Les 7 épisodes les plus dramatiques de l’histoire de la Crimée

Reproduction picturale de la Défense de Sébastopol par Alexandre Deïneka (1942). Crédit : RIA Novosti

Reproduction picturale de la Défense de Sébastopol par Alexandre Deïneka (1942). Crédit : RIA Novosti

RBTH présente une sélection d’histoires qui ont marqué la Crimée sur la carte mondiale, bien avant que les habitants votent pour le rattachement à la Fédération de Russie.

1. Les Scythes et les flèches

La parabole des branchages qu'on pouvait briser aisément un à un mais ça devenait impossible en fagot, est connue dans plusieurs versions. Cependant, si on en croit Plutarque, un Scythe de Crimée l'a racontée en premier à ses fils, bien que cela n'ait pas aidé les Scythes. 

Les Grecs ont occupé la Crimée à partir du VIIème siècle av. J-C. Leur cités de Chersonèse et Kerkinitide ont été pendant des siècles riches et indépendantes. Mais au-delà de la montagne, le pouvoir appartenait aux Scythes. Ils avaient presque pris le pouvoir sur la presqu'île au IIème siècle av. J-C. Quand la monarchie hellénistique des Tauroscythes occupait la place des tribus nomades. Son roi Skilour, s'étant emparé de Kerkinitide et ayant bien compris le principe d'hégémonie, a raconté, sur son lit de mort, la parabole des branchages à ses fils.  

Les frères n'ont pas levé la main sur le successeur, mais les Tauroscythes sont finalement absorbés par le royaume du Bosphore qui est tombé aussitôt sous la domination de l'Empire romain. Les Romains ont à leur tour été remplacés sur la presqu'île par les Goths et les Huns, qui ont été pris dans les griffes des Byzantins. Qui ont failli être expulsés de Tauride par le Khaganat khazar, qui a cédé face à la principauté russe de Tmoutarakan, qui a expulsé les Coumans qui tenaient le pouvoir avant que les Mongols n'arrivent. Le jeu sanglant des trônes a duré en Crimée pendant des millénaires.

2. Peste à exporter

En 1346, à Caffa (Théodosie) un rat est monté sur un bateau. Il a tué plus de gens que l'Holocauste et la bombe de Nagasaki : c'est justement de Crimée que la mort Noire est arrivée en Europe. Elle n'est pas apparue en Crimée : la pandémie de peste bubonique du XIVème siècle a commencé dans les oasis du désert de Gobi et a ravagé au début l'Inde et la Chine. Cependant, les caravanes l'ont ensuite apportée en Occident par la grande Route de la soie : qui à ce moment-là allait jusqu'aux manufactures génoises de la Mer noire. Il est possible qu'elle se soit arrêtée là, n'atteignant pas l'Europe continentale, sans un des plus anciens cas d'application de l'arme biologique : les Mongols, occupés au traditionnel siège de Caffa, jetaient les cadavres de la peste sur la ville avec des catapultes. Après, il y a eu l'affaire d'un unique rat. Les bateaux génois allaient dans les ports de la Méditerranée, et l'épidémie n'allait plus s'arrêter. La leçon précoce sur les coûts de la globalisation a coûté à l'Europe 20-25 millions de vies, le tiers de la population de l'époque.

3. Le mythe de Potemkine

Rattacher la Crimée à la Russie, une occupation habituelle. En effet, au XVIIIème siècle, elle fut celle de Catherine II et de son plus fidèle allié, le prince Potemkine. Ils rattachèrent l’Empire des steppes au Nord de la Mer Noire et maîtrisèrent ainsi les Tatars, qui pendant longtemps persécutaient le Sud de la Russie. Parmi les terres annexées il y eut le Khanat de Crimée. Le prince Potemkine a reçu carte blanche sur le développement de nouveaux territoires, et en 1787, l’impératrice est allée voir comment celui-ci faisait face à l’œuvre.

Le voyage de la Grande Catherine vers la Crimée et son retour furent d’une ampleur sans précédent de luxe, dans le cadre de son cortège voyageaient incognito l’Empereur d’Autriche Joseph II et l’armada des ambassadeurs étrangers,  qui ont été appelés pour voir comment la Russie était gouvernée avec de nouvelles terres. Dans un pamphlet, publié un quart de siècle plus tard, il est écrit que Potemkine aurait fait construire un faux village « prospère » pour jeter de la poudre aux yeux de l’impératrice et aux ambassadeurs étrangers. Mais en fait, aucun village de Potemkine ne fut érigé, cela n’était pas nécessaire de transformer Tauris et Novorossia, d’un désert en une région en plein essor. Le prince illustre est devenu l’une des premières victimes de la propagande noire.

4. L’Attaque de la brigade légère

Le 25 octobre 1854, James Bradnell, le VIIème comte de Cardigan a engagé 600 cavaliers britanniques de choix sur l’assaut de la batterie russe d’artillerie dans la ville de Balaklava. Il a perdu près de la moitié de la brigade légère, des blessés, des tués dans un attentat suicide brillant qu’a chanté Tennyson, Kipling, et Iron Maiden, et le maréchal français Pierre Bosquet diagnostiqué comme suit : « C'est exceptionnel, mais ce n'est pas une guerre. C'est de la folie. » La défaite de la brigade légère est le succès le plus spectaculaire des troupes russes dans la Guerre de Crimée de 1854-1856, l'événement majeur, grâce auquel la Crimée est entrée dans l'histoire mondiale. L’armée russe malgré les miracles de la persévérance, n’a pas pu gagner la guerre contre l’ensemble de l’Europe (la France, l’Angleterre, la Sardaigne et l’Empire Ottoman ont également été soutenu par l’Autriche et la Prusse), de plus les armes obsolètes et la corruption parmi les commandants militaires n'ont pas aidé la cause. Mais sans la défense de Sébastopol et Balaklava les choses auraient pu être bien pires. En outre, grâce à la Guerre de Crimée, le monde de la culture a été enrichi du bonnet de Balaklava et de la blouse du Cardigan (invention du comte de Cardigan lui-même), les britanniques se sont fortement gelés près de Sébastopol.

5. L’Ile de Crimée

Dans le roman du célèbre écrivain, Vassili Aksenov, l’Ile de Crimée, la Crimée est le Taiwan russe ou le Hong-Kong, un refuge pour les forces qui ont perdu la Guerre civile, l'île du capitalisme fructueux sous l'ombre de l'empire socialiste, le modèle alternatif de la Russie (avant l'entrée des troupes soviétiques).

C'était presque possible. La Crimée était le dernier bastion des troupes blanches dans la Guerre civile — le dernier éclat de la vieille Russie pré-soviétique. Pendant de longs mois, les troupes du Baron Wrangel paraient les attaques après l’attaque par l'armée rouge. Toutefois, en novembre 1920, ils ont fait irruption dans la partie rouge de la Crimée à travers la glace et les défenseurs ont été écrasés. Wrangel a eu le temps d'évacuer vers Constantinople 150 mille personnes, les parties restantes et tous ceux qui souhaitaient partir. 20 000 à 120 000 personnes qui n’ont pas voulu partir, ont été abattues au cours de la « Terreur rouge ».

6. Le gaz dans les carrières

L'un des principaux mystères de la Seconde Guerre mondiale reste la question de savoir pourquoi l'Allemagne nazie n’a pas utilisée les armes chimiques. Les allemands ont utilisé des gaz de combat qu'une seule fois, en Crimée.

Wehrmacht a conquis une grande partie de la Crimée à l'automne 1941, mais les combats pour la presqu'île se sont poursuivis jusqu'à l'été prochain. Pour l'assaut de Sébastopol les allemands ont dû utiliser la « Dora », la plus grande arme de la Seconde Guerre mondiale. L’Armée Rouge se retira de la Crimée à l'est, mais pas entièrement. Plus de 10 000 soldats battus sur le front de Crimée, se sont réfugiés dans les 40 km de carrières du village d’Adzhimushkay et ont survécu à un siège de près de six mois. Les allemands ne sont pas parvenus à se frayer un chemin à l’intérieur, en revanche, ils pouvaient démolir les tunnels et boucher les puits, mais lorsque cela s’est avéré n’être pas suffisant, ils ont alors commencé à injecter à l’intérieur des gaz chimiques. Parmi la défense des carrières du village d’Adzhimushkay seulement 48 personnes ont survécues.

7. L’Exil

En 1941, en Crimée, a vécu de l'ordre de 200 000 de Tatars, et en juillet 1944 il n'y en avait plus un seul. Jusqu'en 1989, la grande majorité d'entre eux vivait en Ouzbékistan, cependant 15% de la moitié des Tatars de Crimée ont été tués en chemin ou lorsqu’ils essayaient de s'installer dans les steppes arides, où ils ont été expulsés par la décision de la direction du NKVD soviétique.

La déportation était la punition pour la collaboration. L'ampleur et la nature de la coopération des Tatars avec les nazis sont encore controversées, mais il ne fait aucun doute que bon nombre d'entre eux ont aidé les allemands, des conducteurs travaillant pour les unités de lutte anti-partisanes en s'engageant dans la police et même en entrant dans le groupe tactique de la SS « Crimée ». Les Tatars avaient leurs propres raisons de ne pas aimer le régime soviétique, ils ont perdu leurs troupeaux de bétail, leurs vignes et leurs plantations de tabac. Ainsi qu’une grande partie de l'intelligentsia nationale déportée en 1930, de l'islam, et d'autres religions, les bolcheviks les traitaient avec aucune sympathie. S’il en coûte des vieux griefs une nouvelle guerre, on peut en débattre pendant longtemps, mais en tout cas, les Tatars de Crimée ont payé très cher le choix de ceux qui ont soutenu la guerre « Adolf-Efendi ».

 

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