TitreL’homme qui savait TOUTAuteurIgor SakhnovskiÉditeurGallimard
L’homme qui savait tout, troisième roman d’Igor Sakhnovski, est un livre léger et grave, parfois féroce, souvent drôle, écrit dans un style élégant et alerte qui confirme la réputation de son auteur comme l’un des meilleurs écrivains de sa génération. Finaliste du prestigieux Natsionalny bestseller, l’ouvrage a reçu L’Escargot de bronze pour le meilleur livre de science fiction. Sakhnovski, qui vit à Ekaterinbourg, s’était vu décerner le Prix Décameron russe pour son premier roman Roza (Gallimard 2006).
Le lauréat récuse l’étiquette d’auteur de « science fiction », soulignant qu’il produit dans le texte des documents réels, dont des courriels où figurent les adresses réelles du protagoniste et de l’auteur-narrateur qui se met en scène. Il dit s’inscrire davantage dans le genre documentaire. Nous sommes clairement à la croisée des genres : roman d’amour ou d’espionnage ? Science fiction ou reportage ?
Au départ, une histoire romantique dans une Russie en pleine mutation : Alexandre Platonovitch Bezoukladnikov, le héros, plutôt en fait l’archétype de l’anti-héros, est un humble chercheur « vieux avant l’âge », ni débrouillard, ni battant, qui perçoit son salaire épisodiquement et dont toutes les tentatives d’arrondir les fins de mois sont vouées à l’échec… Il fera partie, c’est sûr, des laissés pour compte de la Russie en marche ! Il est cérébral, fataliste, passif au point de ne rien tenter pour retenir la femme qu’il aime lorsqu’elle cède aux sirènes consuméristes et le quitte pour un riche mafieux. Bezoukladnikov sombre sans révolte dans une sorte de dépression jusqu’au moment où, frappé par la proximité de la mort soudain évidente, il décide froidement de se suicider.
Déclaré mort, Bezoukladnikov est en fait dans un coma profond dont il sort métamorphosé : commotionnée par la décharge électrique qui a manqué lui donner la mort, la structure de son cerveau a été miraculeusement modifiée de sorte que désormais, il peut répondre à toute question dès qu’elle est formulée. Il sait TOUT ! Il est non seulement omniscient : il prévoit aussi l’avenir.
Dès lors, dans un monde globalisé où l’information joue un rôle primordial, l’ex-loser intéresse au plus haut point les chercheurs et les hommes
politiques. Les services secrets de quatre pays sont à ses trousses, se disputant ses talents. Kidnappé par un ex-colonel du KGB, notre héros est emporté dans une série d’aventures d’espionnage, d’Ekaterinbourg aux Canaries en passant par l’Europe et le Maryland.
Bezoukladnikov, le minable, l’homme parfaitement inadapté au monde nouveau traverse les continents, les bars d’hôtels les plus chics, résiste aux pressions des plus puissants. C’est
l’anti-James Bond, sans gadget
sophistiqué, avec seulement son intelligence, sa culture et cette capacité exceptionnelle de tout savoir. Il traverse les épreuves sans fébrilité, avec le même regard fataliste, la même éthique : « Vaincre la vulgarité universelle est en principe impossible, cela va de soi. Éradiquer la sienne ne relève même pas de la vertu mais de l’hygiène élémentaire. Ne pas brouter l’herbe se trouvant à nos pieds, ne pas se précipiter pour avaler tout ce que brassent les égouts à la mode, respecter la distance entre soi et soi-même. Enfin, savoir écouter le silence et sa propre personne.
Tout ce que nous voulons savoir sur notre présent, notre passé et notre avenir se trouve effectivement en nous, littéralement, et ne demande qu’à être entendu.»
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