« C’est une aire où l’art actuel est exprimé au moyen du paysage, explique l’architecte Anton Kotchourkine, livrant ses impressions de sa première visite à Chaumont-sur-Loire. L’idée d’un parc changeant tous les ans m’a enthousiasmé et j’ai décidé de participer coûte que coûte à cette manifestation ».
Le domaine de Chaumont-sur-Loire impressionne : sur des lopins de terre entourés de clôtures végétales, des architectes, des paysagistes et des jardiniers du monde entier présentent leur savoir-faire, matérialisant un concept donné. La 25ème édition a pour thème Jardins du siècle à venir.
Cette année, Anton Kotchourkine y est retourné, non plus en tant que visiteur et esthète, mais comme concepteur du projet russe, « Jardin comestible ». Membre de l’équipe du pavillon de Russie à la Biennale de Venise 2004 et commissaire d’exposition du festival de land-art et d’architecture russe ArchStoyanie, Anton s’est passionné ces dernières années pour l’élargissement de la notion d’architecture des pratiques sociales, en l’étendant aux territoires des villes et des villages.
Pour le projet de Chaumont, il a fait appel à l’expérience d’Anna Andreïeva, architecte paysagiste et spécialiste en aménagement d’espaces verts. Anna a étudié la végétation de la région de Moscou et en est venue à la conclusion que bon nombre de plantes thermophiles pouvaient très bien s’adapter à d’autres zones climatiques, y compris plus froides. C’est avec succès qu’Anna a appliqué son expérience dans le cadre du projet destiné à être présenté en France.
Le « Jardin comestible » évoque la beauté de la nature sauvage avec des touches minimales d’ouvrages d’art. Du point de vue des techniques, c’est le produit de la permaculture associée aux principes du « jardin planétaire » où les herbes folles ne sont pas déracinées et la terre n’est pas labourée, mais simplement recouverte d’une couche de paille.
Six serres en acier fin accueillent la culture de tomates, de concombres, d’aneth et autres végétaux. Autour des serres : des plantes typiques des terres grasses et fertiles de Russie, comme la sauge, la lavatère, le trèfle, l’achillée ou l’aster. Anna Andreïeva a apporté avec elle des graines qui ont déjà levé sur les sols rocheux de France.
« Notre projet s’inspire des datchas russes », explique Anna. Une datcha sera installée sur une parcelle de terre recouverte de ronces et d’une végétation typique de la Russie (molinies, trèfle, millefeuille, sauge), tandis que des « fleurs de datcha » (asters, cosmos) parsèmeront la steppe reconstituée.Pour Anton Kotchourkine, « d’une part, ce projet illustre les traditions russes. Depuis deux cents ans, nos parcs et domaines sont ornés d’arbustes et d’arbres fruitiers. D’autre part, le Jardin comestible crée l’image d’une Russie infinie, un peu débraillée, avec, à l’intérieur, l’intégration de choses qui poussent de manière très dense ».
L’art sonore est aussi présent grâce au spécialiste multimédia Vladislav Sorokine : dans les serres du Jardin comestible, on peut notamment entendre Radio Mayak, l’une des principales stations de Russie.
« L’un des souvenirs les plus agréables de notre enfance, c’est la datcha. Et c’est dans les datchas russes que nous avons puisé notre inspiration, confie Anna Andreïeva. C’est un endroit plurifonctionnel, un endroit où il est possible en même temps de cultiver des fruits et des légumes, de travailler et de se reposer. Je suis certaine que la datcha a encore son mot à dire ! ».
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