De la vraie nourriture et des objectifs réalistes

Crédit : Anna Kharzeeva

Crédit : Anna Kharzeeva

D'après le « Guide soviétique pour une nourriture saine et délicieuse », les Soviétiques devaient prendre quatre repas copieux par jour. Mais où pouvaient-ils bien trouver les ingrédients nécessaires à un repas équilibré ?

Cela fait un mois que je cuisine en me servant du « Guide soviétique pour une nourriture saine et délicieuse », et je connais à présent certains de ses mythes. On voit clairement que la propagande était aussi fortement présente dans les soupes et les ragoûts qu'en art, au travail, ou en politique.

Ce qui m'a le plus étonnée jusqu'ici, c'est la quantité de nourriture qu'un citoyen soviétique était censé acheter et consommer : il commençait par un petit-déjeuner riche en protéines, sous forme de viande grillée ou de poisson, avec des œufs durs, du pain, du fromage, et accompagné de thé, de café ou de lait.

Quelques heures plus tard, il prenait déjà un second petit-déjeuner, composé de flan aux légumes ou de sandwichs. Après une journée de travail, il était temps de passer au « déjeuner », c'est-à-dire le repas principal de la journée : des entrées, de la soupe, et un plat principal avec du kompot aux fruits ou un dessert.

Après tout, on était seulement censé dîner 2 à 3 heures avant de se coucher, avec au menu, du prostokvacha (un produit laitier analogue au babeurre), une omelette, et de la salade.

Le Guide rappelle aussi aux ménagères qu'il faut un régime alimentaire varié : « Il faut alterner les menus. Les ménages se soucient peu de varier leurs menus... une cuisinière connaît 10 à 12 recettes, qu’elle réutilise tout au long de l'année. Et les membres de la famille se lassent de ces repas monotones »

La cuisine russe, et en particulier la cuisine soviétique, ne s'est jamais vraiment distinguée par sa diversité (bien qu'il existe de nombreuses recettes de nos jours), ce qui était surtout dû à la difficulté de trouver les ingrédients, et non à un manque de motivation pour nourrir sainement sa famille. Ce paragraphe revient à dire à une personne sans jambes : « Commencez à courir ! ».

Ma grand-mère a confirmé mes souvenirs d'enfance au sujet d’une « nourriture monotone » : « Il n'y avait rien à manger. On mangeait quasiment toujours la même chose, sans varier les plats. La nourriture n'était pas autant valorisée qu'aujourd'hui. De nos jours, je décide de ce que je veux cuisiner, puis je vais acheter les ingrédients au magasin. À l'époque soviétique, j'allais d'abord du magasin pour essayer de trouver quelque chose à manger, puis je cuisinais ce que j'avais pu acheter. Personne ne se plaignait des repas : on cuisinait et on mangeait ce qu'on trouvait, voilà tout ! »

Elle ajouta : « N’oublie pas que le livre de Staline faisait l'éloge d'une vie soviétique heureuse. Évidemment, certaines recettes étaient réalistes, mais la majeure partie du livre est juste là pour faire de la publicité pour le régime. »

Et quelle publicité ! La diversité des recettes est tout simplement infinie. Le temps a aussi joué en faveur du livre. Maintenant que les ingrédients sont accessibles, le livre peut aisément figurer parmi les meilleurs guides de cuisine que j'ai pu lire.

Certes, il pourrait être plus pratique à utiliser. J'imagine donc que les auteurs se sont dit : « Pourquoi tout détailler, personne ne pourra cuisiner ces recettes, de toute façon ! " Ils auraient pu penser à moi, qui me base sur le livre pour cuisiner, près de soixante ans plus tard...

J'ai réussi à préparer les œufs au plat : une recette simple et rapide, et je dois l'avouer, vraiment délicieuse ! Je n'ai jamais pensé à faire cuire les œufs sur des tomates et du pain noir poêlé, mais j'avais tort. Un petit-déjeuner en guise de dîner semble approprié, si vous mangez du poisson ou de la viande lors de ce repas.

Aux dires de ma grand-mère, le livre est de toute façon irréaliste en grande partie, donc la structure cyclique semble adaptée.

Le mois prochain, je préparerai un autre petit-déjeuner, un déjeuner, un dîner, et j'essaierai même de faire des conserves. Je cuisinerai un menu plus réaliste, en utilisant des recettes plus proches de celles que je connais.

Peut-être même que je ferais du porridge au petit-déjeuner et du poisson pour le dîner. Je suis impatiente de tester la recette de pancakes au potiron que j'ai découverte dans le livre : j'ai du mal à ne pas y penser !

La page 252 du « Guide soviétique pour une nourriture saine et délicieuse » (cliquez sur l'image pour l'agrandir).

Préparation :

1. Pour faire des œufs au plat avec une garniture, faites d'abord revenir à la poêle du pain noir, du lard, des saucisses, du salami, des courgettes, etc.

2. Versez les œufs par-dessus, salez, et laissez cuire pendant 1 à 2 min.

3. Passez le tout au four pendant 3 à 4 min. Une fois que le blanc d'œuf a la couleur du lait, servez dans la poêle, ou dans un plat chauffé.

Si vous n'avez pas de four, il faut mettre un couvercle ou une assiette sur la poêle contenant les œufs.

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