Quelle merveilleuse occasion de découvrir l’arrière-pays ! Les forêts immenses, les lacs argentés... L’affaire est réglée : samedi, Jean-Pierre viendra chercher le beau-frère Dima et ses potes, direction la Nature.
La veille, Jean-Pierre prépare son véhicule : pneus, niveau d’huile, il ne s’agit pas de tomber en panne au milieu de nulle part. Après avoir bouclé un sac avec son nécessaire à trekking – bottes de marche, imper, couteau, boussole –, il se couche de bonne heure ; la route sera longue, il faudra conduire longtemps.
À vrai dire, Jean-Pierre n’avait pas tout compris. Le lendemain, les compères font d’abord un arrêt dans un hypermarché. Dima fait l’achat d’une cinquantaine de bières, quelques bouteilles de vodka, trois bons kilos de viande, quinze oignons et un énorme pot de mayonnaise. Sans doute en raison de son russe défaillant, Jean-Pierre n’a pas bien saisi la violente altercation entre Dima et Sacha – chose certaine, il s’agissait de marinade.
Après les emplettes, c’est le départ ! La route sera plus courte que prévu. Après avoir quitté Moscou, Dima indique le chemin : première à droite. À cent mètres des limites de la ville, quelques bicoques fatiguées, dont l’une s’avère être la datcha familiale. Masquant sa déception, Jean-Pierre s’approprie son nouvel environnement. Main droite, un vague étang ; au fond à gauche, la grande tour d’Ostankino, l’antenne géante de Moscou. Un bourdonnement sourd le fait sursauter : c’est l’Airbus qui s’apprête à atterrir non loin de là.
Dima et les autres, eux, n’ont pas chômé. Bières en main, ils s’attaquent aux chachliks, qui en préparant le feu, qui en marinant généreusement la bidoche dans une mayonnaise rendue douteuse par le cagnard. Sans doute en raison de son russe défaillant, Jean-Pierre n’a pas très bien saisi la farouche chamaillerie entre Sacha et Dima – chose certaine, il s’agissait de savoir ce qui, de la bière ou la vodka, alimentait davantage le feu de bois.
La suite est plus floue. Il y a d’abord eu l’apéro, puis le repas de viande grasse, avalée avec force lampées de vodka. Pour tout dire, il ne se souvient que très vaguement du retour, sinon qu’il n’était plus au volant. Le coup de soleil magistral qu’il arbore sur les épaules lui confirme pourtant qu’il n’a pas rêvé. Rien de tel qu’un grand bol d’air pur dans la verte nature pour bien entamer l’été.
François Perreault est expatrié à Moscou depuis quatre ans
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