Un voisin orthodoxe pour la Tour Eiffel

Jean-Michel Wilmotte : « Nous sommes très intéressés par ce que nous appelons « l’architecture des intérieurs urbains ». Crédit : AFP / East News

Jean-Michel Wilmotte : « Nous sommes très intéressés par ce que nous appelons « l’architecture des intérieurs urbains ». Crédit : AFP / East News

Vendredi dernier, le chef de l’administration présidentielle russe Vladimir Kojine a présenté dans la résidence de l’ambassadeur de Russie en France le projet de centre religieux et culturel orthodoxe qui sera érigé dans la ville lumière, quai Branly, à quelques centaines de mètres de la tour Eiffel. Après que le projet architectural a obtenu toutes les autorisations nécessaires auprès des instances françaises, le préfet de Paris et de la région Île-de-France Jean Daubigny a signé fin décembre le permis de construire. Les travaux devraient débuter l’été prochain. La veille de la présentation, Rossiyskaya Gazeta a discuté avec l’auteur du projet, le célèbre architecte français Jean-Michel Wilmotte.

Selon vous, pourquoi vous a-t-on confié ce projet aussi important ?

Jean-Michel Wilmotte : Tout d’abord, notre bureau d’architectes est bien connu en Russie car nous travaillons dans ce pays depuis de nombreuses années. Borina Andrieu, directrice du bureau qui maîtrise très bien le russe, et moi vous rendons souvent visite. Nous avons réalisé l’aménagement du quai de Volgograd et avons participé à la reconstruction de certaines parties de l’usine moscovite « Krasny Oktiabr ». Nous avons aussi contribué à la modernisation de l’Université européenne de Saint-Pétersbourg et à la mise sur pied du stade de Kaliningrad, où se dérouleront certaines rencontres de la Coupe du monde de football 2018. Sans parler de notre collaboration avec mon compatriote Antoine Grumbach et le Russe Sergueï Tkatchenko qui nous a permis de remporter le projet du « Grand Moscou ». C’est une première chose. Deuxièmement, nous travaillons depuis longtemps à Paris, où plusieurs de nos projets font partie du décor. Il s’agit de bâtiments publics, de bureaux de grandes entreprises ou d’immeubles d’habitation. Nous sommes très intéressés par ce que nous appelons « l’architecture des intérieurs urbains ». Nous avons travaillé à l’aspect des Champs-Élysées, par exemple. De toute évidence, l’expérience parisienne a aussi pesé dans la décision.

Aviez-vous beaucoup de collaborateurs ?

Jean-Michel Wilmotte : Un groupe de presque vingt collaborateurs du bureau parisien ont été impliqués dans le projet. Nous réalisions parfaitement l’importance des tâches qui nous attendaient. Puis, il fallait créer un complexe architectural moderne et digne du XXIe siècle, tout en respectant les règles de l’orthodoxie relatives aux lieux de culte et en s’intégrant harmonieusement dans l’environnement urbain. On parle tout de même d’un site remarquable au bord de la Seine, inscrit au patrimoine culturel de l’UNESCO, en face du palais de l’Alma, qui abrite également un monument architectural, et à quelques pas de la Tour Eiffel.

De quels bâtiments le complexe sera-t-il composé ? Et combien seront-ils ?

Jean-Michel Wilmotte : Il y en aura quatre. Le terrain mesure 4 245 m² et appartenait auparavant à l’organisme « Météo-France ». Le complexe sera composé d’une cathédrale avec cinq coupoles, d’un centre de rencontre pour les représentants de la communauté russe et les Français désirant en savoir davantage sur la culture orthodoxe, d’un bâtiment administratif et ecclésiastique, mais aussi, et je tiens à le souligner, d’une école primaire bilingue français et russe qui pourra accueillir jusqu’à 150 enfants. C’est un élément tout-à-fait nouveau du programme qui n’était pas prévu dans un premier temps, lorsque nous avons participé à l’appel d’offres international en 2011. L’ensemble répond totalement aux exigences de la législation française et des normes d’urbanisme.

Quel matériau utiliserez-vous ?

Jean-Michel Wilmotte : C’est la brique de Bourgogne qui est traditionnellement privilégiée à Paris, comme pour la cathédrale Notre-Dame de Paris et le Louvre.

À Paris, on surveille de très près la hauteur des bâtiments. Une église orthodoxe ne dénotera-t-elle pas à cet égard ?

Jean-Michel Wilmotte : Cette question a aussi été réglée. 35 mètres sépareront le point le plus élevé de la cathédrale, à savoir la partie supérieure de la croix orthodoxe, et la base. Tous les autres bâtiments seront plus bas. Leur hauteur de 16,5 mètres correspond au dessin architectural des bâtiments voisins.

Comment la mairie de Paris a-t-elle réagi au projet ?

Jean-Michel Wilmotte : Ils en ont pris connaissance et l’ont soutenu. Les représentants de la municipalité faisaient partie du groupe commun d’experts franco-russe qui participait aux discussions du projet à tous les niveaux de développement. On a même été aidé par des conseillers envoyés à l’initiative du patriarcat de Moscou, tels que l’architecte Oleg Kopylov de Kaliningrad et l’artiste iconographe Alexandre Soldatov, connu en Russie pour ses peintures dans les églises orthodoxes.

 

Et vous vous êtes pour ou contre la construction centre religieux et culturel orthodoxe en plein centre de Paris ? Donnez-nous votre avis en tweetant @larussie #CentreRusse


Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies