Source : Archives personnelles
RBTH: A quoi ressemblait le parc Gorki il y a trois ans ?
Olga Zakharova : Le parc était un des lieux de débauche et un point de rencontre pour alcooliques où ils buvaient des bières, écoutaient de vieilles chansons soviétiques et mangeaient du schwarma [sandwich à la viande façon doner kebab, ndlr] et rentraient chez eux.
On appelait ça un endroit « relaxant ». Avant il n'y avait aucun point de location, ni aucune activité hormis de la malbouffe et des manèges affreux.
La première fois que je suis allé dans ce parc, j'avais été invitée par des amis à une sorte de fête. Et je me souvenu d'une grosse et monstrueuse grande roue. C'était comme l'entrée des enfers. La seconde fois, je n'ai même pas réalisé que j'étais au parc Gorki : je n'ai pas percuté que c'était dans ce parc que j'étais déjà venue.
L'espace du parc était partiellement abandonné, et Neskuchny Sad (une zone à part du parc) était une forêt triste et sans vie. C'était sale, comme si elle avait été abandonnée. La seule chose à y faire était promener son chien.
Aujourd'hui le parc Gorki est une ville dans la ville. Nous avons notre propre système de transport, des électriciens, des hommes de ménage, des gardiens, des paysagistes et des espaces communs où manger. Si nous devions fermer les portes du parc, nous vivrions très bien ici.
RBTH : Si le parc Gorki était aussi sale et pâtissait d'une aussi mauvaise réputation, comment avez-vous fait changer les mentalités et réussi à attirer des visiteurs?
O.Z. : C'est très difficile de casser les stéréotypes des moscovites, parce que tout le monde ici connaît déjà tout sur tout. Il y a peu de choses que l'on puisse leur faire penser. Quand nous avons fait un sondage pour savoir ce que les gens voulaient voir au parc Gorki, 99% a répondu « Rendez-nous les manèges ! ». Personne n'en avait une vision de lieu public.
RBTH : Le projet de la ville d'améliorer la qualité des espaces publics, en particulier le parc Gorki, a fonctionné. La première année, le nombre de visiteurs a doublé. Aujourd'hui, presque 15 millions de visiteurs par an, soit plus de la population de Moscou toute entière. Quelle a été la première partie de la population à venir ?
O.Z. : Les jeunes et les hipsters ont été les premiers à venir, ils voulaient savoir « Qu'est-ce que le parc Gorki ? ». Ils ont essayé tout ce qui était nouveau et n'ont eu peur de rien. Ils ont compris que c'était un endroit sympa pour se retrouver. La deuxième vague a été celle des parents. Enfin, la génération des anciens a commencé à demander « Où allez-vous? ».
Source : Archives personnelles
RBTH : Dans quelle mesure le parc Gorki est-il typiquement russe ? Et inversement ?
O.Z. : Il est important pour nous d'avoir une opinion internationale. Nous regardons ce qui se fait dans les autres parcs, comment ils marchent, mais nous devons aussi avoir des idées novatrices. Nous aimerions utiliser des expériences internationales – Avignon, Venise et Edimbourg pour le théâtre, par exemple – et impliquer des groupes lors de festivals de musique en extérieur.
Notre management a visité les parcs du monde entier – Millenium, High Line, Central Park – et nous avons pris le meilleur de chacun et nous l'avons adapté au parc Gorki. Aucune agence ne nous propose des idées, nous faisons tout nous-mêmes.
RBTH : En quoi le parc Gorki est-il différent des parcs d'Europe ou d'Amérique ?
O.Z. : Dans les parcs européens il y a de la variété : les gens peuvent s'asseoir et lire près de l'eau ou aller dans des espaces pour être actifs et profiter.
C'est une mentalité différente. En Europe, aller se balader suffit à beaucoup de gens, mais nous avons dit « Ça ne marche pas ici ». Il est absolument nécessaire d'inclure de la nourriture, des boissons, des espaces sportifs et des programmes culturels pour séduire.
RBTH : Avez-vous des partenaires pour le design?
O.Z. : LDA Design, le même groupe qui a fait le parc olympique de Londres, nous a aidé à mettre en œuvre notre concept. Pour eux, c'était une nouvelle expérience car c'était la première fois qu'ils travaillaient en Russie. Ils n'avaient aucune idée de ce qu'un parc russe devait être.
Nous expérimentons toujours avec le design du parc. Les gens comprennent immédiatement ce qui est bien ou ce qui ne l'est pas, et nous basons notre stratégie sur ce sentiment.
RBTH : Et, pour finir, qu'en est-il des glaces ? J'ai entendu dire que vous produisiez et vendiez votre propre marque.
O.Z. : Nos glaces sont les nôtres oui. Elles ont un goût caractéristique et sont fabriquées par une entreprise en dehors de Moscou.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.