
la Russie pour coopérer avec des compagnies et des branches entières en
Occident, notamment sur la base d'échange d'actifs », a ainsi expliqué
Mme Evguenia Obitchkina, professeur d'histoire et de politique des pays
d'Europe à l'Institut des relations internationales de Moscou (MGuIMO)
lors d’une rencontre en duplex organisée par la agence russe RIA-Novosti
le 10 juin dernier. Pour marquer cette place particulière de la France
au Forum, le président français Nicolas Sarkozy y était attendu pour le
dernier jour des travaux.
Ecoutez l'extrait audio de l'émission Réflexions en marge par Boris Toumanov sur la radio La Voix de la Russie :
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