Sept gestes folkloriques russes

Pourquoi les Russes déchirent leur chemise au niveau de la poitrine, jettent leur chapeau sur le sol et font le signe de la «figue»? Décryptage de la gestuelle populaire russe.

Se gratter le crâne

L’homme russe se gratte le haut du crâne lorsque quelque chose le déconcerte. La question est de savoir pourquoi. Il est peu probable que cela permette de stimuler la circulation sanguine au niveau du cerveau. L’une des versions indique que ce geste est issu de traditions magiques populaires : nos ancêtres invoquaient de cette manière l’assistance d’un aïeul, le génie de leur lignée.

Denuder sa poitrine en déchirant sa chemise

A l’origine, ce geste était un serment improvisé. Une hypothèse existe selon laquelle ce geste expressif était effectué par nos ancêtres afin de prouver leur appartenance à la foi orthodoxe en montrant la croix sur leur poitrine. Il est bien connu que durant les exécutions capitales et l’administration de châtiments corporels, les bourreaux déchiraient le haut de la chemise du condamné. De la sorte, déchirer de manière volontaire ses vêtements durant une dispute sert à signifier qu’une personne est disposée à aller jusqu’à l’échafaud au nom de la vérité.  

Jeter son chapeau par terre

Ce geste expressif est effectué dans le contexte d’une décision désespérée. Pour les hommes russes, le couvre-chef symbolisait avec la barbe la dignité personnelle, l’intégration au sein de la communauté. Se faire retirer en public son chapeau était considéré comme une humiliation grave, une sorte de sanction civile. Cette procédure était habituellement réservée aux débiteurs. Jeter volontairement son chapeau à terre sert à démontrer qu’une personne est prête à courir les risques les plus fous, dont le prix pourrait être l’exclusion de la communauté en cas d'échec.

Se frapper la poitrine

Selon l’une des versions, ce geste tire son origine des traditions militaires des nomades et aurait été introduit en Russie médiévale par les Mongols. C’est ainsi qu’ils prêtaient allégeance à leur suzerain. Les coups de poings sur la poitrine servant à démontrer sa loyauté.   

« Faire les cornes »

Ce geste est abusivement associé au signe similaire que font les criminels ou bien les fans de heavy metal. En réalité, le « signe des cornes » a déjà plusieurs millénaires et est associé à la protection contre la magie noire et les esprits maléfiques. Les anciennes générations se souviennent sûrement de la chanson pour enfants « Il y a une chèvre avec des cornes… » : Un adulte montre à l’enfant comment la chèvre frappe avec ses cornes, matérialisant les cornes avec son petit doigt et l’index de la main droite. Mais ce n’est pas simplement un jeu. C’est également de cette façon que nos ancêtres conjuraient le mauvais sort sur leurs enfants. Chose intéressante, on peut voir sur certaines icônes orthodoxes le Sauveur et les saints effectuant ce geste.       

Le « koukich »

Ce geste se retrouve dans de nombreuses cultures. Il était utilisé en tant que moyen de défense contre les forces maléfiques. Le « koukich » a probablement été introduit en Russie ancienne par des Allemands de passage qui tentaient par le biais de ce geste vulgaire de séduire les demoiselles russes. Il existe même une version selon laquelle ce geste, également appelé « figue », proviendrait de l’expression allemande « fich-fick machen » (l’ancienne forme d’invitation traditionnelle allemande à un rapport intime). Dans la tradition russe, la symbolique de ce geste s’est transformée et marque désormais un refus catégorique. 

La pichenette sur le cou

Ce geste issu des traditions russes autour de la boisson a commencé à se répandre au XIXe et début du XXe siècle avec l’expression  « s’en envoyer un derrière la cravate » « zalojit za vorotnik ». Cette expression trouve son origine dans le milieu des officiers, un certain colonel Raïevsky « beau parleur et farceur », en serait l’auteur. Selon la légende, ce dernier serait également l’auteur de l’expression « nemnogo podchofe » qui signifie être un peu éméché, pompette. Chose intéressante, ce geste a été adopté par les trafiquants de boissons alcoolisées à l’époque des « lois sèches » (prohibition) introduites dans l’Empire russe par Nicolas II en 1914.

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