Fin juin, la capitale a accueilli un grand festival : Park Live. Crédit : Vladimir Astapkovitch/RIA Novosti
Depuis quelques temps, les musiciens étrangers de premier plan ne sont pas rares en Russie, bien que le pays soit resté fermé aux influences étrangères et surtout occidentales pendant plusieurs dizaines d’années. Les places de concert se vendent ici comme en Europe : très en avance et très rapidement, bien qu’elles soient considérablement plus chères.
Il n’y a pas si longtemps, les plus grands concerts étaient réservés au public moscovite, dans une moindre mesure aux Saint-Pétersbourgeois et, à quelques rares occasions, aux habitants de la région de la Volga et de la Sibérie. Seuls les musiciens de troisième plan (Nazareth, Uriah Heep) ou les artistes pop-rock très connus des années 80 et aimés de très nombreux fans russes (a-ha, Scorpions, ModernTalking) acceptaient de grandes tournées dans la province russe.
La situation a radicalement changé au cours de ces cinq dernières années. Il y a désormais des festivals loin des capitales et même des grandes villes. Aujourd’hui, ils réunissent des dizaines de milliers de spectateurs et des artistes rock, pop, alternatifs et electro de premier plan.
La capitale
Fin juin, la capitale a accueilli un grand festival : Park Live. Le festival s’est déroulé sur trois jours et emprunte sûrement son nom au collectif britpop Blur (Parklife est le titre de leur album le plus connu), et bien qu’il se soit tenu dans un lieu typiquement soviétique, le Centre panrusse des expositions (construit sous l’ordre de Staline et exposant les principales réalisations de l’économie de l’URSS), il n’avait rien de soviétique. Des monstres du rock russe contemporain comme Zemfira se succédaient aux nouveaux artistes folk comme Anna Pinguina. Mais les groupes étrangers étaient, sans doute, la principale attraction avec, comme vedette principale, les Américains Killers pour qui ce concert au centre des expositions stalinien est le premier en Russie. Les chouchous de la jeunesse russe, le groupe de nu-metal Limp Bizkit ont également joué ici. Ce n’est pas leur première visite en Russie, donc le succès leur était garanti. Malgré une pluie presque tropicale qui s’est abattue sur Moscou, le public extrêmement nombreux était en extase.
À ce propos, le groupe Blur viendra également bientôt en Russie pour la deuxième fois. Dans les années 90, le groupe n’était apprécié que des anglophiles notoires : seul un milieu restreint de jeunes Moscovites, étudiants en lettres principalement, « pigeait » la musique de la première vague de britpop (Suede, Blur, Pulp, etc.). Mais au début des années 2000, la sortie de leur tube Song #2 a propulsé Blur au sommet de la popularité. Puis, après la sortie du side-project de Damon Albarn, Gorillaz, fraîchement reçu en Occident mais adulé au Japon et en Russie, Albarn est devenu ici une figure culte. Compte tenu de l’enthousiasme du public russe, il est étonnant que Blur n’aie joué que deux concerts en Russie au début des années 2000 et que Gorillaz ne soit jamais venu. Le concert tant attendu de Blur aura lieu dans le cadre du festival Picnic organisé par le magazine Afisha le 13 juillet : celui-ci a accueilli les Pet Shop Boys l’année dernière et le groupe de ska britannique Madness auparavant. Le chanteur des Pet Shop Boys Neil Tennant, un russophile notoire, n’a pas tari d’éloges vis-à-vis du Picnic en soulignant son excellente organisation, un public accueillant, un choix représentatif d’artistes étrangers et une excellente météo.
La capitale du Nord
Les 13 et 14 juillet, sur l’île Elaguine à Saint-Pétersbourg, aura lieu la nouvelle édition de Stereoleto : une bouffée de musique fraîche et branchée russe et étrangère. Le festival a été conçu par Ilya Bortniuk, un homme de l’industrie du disque et organisateur de concerts expérimenté, qui pilote le festival depuis des années. Stereoleto est rapidement devenu un événement et une marque car Bortniuk invitait d’abord des jeunes groupes d’electro et de musique alternative, connus par un public très restreint et faisant partie de ses propres goûts musicaux, puis a commencé à viser des gros noms comme Nick Cave. Aussi, musicalement, la capitale du Nord prend de l’avance sur Moscou. Cette année, il n’y aura pas de superstars à Saint-Pétersbourg, mais un DJ canadien d’avant-garde très intéressant (le bébé du label culte Ninja Tune) Kid Koala ainsi que la naguère très populaire chanteuse disco punk La Roux, les Suédois Slagsmålsklubben et de nombreux autres sont annoncés.
La région de la Volga
Le festival au nom univoque Rock-sur-Volga a lieu début juin sur les bords du gigantesque fleuve Volga, à proximité de Samara. Des dizaines de milliers de personnes écoutent du rock, du rock et encore du rock sous le soleil brûlant et à ciel ouvert. En 2009, le festival ne présentait que des rock stars russes, comme le groupe Alissa, issu de l’underground de Leningrad à l’époque. L’année suivante le festival a invité un grand nom étranger, Deep Purple. Ce groupe est aimé en Russie par le Premier Ministre Dmitri Medvedev mais aussi par quatre générations de Russes au bas mot. Lorsque le groupe jouait leur tube Smoke on the Water, le chanteur Ian Gillan a remplacé Water par Volga (la longueur du mot collait bien).
Cette année le groupe Rammstein était la vedette du festival. Ils ont joué leurs tubes et fait brûler leurs feux d’artifice chéris pendant presque une heure et demie. Comme il se doit, le concert du groupe a provoqué un mini-scandale : pour la énième fois, des politiciens tendancieux ont cherché dans l’esthétique kitsch du groupe un clin d’œil au Troisième Reich ou de la pornographie. Cela n’a pas gêné les festivités : le festival a réuni un nombre de spectateurs record, plus de 600 000 personnes. Rammstein est devenu un véritable groupe national en Russie. La formation compte un originaire de Biélorussie et le groupe amuse le public russe avec sa version d’une chanson de propagande soviétique sur les « jeunesses communistes ».
Le Kouban
Un festival au nom étrange pour une oreille russe, Kubana, aura lieu à Anapa (région de Krasnodar) du 1er au 7 août. Le nom est un jeu de mot sur Cuba et le Kouban, la région qui accueille le festival. Cuba et les pays hispanophones sont associés par les amateurs de musique russes avec le flamenco et le tango mais aussi avec le rock gauchiste et anarchiste ainsi qu’avec le hip-hop énervé. La programmation en tient compte : les Russes Leningrad, Basta et Kirpichi, les néopunk américains cultes Antiflag et la légende du punk Marky Ramone, incontournable une fois de plus cette année seront au rendez-vous. Le festival attire des gens de tout le pays et offre une ambiance incroyable : tous sont frères et sœurs. La vie y est sauvage, sans confort, avec tentes et voitures. Cette année les organisateurs annoncent un nouveau lieu à proximité d’Anapa, plus grand et plus confortable. Pour le moment, on peut constater que les concerts passent tout en slam et danse, de trois heures de l’après-midi jusqu’au petit matin. L’ambiance d’amitié et d’amour est très hippie, malgré le hard rock. Les stars internationales cette année sont tellement nombreuses que Kubana est devenu comparable aux festivals européens : les Américains System of a Down, Wu-TangClan, Bloodhound Gang, Misfits, les Anglais The Prodigy, les Allemands GuanoApes et DieArzte, l’ultra-populaire groupe d’euro-danse pop Scooter, le groupe emo Bullet For My Valentine, le projet pop-rock intellectuel suédois The Sounds, et bien d’autres.
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