Source : Service de presse
Cette année, à la galerie Solyanka, les films d’animation tournaient non-stop sur plusieurs écrans dans des salles organisées par thème et par ambiance. Dans l’obscurité de la galerie, le casque sur la tête, les spectateurs pouvaient rester en tête-à-tête avec l’œuvre de chaque artiste, plonger dans chaque histoire animée. Le festival s’est déroulé sur presque six semaines et a accueilli, chaque jour, quelque 300 visiteurs.
Animation russe : une lutte pour le court-métrage
Le pont de la Trinité à Saint-Pétersbourg devient un écran de cinéma pour une nuit
En effet, l’animation contemporaine est très proche de l’art. Regarder des films d’animation contemporains n’est pas chose simple, c’est loin des loisirs d’enfants ou du divertissement. L’animation est devenue une forme d’expression artistique qui permet aux artistes d’aborder des sujets globaux.
Les visiteurs sont invités à se pencher sur de nombreuses questions : la disparition des espèces animales, l’anorexie, les différentes facettes des relations humaines, le contact des gens avec l’art, etc.
Cette année, le thème central des œuvres exposées était la « Ré-animation », de nombreux artistes l’ont relié au thème de la guerre. Les animateurs se sont, de nouveaux, penchés sur les conflits armés en Indonésie, sur la Seconde Guerre mondiale, sur l’attentant du 11 septembre. Deux de ces films, Il pleut d’Anna Chepilova et Son Indochine de Bruno Collet ont fait partie des trois gagnants.
Dans un mélange d’animation classique et d’animation par ordinateur, l’artiste russe Chepilova a créé un tableau déchirant sur la manière abrupte et inévitable dont la guerre rompt un cours de vie serein. Le français Collet a privilégié l’animation réaliste avec l’utilisation de la rotoscopie (contours des cadres naturels).
Il a raconté l’histoire d’un ancien combattant hanté, même dans l’ambiance paisible d’une fête de famille, par les souvenirs de la guerre, effrayants et envahissants, comme des insectes géants.
Les autres lauréats du festival sont l’Américain Yusong Li pour son clip musical en 2D, Un souhait et Igor Zotov pour une histoire émouvante de l’amitié entre un petit garçon et un canard en plastique, Uti-Uti. Chaque visiteur du festival notait son œuvre préférée dans les livrets dédiés.
Le leader absolu en nombre de votes est l’almanach de l’artiste français Bastien Dubois, Portraits des voyages : 20 illustrations de la vie d’un pays à travers l’histoire d’un de ses habitants. La Russie est représentée par un voyage dans le métro moscovite, le Pakistan par le festival des cerfs-volants abattus par les armes, la Colombie par un plat local à base de fourmis.
« Chaque année apporte des changements, des surprises dans l’animation : dans les thèmes, dans la technique. L’année dernière, le très original stop-motion était à l’honneur, avant c’était des technologies numériques et l’informatique, - explique le fondateur du festival LINOLEUM, le collectionneur Mikhaïl Tsarev. – Aujourd’hui, c’est le triomphe de la technique « live », le dessin sur vidéo, les dessins au crayon. La France, l’Allemagne, l’Estonie, les USA, l’Asie sont très forts. Les films japonais et sud-coréens sont un monde à part, tout à fait fascinant ! Ce n’est pas facile pour la Russie de se mesurer à ces géants. Nous sommes aimés et prisés pour l’ancienne école, mais ces 20 dernières années, nous n’avions rien de nouveau. Nous sommes à la traine, notre animation manque de financements, de formation spécifique. Aussi, c’est un véritable plaisir de voir une artiste russe parmi les trois gagnants désignés par un jury très compétent, c’est une première dans l’histoire du festival ! Rien que pour ça, cela valait le coup de tout organiser. Et bien sûr, pour le public, de plus en plus nombreux chaque année ».
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.