La Russie se prend de passion pour les quêtes urbaines

Les quêtes urbaines dans le style d’Escape game ont fait leur apparition à Moscou fin 2013 et sont immédiatement devenues extraordinairement populaires. Elles s’ouvrent désormais à de nouvelles villes de Russie, ainsi qu’à l’étranger. Des licences du format « Claustrophobia » ont été achetées aux USA, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Autriche, Turquie, Ukraine, Biélorussie, Arménie et au Kazakhstan. Des négociations sont en cours avec d’autres pays.

Crédit : Mikhaïl Sinitsin

Les Escape games sont la tendance à la mode à Moscou. Cela fait maintenant quelques mois que j’entends différentes personnes parler de « Claustrophobia » et d’autres jeux. À un certain moment, j’ai pris la décision d’y jouer moi-même, mais j’ai découvert que ce n’était pas si simple.

Il faut alors former une équipe de quatre personnes et faire la queue, en attendant l’ouverture d’une disponibilité dans la grille d’horaire. Bien qu’il y ait déjà de nombreux jeux de piste à Moscou, en ce qui concerne les week-ends et les soirées, les grilles horaires sont établies plusieurs semaines à l’avance. 

Nous avons rassemblé un groupe de quatre personnes dans le sous-sol d’un bâtiment situé dans le centre de Moscou. Avant le début du jeu, les consignes sont énoncées : « Ne pas endommager les objets se trouvant dans les pièces, ne pas désassembler les prises, ne pas couper les fils. Si vous avez besoin d’un indice, un interphone se trouve sur le mur. Vous avez exactement une heure pour trouver la sortie ».

Ensuite, nous nous sommes retrouvés enfermés dans un local décoré dans le style d’une forteresse médiévale et nous avons fébrilement commencé à résoudre des casse-têtes, à rechercher des symboles secrets, afin de nous rapprocher pas à pas de la solution du mystère suivant : où se trouve donc la clé de la porte d’entrée ?   

 Nouveau format

 « J’ai mis au point ce format l’an dernier. J’ai vérifié et il s’est avéré que des Escape rooms similaires existaient déjà en Hongrie. Je suis allé à Budapest, j’y ai joué et je me suis rendu compte que mon idée était bien plus intéressante. Le 21 décembre 2013 nous avons organisé notre première quête », raconte à RBTH le fondateur et directeur général de « Claustrophobia », Bogdan Kravtsov.

En l’espace de quelques jours, Artemi Lebedev, l’un des designers russes les plus célèbres tenant également un blog populaire lu par des dizaines de milliers de personnes, a rédigé un texte consacré aux premières quêtes : « L’hôpital » et « L’appartement ».

« Un excellent moment de divertissement pour nous quatre, bien qu’il serait également intéressant d’essayer à deux. Il est dommage qu’il n’y ait que deux pièces et qu’il ne soit possible d’y aller qu’une seule fois (une seconde visite ne serait tout simplement pas intéressante). J’aimerais disposer d’un bâtiment entier de cinquante appartements, dans lequel je pourrais chaque semaine essayer de nouvelles quêtes. Cela pourrait constituer le point de départ d’une industrie du divertissement entièrement nouvelle ».

« Claustrophobia » a alors commencé à gagner en popularité. Des blogueurs populaires y ont consacrés des articles, et le bouche à oreille a fait le reste : « Tu n’as pas encore essayé ? Vas-y et tu ne le regretteras pas ! »

Claustrophobia se développe en Russie

À Moscou uniquement, vingt quêtes « Claustrophobia » sont d’ores et déjà disponibles, tandis que le format gagne d’autres villes de Russie : Saint-Pétersbourg, Kazan, Nijni-Novgorod.

« Nous avons un système de franchise, les personnes achètent une licence et nous leur apprenons à créer de nouvelles quêtes, en prenant à notre charge les dépenses publicitaires », affirme M. Kravtsov.

« Contrairement à nos concurrents, nous à « Claustrophobia » nous nous orientons vers une immersion dans la réalité. Ce n’est déjà plus une quête mais un jeu de rôle. Si vous êtes dans un sous-marin, vous devez trouver la sortie avant l’épuisement des réserves d’oxygène. Si vous êtes dans un poste de police, vous devez identifier un gang de criminels ».

« Claustrophobia » a déjà de nombreux concurrents. Selon Bogdan, il en existe près d’une trentaine (et il ne s’agit que des sociétés, il y a donc bien davantage de salles de jeu). Ces dernières surpassent par ailleurs « Claustrophobia » en popularité dans certaines villes. Le projet « Trouver la sortie » est par exemple plus populaire à Kazan.

La scénariste et consultante en matière de réalisation Anna Rouss raconte à RBTH : « Nous avons ouvert la première salle au mois de mai et cela a été dès le départ un engouement fabuleux. Tous les bloggeurs importants de Kazan ont testé la quête « L’homme qui n’a jamais été » et ils en ont tous fait la promotion gratuitement. Il s’agit d’un thriller psychologique : tu suis les traces d’une personne qui n’a jamais existé et à la fin, tu expérimentes une catharsis ».  

Kazan est une ville de près de deux millions d’habitants. Selon Anna, les organisateurs suppriment chaque quête au bout d’une année environ : « Lorsque nous créons une nouvelle salle, nous commençons à réfléchir à un nouveau scénario que nous pourrions mettre en place dans ce même endroit au bout d’une année ».

Dans une ville aussi gigantesque que Moscou en revanche, le flot de joueurs semble intarissable : « Nous ne parvenons pas à créer suffisamment de nouvelles salles pour satisfaire les demandes de nouveaux joueurs », explique M. Kravtsov.  

Un jeu russe qui s’exporte

Les pays étrangers ont à un moment donné commencé à s’intéresser sérieusement à « Claustrophobia ». « En règle générale, il s’agit de personnes ayant visité Moscou, joué à nos jeux et ayant ensuite décidé de créer des quêtes dans leurs pays respectifs, indique M. Kravtsov.

« À l’heure actuelle, soixante-dix quêtes sont en cours de création, dont beaucoup à l’étranger : à Amsterdam, Londres, Berlin, Vienne, New-York, Miami, Istanbul. Nos quêtes vont bientôt voir le jour en Arménie, Ukraine, Biélorussie, au Kazakhstan, ainsi que dans quinze autres villes russes ».

M. Kravtsov reçoit chaque semaine, selon ses dires, près de 500 messages du monde entier contenant des questions au sujet du système de franchise. Les gens ne se contentent plus des divertissements traditionnels, ils sont à la recherche de nouvelles opportunités de loisirs actifs. Il s’agit ici d’une des variantes les plus populaires. 

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